a écrit :Les droits de la personne au Turkménistan
Question
La situation des droits de la personne au Turkménistan est médiocre et continue de se détériorer. Le 25 novembre 2002, il y a eu une présumée tentative d'assassinat contre le président Saparmurad Niyazov, qui depuis sert de prétexte à de massives violations des droits de la personne. Mentionnons notamment la répression religieuse, les conditions horrifiantes en milieu carcéral, la fermeture d'ONG, le contrôle des médias et l'emprisonnement de nombreux opposants politiques. De plus, la société civile est minée par le contrôle absolu du président Niyazov sur le régime politique et un système d'éducation conçu seulement pour « chanter les louanges » du président.
Contexte
Le Turkménistan affiche l'un des pires bilans dans le monde au chapitre des droits de la personne, et la situation ne cesse d'empirer au lendemain de la tentative d'assassinat du président. Saparmurad Niyazov demeure à la tête du pays, et en décembre 1999, le Parlement turkmène a aboli toute restriction constitutionnelle concernant la durée de son mandat, faisant ainsi de lui le « président à vie ». Tout le pouvoir exécutif réside entre les mains de son cercle immédiat et les appareils législatif et judiciaire se plient à sa volonté. Le président Niyazov s'est en outre donné le titre honorifique de « Turkmenbashi » (père de tous les Turkmènes), et le culte de sa personnalité est fortement encouragé. La prochaine élection présidentielle n'aura pas lieu avant au moins 2020.
Le Comité de la sécurité nationale (MNB) joue un rôle influent dans la vie des citoyens du Turkménistan. Les rencontres avec des étrangers sont examinées sous toutes leurs coutures et entraînent souvent l'emprisonnement. Il est illégal de former une association sans l'autorisation du gouvernement. Tout financement étranger consenti aux ONG doit être coordonné par le ministère de la Justice et le ministère des Affaires étrangères.
Le peu d'opposition populaire structurée qui existe contre Niyazov est réduit au silence par les tribunaux. Quelques anciens représentants de l'État forment un gouvernement en exil, mais leur position est ébranlée depuis la tentative d'assassinat. Les dissidents politiques qui ne se sont pas échappés sont souvent emprisonnés, de même que les membres de leur famille. Toute personnalité qui semble contester le Turkmenbashi est accusée et discréditée sur la place publique. Cela assure un roulement permanent parmi les représentants du gouvernement et centralise davantage la mainmise de Niyazov.
Dans son rapport annuel 2002, Reporters sans frontières affirme que la liberté de presse n'existe pas au Turkménistan. Bien peu a changé depuis la diffusion du rapport. Les publications étrangères sont interdites, les signaux satellites sont bloqués et Internet est assujetti à des restrictions et à des prix élevés fixés par le seul fournisseur de service, c'est-à-dire le gouvernement. Les rédacteurs en chef et les journalistes font l'objet de vérifications soigneuses et sont choisis par les représentants de l'État.
La liberté de culte est gravement entravée par le gouvernement. Le 10 novembre 2003, il a adopté une loi criminalisant les religions non inscrites, assortie d'une peine allant jusqu'à un an de travaux forcés, et imposé de sévères restrictions à la reconnaissance officielle des groupes religieux.
Les minorités russes, arméniennes et ouzbèkes n'ont pas accès à l'éducation dans leur langue respective. Aussi, les médias font état d'une politique gouvernementale favorisant de manière sans cesse plus flagrante l'embauche de citoyens turkmènes. Le Turkménistan s'est retiré d'un accord avec la Russie conférant le privilège de la double citoyenneté. Des populations ont été transférées contre leur gré, des minorités ont été expulsées et des personnes tentant de quitter le pays ont fait l'objet d'extorsions et se sont butées à des obstacles juridiques.
Niyazov a créé un culte de la personnalité, soutenu par le contrat social et le système d'éducation. La population urbaine du Turkménistan doit combler ses besoins fondamentaux à des prix insoutenables (financés par les vastes réserves de combustible fossile du pays) en échange de sa loyauté et de sa révérence. Le système d'éducation est presque entièrement axé sur le Rukhnama, une « bible » écrite par le Turkmenbashi. Ces facteurs minent encore davantage le potentiel d'une société civile efficace.
source 23 mars 2004