a écrit :ECOLE EMANCIPEE (Liste Conduite par Pierre Stambul)
Redonner espoir aux luttes !
Le mouvement social vient de subir une série de défaites sur les retraites, la protection sociale, la décentralisation, les privatisations…. Parallèlement, les licenciements - dans le privé comme dans le public - et les délocalisations se multiplient au même rythme que les cadeaux accordés au patronat. Ce pouvoir entend de plus traiter la misère qu'il engendre par la répression ou la charité.
Sans une bataille frontale encore plus forte qu'au printemps 2003, cette offensive libérale va s'amplifier : sont déjà annoncés le service minimum, des CDD ou CDI remplaçant des fonctionnaires, le recours massif à l'apprentissage…
Dans l'éducation, cette rentrée s'est une nouvelle fois accompagnée d'une suppression massive d'emplois (plus de 20 000 enseignantEs, MI-SE, stagiaires, CES, CES, vacataires, contractuelLEs…).
Conséquences : des classes de plus en plus chargées y compris dans les établissements qui avaient conquis des moyens pour alléger les effectifs, des options, des groupes et des séries supprimés, des milliers de précaires au chômage et autant de titulaires de plus en plus mal nomméEs. Chez les TOS, la situation est dramatique : depuis des années, leurs fonctions ont été assurées par des précaires licenciéEs à la fin de leur contrat ; leur disparition met en lumière l’impossibilité pour les établissements scolaires de fonctionner avec si peu de moyens et la situation est maintenant devenue explosive !
Réforme de la troisième, rapport Thélot : une régression sans précédent
Cette politique d'attaques et de régressions menée contre le service public d'éducation prend une autre dimension avec le pré-rapport Thélot qui initie la future loi d'orientation sur l'école. La redéfinition de la classe de 3ème, à laquelle le SNES a malheureusement contribué, préfigurait déjà la teneur de ce rapport qui confirme de nombreux renoncements, de nombreuses dégradations et l'aggravation du tri social à l'école.
La redéfinition des cycles scolaires préconisés par Thélot annonce la fin de l'enseignement en maternelle (le cycle 1 commencerait à l'actuelle grande section), sonne le glas du "collège unique" avec une diversification accrue dès la 5ème par l'entrée en force de l'apprentissage, prévoit de faire du brevet des collèges un examen dont l'obtention deviendrait une obligation pour poursuivre des études. Le lycée verrait la disparition pure et simple de la seconde de détermination. Quant à la voie professionnelle, point de salut sans alternance ("Le principe de l'alternance, c'est-à-dire une présence régulière en entreprise, doit être partout la règle.").
Dans le même temps, Thélot préconise une redéfinition du service des enseignantEs qui liquiderait le statut actuel : 4 à 8 heures de service supplémentaire, bivalence, dissociation du corps avec un statut différent pour les ancienNEs et les futurEs enseignantEs.
Rappelons que ce rapport fait suite au "Grand Débat" auquel le SNES a hélas participé… Pourtant, comme on pouvait le prévoir, ce rapport s'inscrit dans la continuité de la politique éducative libérale de démantèlement de l’école publique et d'attaques contre les statuts des personnels.
Il faut réagir dès maintenant : le SNES doit prendre contact avec les autres syndicats de la FSU, des autres fédérations ou confédérations pour informer les personnels, les inviter à débattre de ce rapport en Assemblée Générale et organiser au plus vite la riposte.
Deux urgences : lutter contre la précarité et obtenir des créations massives de postes
Auxiliaires, contractuelLEs, vacataires, emplois jeunes, assistantEs d’éducation, CES, CEC… temps partiels imposés, CDD… : l’Etat et le patronat font de la précarité la forme d’emploi majoritaire dans de nombreux secteurs. Cette systématisation de l’emploi précaire est orchestrée par le capitalisme financier, relayé par la Commission Européenne, et, en France, par le MEDEF et par les gouvernements libéraux qui sont à son service.
