a écrit :Les lycéens manifestent pour le droit au « bandana »
La loi sur la laïcité toujours mise en cause à Saint-Exupéry
Frédéric Antoine
Le Courrier de Mantes
Publié le 15 septembre 2004
— Manifestation de soutien aux élèves musulmanes devant le lycée Saint-Exupéry.
Quatre élèves musulmanes refuseraient toujours d’ôter leur foulard au lycée Saint-Exupéry. Une manifestation soutenue par le collectif « Une école pour tou-te-s » était organisée vendredi dernier devant les grilles de l’établissement.
Vendredi matin quelque cent cinquante élèves manifestaient devant le lycée Saint-Exupéry pour défendre le droit au port du bandana pour les musulmanes dans l’enceinte de l’établissement. « Nous avons décidé de ce mouvement de solidarité avec quatre de nos camarades parce qu’elles risquent d’être exclues au motif qu’elles refusent de retirer leur bandana », expliquait Pierre élève en terminale L. Le même lycéen quelques minutes plus tôt invitait les élèves à s’asseoir devant les grilles du lycée en signe de mécontentement.
Une initiative empruntée à « Peace and voile »
Reprenant l’initiative annoncée par le collectif de Trappes « Peace and voile », un collectif de lycéennes musulmanes qui, en réponse à la stricte application de la loi sur la laïcité, milite lui aussi pour le port du bandana au lycée de Trappes, les lycéens de Saint-Exupéry ont eu le droit eux aussi à leur distribution de carrés de tissu coloré.
Avec leur couvre-chef en coton proscrit à l’intérieur de l’établissement, ils se sont égosillés pendant une demi-heure, scandant à l’extérieur « Non aux exclusions !».
Une autre manifestation des enseignants en grève pour dénoncer les sureffectifs d’élèves dans certaines filières était prévue le même matin à la même heure. C’est semble-t-il au démarrage de la manifestation, qui rassemblait des grévistes et des élèves, qu’il y a eu confusion entre les deux rassemblements.
« Il y a eu tentative de récupération de la manifestation des grévistes par quelques élèves voilées et quelques lycéens », raconte un enseignant qui participait au cortège. « Nous manifestions pour obtenir des heures d’enseignement supplémentaires et pour rien d’autre. Beaucoup d’élèves ont été très choqués de cette récupération. Une partie de la population lycéenne s’est définitivement braquée, beaucoup d’élèves qui soutenaient les élèves voilées ont compris que la seule solution était de se plier au nouveau règlement ». « Vraisemblablement cette manifestation était téléguidée par le collectif », ajoute aussi l’enseignant.
Le président du conseil local de la FCPE (Fédération des conseils de parents d’élèves), Jean Urbanczyk est lui aussi revenu sur cette matinée : « le collectif “Une école pour tou-te-s” a appris qu’une manifestation était organisée et a voulu s’ associer au mouvement des profs », déclare-t-il. « La FCPE s’attache à montrer aux élèves que derrière cette solidarité ils cautionnent une action politique qui n’est pas celle qu’ils croient. Tous n’ont pas compris que le port du bandana affichait une appartenance religieuse ».
Dans une lettre ouverte adressée au proviseur du lycée Saint-Exupéry, l’association des Libres penseurs des Yvelines estime, elle, que les membres du collectif mantais « Une école pour tou-te-s », « ont mis de l’huile sur le feu en organisant un rassemblement de soutien aux quelques rarissimes récalcitrantes à l’application des règles laïques ».
Dans un communiqué visant lui aussi le collectif mantais, l’Union des familles laïques des Yvelines estime que « ce n’est pas en encourageant de manière démagogique des adolescents à ne pas respecter la loi, et à entrer en conflit avec l’institution scolaire qu’on aide ces jeunes à réussir leurs études, ni l’école publique, ses chefs d’établissements et ses enseignants, à transmettre des savoirs indispensables pour donner une chance aux enfants des classes d’origine modestes ».
Contacté, le collectif « Une école pour tou-te-s» n’a pas souhaité s’exprimer