Quand toutes les précarités s’additionnent

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Sous-traitance
Quand toutes les précarités s’additionnent
Dans une étude consacrée aux " conditions d’emploi et de travail des femmes de chambre ", la sociologue Isabelle Puech, chercheuse au CNRS, évoque le " cumul des précarités " que connaissent les femmes employées à temps partiel par une société sous-traitante dans le secteur du nettoyage. Le travail à temps partiel constitue en effet un " marqueur des inégalités entre les sexes, tant dans la sphère du travail que dans celle de la famille ". Le phénomène de ségrégation entre les emplois détenus par les hommes, qui sont plutôt employés par les donneurs d’ordres, et ceux détenus par les femmes, embauchées dans la sous-traitance, est évident. Le recours au temps partiel, qui s’est développé dans des secteurs économiques fortement féminisés et sous-qualifiés, amplifie donc le phénomène de " dérégularisation " du travail. " Temps partiel et sous-traitance poursuivent en effet un même but : la flexibilité, l’adaptation au plus près du marché via la rationalisation du travail et la compression des coûts de production. " Ainsi, les inégalités entre les salariés à temps complet et ceux à temps partiel, qui sont déjà intrinsèquement importantes, s’aggravent encore avec le phénomène de la sous-traitance.

Les " salariés de la propreté " connaissent des conditions de travail souvent dégradantes. Le tout avec un rythme de travail particulièrement élevé et donc éprouvant : " 60 % déclarent devoir se dépêcher toujours ou souvent pendant leur travail, 87 % d’entre eux doivent rester longtemps debout, 52 % dans une posture fatigante à la longue. " D’où le recours à une main-d’oeuvre " malléable " et fragilisée, essentiellement d’origine étrangère, acceptant des niveaux de rémunération très bas. Parmi ces travailleurs, on note ainsi une surreprésentation de familles monoparentales ou nombreuses.

Comme le précise Isabelle Puech, " le secteur du nettoyage est marqué par une division sexuée à la fois du temps, de l’espace et des tâches. Les femmes, quatre fois plus nombreuses que les hommes à travailler à temps partiel (.), sont reléguées dans les espaces privés et cachés, alors que les lieux extérieurs (jardins.) constituent le domaine des hommes. Le recours aux machines automatisées est fréquent pour les hommes, alors que les tâches les plus répétitives sont effectuées par des femmes. Le travail des femmes dans le secteur du nettoyage s’insère donc dans le prolongement de leur activité domestique ".

G. F.