Dans le secteur de syndicalisation du SNES, des milliers de vacataires et de contractueLEs sont au chômage, les Emplois-Jeunes sont licenciéEs…
La baisse des postes aux concours, la non compensation des départs à la retraite ouvrent la porte au recrutement structurel massif de précaires. De plus, le gouvernement a préparé, sous couvert d’harmonisation européenne, un projet de CDI hors statut pour la Fonction Publique et lancé les PACTE pour y rentrer par l'apprentissage…
Les précaires sont réduitEs à chercher des solutions individuelles, subissent des pressions pour accepter n'importe quelle forme d'exploitation. Jusqu'à présent, le SNES ne s'est pas vraiment adressé à eux/elles puisqu'il ne leur propose aucune voix collective pour sortir de la précarité.
Le SNES et tout le mouvement syndical doivent prendre la mesure de l’urgence et engager de façon prioritaire la lutte pour la disparition de la précarité.
Nous ne devons accepter aucun licenciement de précaire : dans le secteur de l’éducation, nous devons être à l'initiative de l'organisation du retour des personnels précaires qui travaillaient auparavant dans nos établissements et exiger le réemploi immédiat et le maintien des salaires de ces personnels, ainsi que leur titularisation. Le Snes doit être partie prenante de la mise en place ou du renforcement de structures unitaires de précaires et de collectifs de lutte intersyndicaux contre la précarité et y défendre la titularisation immédiate et sans conditions de concours ni de nationalité de tous les personnels non titulaires et l'arrêt du recrutement de travailleurEs précaires, seul corpus revendicatif susceptible de mettre définitivement fin à la précarité.
La précarité n'est bien sûr pas le seul problème auquel nous sommes confrontéEs de façon urgente. Nous ne pouvons laisser sans réagir les conditions de travail des personnels et des élèves s'aggraver encore davantage avec la suppression de postes et de classes : ce sont des milliers de postes de titulaires qu'il faut créer, pour les personnels enseignants ou non enseignants. Nous ne pouvons pas non plus laisser nos collègues TOS partir sous la coupe des Régions sans reprendre la lutte pour nous y opposer : pour le SNES comme pour la FSU, il ne peut être question de participer par la négociation à la mise en place de la décentralisation, c'est la réintégration des TOS dans la fonction publique d’Etat qu'il faut obtenir.
Enrayer l'offensive libérale par la lutte !
Il est de la responsabilité du SNES de faire cesser immédiatement le démantèlement de l'école prévu par le rapport Thélot. Pour cela, il doit prendre contact avec l'ensemble des syndicats de personnels de l'éducation, les syndicats de lycéenNEs et d'étudiantES, les organisations de parents d'élèves et les confédérations ouvrières pour aboutir au plus tôt à un grand mouvement de défense de l'école publique avec grève(s) et manifestation(s).
Le SNES appelle également à participer à toutes les initiatives organisées pour lutter contre la précarité, comme le 22 septembre en Région Parisienne.
Dans le même temps, les nombreuses attaques contre tous les services publics nécessitent une riposte d'ensemble. Les travailleurEs de la SNCF, attaquéEs sur le droit de grève – qui est un droit fondamental – ont déjà prévu, dans l'unité intersyndicale, une riposte le 25 novembre : le SNES décide de s'y associer et demande à la FSU de faire de même.
Ces urgences ne suppriment pas la nécessité de reprendre la lutte pour s’opposer à toutes les mesures de régression sociale déjà prises ou à venir (retraites, protection sociale…) qui posent le problème d’en finir avec l’actuelle répartition des richesses et nécessitent une grève générale public-privé : c'est à la rendre possible que nous devons nous atteler sans relâche. Il en va de l’avenir des salariéEs avec ou sans emploi, mais aussi de celui du syndicalisme qui doit dès maintenant envisager son unification pour redonner espoir aux luttes.