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a écrit :Michael Moore ridiculise le candidat de Bush à la CIA
LE MONDE | 12.08.04 | 13h30

Porter Goss, le candidat choisi par George Bush pour succéder à George Tenet à la direction de la CIA, s'attendait à affronter une épreuve difficile - une série d'auditions devant le Sénat, probablement début septembre - avant de pouvoir prendre ses nouvelles fonctions. Il n'avait sans doute pas prévu, en revanche, le bizutage que vient de lui infliger le réalisateur Michael Moore. Au lendemain de l'annonce de sa nomination, le lauréat de la Palme d'or du Festival de Cannes pour son documentaire Fahrenheit 9/11 a diffusé des extraits d'un entretien, recueilli le 3 mars par l'une de ses équipes, avec M. Goss, alors président (républicain) de la commission du renseignement de la Chambre des représentants.

"Je ne pourrais pas entrer à la CIA aujourd'hui. Je ne suis pas assez qualifié pour cela", y affirme le prochain espion en chef, qui a appartenu, de 1962 à 1971, au service des opérations clandestines de l'Agence. "Je n'ai pas les connaissances nécessaires en langues étrangères, explique-t-il. Enfin, je parle des langues romanes - M. Goss parle le français et l'espagnol -. On recherche des arabisants aujourd'hui. Je n'ai probablement pas les connaissances culturelles suffisantes." Dans les extraits diffusés, M. Goss, 65 ans, insiste : "Et je n'ai certainement pas les compétences techniques, comme mes enfants me le rappellent tous les jours : "Papa, il va falloir que tu fasses des progrès avec ton ordinateur"", ajoute l'ancien agent.

Michael Moore a précisé que cet entretien avait été recueilli par l'un de ses collaborateurs et que l'intéressé y avait répondu sans savoir précisément à qui il avait à faire. "On pourrait imaginer que le responsable des questions de renseignement à la Chambre serait un petit peu plus curieux avant de parler devant une caméra", a commenté le cinéaste.

La Maison Blanche a qualifié cette affaire de "ridicule", ajoutant que "personne ne met vraiment en cause - les - compétences" de M. Goss. C'est, en effet, d'abord le profil très politique du député que critiquent certains démocrates, alors que l'un des reproches adressés à la CIA est d'avoir politisé ses informations, notamment sur la question des armes de destruction massive. A ce sujet, après le New York Times, le Washington Post publie, jeudi 12 août, une étude critique sur la manière dont il a rendu compte de cette question-clé avant la guerre d'Irak.

Cécile Chambraud
• ARTICLE PARU DANS L'EDITION DU 13.08.04

a écrit :
L’homme du jour
Porter Goss

Ce parlementaire républicain de soixante-cinq ans a été choisi hier par George Bush pour reprendre les commandes de la CIA. Cette nomination s’est faite dans un contexte de crise, après la démission de George Tenet en juin. Elle a été bien accueillie dans le camp républicain, mais les détracteurs de Porter Goss lui reprochent d’être trop lié à la CIA pour avoir un jugement objectif. Il a en effet débuté sa carrière dans les services de renseignement de l’armée, avant de devenir un agent secret de la CIA dans les années soixante. Pour certains démocrates, Porter Goss est également trop politique et partisan. Élu de la Floride depuis 1988, il est depuis huit ans président de la commission du renseignement de la chambre basse. À ce titre, il a coprésidé l’enquête parlementaire sur les attentats du 11 septembre 2001 dont le rapport, rendu public le 23 juin dernier, a fait peser la responsabilité des manquements de l’administration sur la CIA, exonérant le gouvernement. En réaction, George Bush avait souligné la nécessité de nommer un nouveau directeur ayant pour mission de réformer l’agence en profondeur. C’est un fidèle qu’il a nommé à ce poste. Goss avait été choisi pour critiquer un discours de John Kerry sur la sécurité nationale. Le 2 juin dernier, il avait qualifié les vues de Kerry " d’irréalistes et dangereusement naïves ". Les démocrates dénoncent aussi cette nomination d’un membre du Congrès à un poste censé être non partisan. Jusque-là, George Bush père avait été le seul parlementaire à occuper ce poste.

Samantha Gaudfrin

Article paru dans l'édition du 12 août 2004.