Kofi Annan : l'intervention en Irak était "illégal

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Kofi Annan : l'intervention en Irak était "illégale"
LEMONDE.FR | 16.09.04 | 12h36
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Le premier ministre australien, John Howard, a rejeté les critiques exprimées par Kofi Annan. "Cette action était entièrement valide en termes de droit international", a-t-il déclaré.
Dans une interview diffusée par le service mondial de la radio BBC, le secrétaire général de l'ONU, Kofi Annan, a affirmé mercredi 15 septembre que la décision américaine d'envahir l'Irak en 2003 était "illégale" parce qu'elle violait la Charte de l'ONU et a soulevé la question de savoir si l'Irak pouvait organiser des élections en janvier si la violence y persistait.



"Je suis l'un de ceux qui croient qu'il y aurait du y avoir une deuxième résolution du Conseil de sécurité des Nations unies pour donner le feu vert à l'invasion de l'Irak par les Etats-Unis qui a renversé le régime de Saddam Hussein", a déclaré Kofi Annan. Alors qu'on lui demandait s'il jugeait la guerre illégale, il a répondu : "Oui, si vous voulez. J'ai signalé qu'elle n'était pas conforme à la Charte de l'ONU de notre point de vue, qu'elle était illégale de ce point de vue." "J'espère que nous ne verrons pas d'autre opération du type Irak avant longtemps (...) sans l'approbation de l'ONU et un soutien beaucoup plus large de la communauté internationale", a ajouté le secrétaire général des Nations unies.

M. Annan avait tenu des propos analogues le 10 mars 2003 lors d'une conférence de presse à La Haye, peu avant le déclenchement des opérations militaires en Irak. Si les Etats-Unis s'engagent dans une action militaire sans l'aval du Conseil de sécurité, "ce ne serait pas conforme à la Charte", avait-il dit alors.

"Je pense que les Etats-Unis, ainsi que d'autres membres de l'ONU, ont tiré des enseignements" de ces événements, a encore dit Kofi Annan, avant d'ajouter, "qu'en fin de compte, tout le monde a conclu qu'il était préférable de travailler ensemble avec nos alliés au sein de l'ONU afin de résoudre une partie de ces problèmes."

REMISE EN CAUSE DES ÉLECTIONS

Le secrétaire général a en outre estimé qu'il était "improbable", étant donnée l'actuelle vague de violence et de troubles en Irak, que ce pays soit capable d'organiser des élections crédibles en janvier 2005, comme annoncé. Dans un rapport présenté la semaine dernière au Conseil, il notait qu'il serait difficile d'organiser des élections comme prévu en janvier dans le contexte de violence actuel. Les Nations unies ont prodigué des conseils aux autorités irakiennes au sujet du scrutin. Dans son interview à la BBC, Kofi Annan s'est montré direct. "On ne peut pas avoir d'élections crédibles si les conditions de sécurité restent ce qu'elles sont aujourd'hui", a-t-il dit. La décision finale appartient au gouvernement irakien, a-t-il dit, mais "il peut évidemment venir un moment où nous devrons formuler notre appréciation en toute indépendance".

Pour l'heure, seule l'Australie a réagi. Son premier ministre, John Howard, l'un des plus fidèles alliés du président américain George W. Bush lors de l'invasion de l'Irak, a réfuté les déclarations de Kofi Annan. "Le conseil juridique que nous avons eu - et je l'ai présenté à l'époque - était que cette action était entièrement valide en termes de droit international", a déclaré M. Howard. "Il s'agissait d'une opinion juridique obtenue auprès de personnes qualifiées. Il y a eu une série de résolutions du Conseil de sécurité", a-t-il poursuivi.

Avec AFP et Reuters