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Ariel Sharon craint une "guerre civile", manifestations prévues contre le retrait de Gaza
LEMONDE.FR | 12.09.04 | 12h09
La principale organisation de colons juifs a appelé à une manifestation massive dimanche soir à Jérusalem pour protester contre le plan de retrait unilatéral de la bande de Gaza . Des dizaines de milliers de manifestants sont attendus sur la place Sion à partir de 19 h (18 h à Paris).
Ariel Sharon a accusé la mouvance d'extrême-droite de mener "une campagne d'incitations" à la guerre civile en Israël, dans une déclaration rapportée dimanche 12 septembre par la radio publique.
"Nous sommes témoins d'une très grave campagne d'incitations (...) qui risque de mener à la guerre civile", a déclaré M. Sharon dans des propos tenus au début de la séance hebdomadaire de son cabinet et rapportés par la radio.
"Je demande aux ministres de la défense (Shaoul Mofaz) et de la sécurité intérieure (Guidéon Ezra) de prendre les mesures pour que l'armée ne soit pas mêlée à ce phénomène affreux (...) Cela doit cesser", a ajouté M. Sharon en demandant à ses ministres de se faire entendre.
"Ils (les colons) ne m'effraieront pas. Je ne leur permettrai pas de déchirer le peuple", a-t-il encore déclaré dans des propos rapportés par ses proches et publiés par le quotidien Maariv.
Selon ces mêmes proches, "M. Sharon comprend l'ampleur et la gravité du problème auquel il est confronté, car il s'agit de préliminaires à la rébellion".
Ils ont ainsi fait allusion à la frange ultra nationaliste de l'opinion qui s'oppose à son plan de séparation unilatérale d'avec les Palestiniens. Selon ce plan, les forces israéliennes doivent quitter d'ici septembre 2005 la bande de Gaza après avoir démantelé les 21 colonies de la région et évacué leur 8 000 habitants, ainsi que quatre colonies du nord de la Cisjordanie.
MANIFESTATION DES COLONS
La principale organisation de colons juifs a appelé à une manifestation massive dimanche soir à Jérusalem pour protester contre le plan de retrait unilatéral de la bande de Gaza . Des dizaines de milliers de manifestants sont attendus sur la place Sion à partir de 19 h (18 h à Paris).
Encarts dans les journaux, appels réitérés sur les ondes des différentes chaînes de la radio : YESHA, le Conseil des localités juives de Judée-Samarie (Cisjordanie) et Gaza, principale organisation de colons, attendait dimanche soir des dizaines de milliers de manifestants sur la place Sion, à Jérusalem.
Une prière collective était prévue au Mur Occidental (des Lamentations) en présence des deux grands rabbins d'Israël, suivie d'une retraite aux flambeaux jusqu'à la résidence du premier ministre.
A l'ordre du jour du rassemblement à Jérusalem : la volte-face de Sharon, ancien artisan de la colonisation des territoires occupés, que les colons considèrent comme une trahison "qui divise le peuple".
"Si une guerre civile éclate, l'Histoire retiendra que Sharon en aura été l'instigateur", a ainsi affirmé Eliezer Hisdaï, chef adjoint de YESHA.
Même langage pour le député Zwi Hendel, du parti ultra Union Nationale, qui préconise la tenue d'élections anticipées, ou du moins d'un référendum national sur le plan de retrait "afin d'éviter à l'armée d'être déchirée".
Le Parti national religieux (PNR), émanation politique des colons, doit réunir lundi son comité central sur le plan de retrait, et fait ainsi planer des doutes sur son maintien au sein de la coalition gouvernementale.
Actuellement, M. Sharon dispose d'une assise parlementaire de 59 députés seulement sur un total de 120, précisément à la suite de défections ou limogeages au gouvernement dus à son plan de désengagement.
Dans une pétition, 200 personnalités ultras ont appelé la semaine dernière soldats et policiers à refuser d'évacuer les colons de la bande de Gaza, "car Tsahal (l'armée israélienne) a été créée pour nous défendre contre l'ennemi, et non pour s'en prendre aux juifs et les expulser de leur patrie".
L'extrême droite veut hausser le ton en organisant une série de manifestations spectaculaires dans les semaines à venir. A la mi-octobre, les colons doivent ainsi organiser "une semaine orange" en accrochant un peu partout sur le territoire israélien des banderoles oranges, la couleur du Goush Katif, grand bloc de colonies dans la bande de Gaza.
L'assassinat du premier ministre travailliste Yitzhak Rabin, en novembre 1995, par un extrémiste israélien, avait été précédé d'une virulente campagne menée par l'opposition de droite contre les accords avec les Palestiniens.
Avec AFP