A gauche, ils se lèvent tous pour Lula

Message par faupatronim » 28 Jan 2003, 12:57

A gauche, ils se lèvent tous pour Lula
PS, Verts, PCF... ils tentent de «récupérer» le Président brésilien, en visite à Paris.



Par Christophe FORCARI

mardi 28 janvier 2003




La gauche possède son paradis sur terre. Sous les tropiques, exactement. Le président bré silien Luiz Inacio «Lula» da Silva, élu en octobre, arrive aujourd'hui à Paris où il sera reçu par Jacques Chirac et Jean-Pierre Raffarin. Il rencontrera aussi François Hollande (PS) et Gilles Lemaire (Verts). Lula a donc ses apôtres en France dont chacun écrit une version différente des évangiles selon qu'il soit socialiste, communiste, de gauche radicale. A défaut de profiter d'un «effet Lula» sur le paysage politique français, les partis de gauche tirent des enseignements différents de la victoire présidentielle du leader du Parti des travailleurs (PT). Et proposent leur lecture de son accession au pouvoir. Bref, le parcours du nouveau président brésilien a-t-il valeur d'exemple ?

Antériorité. Le PS tire la couverture à lui, en ne manquant pas de rappeler que, le 11 avril, le candidat Lula assistait au meeting du candidat Jospin à Bordeaux avant le premier tour de la présidentielle française. «Il y a dix ans, Lula est venu en France. Il a été accueilli par Henri Emmanuelli et moi-même», se souvient le «mécanicien» de la gauche plurielle, Jean-Christophe Cambadélis, histoire de revendiquer une certaine antériorité. Dans les cartons, plein de projets. «Si Jospin avait été élu, assure le député de Paris, on imaginait déjà un axe de coopération et de discussion internationale avec Lula pour trouver les moyens de contrer les effets de la mondialisation libérale.» Pour lui, l'élection de l'ancien ouvrier métallo s'inscrit totalement «dans un cadre social-démocrate. Ce n'est pas un antimondialiste typique qui prône la rupture avec le capitalisme». Pas question donc d'en faire une figure de la gauche radicale. «Ceux qui s'imaginent au Brésil que la révolution socialiste est en marche vont se réveiller avec des désillusions pires que celle des Français après 1981», analyse Jean-Christophe Cambadélis.

«Lula ne sert ni de référence ni de modèle au PS qui reste plus collé à une ligne blairiste, rétorque le leader du courant Nouveau Monde, Jean-Luc Mélenchon. Le PS considère que si Lula a gagné, c'est qu'il a mis beaucoup d'eau dans son vin.» Le vert Alain Lipietz voit, lui, dans l'élection de Lula l'aboutissement d'une stratégie d'alliances nouées «entre toutes les composantes de la gauche» de manière équitable, dont il aimerait que la rue de Solférino s'inspire, et l'affirmation d'une ligne «réformatrice radicale», portée par les écologistes français. «Plus qu'un effet Lula, il y a eu un effet Porto Alegre, poursuit-il. Jusque sur la stratégie de Bertrand Delanoë. C'est certainement une des raisons pour laquelle il a décidé de subventionner le Forum social européen qui se tiendra à Paris et à Saint-Denis en septembre.»

Comme au PS, il est hors de question pour le PCF de s'aventurer dans une quelconque comparaison. «Le Brésil n'a rien à voir avec la France, et les conditions historiques et économiques ne présentent aucune similitude. C'est le premier gouvernement de gauche au Brésil, porté au pouvoir de manière démocratique dans un pays qui a connu des années de dictature militaire», coupe-t-on place du Colonel-Fabien.

Illusion. Tous s'accordent, en revanche, sur un point. L'expérience Lula, qui a nommé des ministres issus de l'extrême gauche dans son gouvernement, concerne plutôt la Ligue communiste révolutionnaire. Cambadélis fustige ainsi l'in capacité des responsables de la LCR à assumer des responsabilités à tous les échelons du pouvoir. Au con traire, le mouvement d'Alain Krivine considère que si le parti de Lula a pu accéder aux plus hautes fonctions, c'est parce qu'il n'a «jamais rompu le lien avec le mouvement social», en particulier celui des «paysans sans terre». «Le PS montre tous les jours les signes de son impuissance à renouer avec les couches populaires, assène Christian Picquet, membre de la direction de la LCR. Il peut adopter une posture tactique pour montrer qu'il surfe sur cette vague, mais l'illusion est totale.»

Avec Lula au pouvoir, la gauche attend donc un peu de voir de quel côté va pencher la balance. Soit il tente de mettre en oeuvre son programme, et la gauche radicale française claironnera qu'un «autre monde est possible», soit il se plie à la loi du plus fort, et les socialistes pourront toujours dire : «On vous l'avait bien dit !».
faupatronim
 
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Message par Screw » 28 Jan 2003, 13:55

C'est sûr que les éditorialistes bourgeois vont pouvoir s'amuser.
Screw
 
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