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Canicule : les hôpitaux toujours inquiets
Le ministre de la Santé s'est rendu, hier, dans les hôpitaux parisiens pour vérifier leur capacité à mobiliser des moyens suffisants en cas de nouvelle canicule. Sur place, la démonstration n'est toujours pas probante.
Les hôpitaux sont-ils parés à faire face à une nouvelle canicule ? Rien n'est moins sûr en Ile-de-France, à en juger par les doutes qui tenaillent encore patrons de services et équipes soignantes, visités au pas de charge, hier, par un ministre de la Santé pressé d'évaluer, de visu, l'état d'avancement de son plan de prévention. C'est le cas de Patrick Pelloux, président de l'Association des médecins urgentistes hospitaliers de France (Amuhf), qui exerce à l'hôpital Saint-Antoine à Paris (XII e ). Si l'urgentiste le plus célèbre de France reconnaît que « des leçons considérables ont été tirées de la canicule de l'été passé, le hic, c'est la capacité à mobiliser des lits supplémentaires en cas de brusque hausse des températures, particulièrement dans les hôpitaux parisiens ».
« On manque d'infirmières au niveau national »
Cet été, sur les 700 lits de Saint-Antoine, un tiers sont fermés ; une trentaine peuvent être rouverts en cas de catastrophe. Même tendance dans les autres établissements, à l'exception de l'hôpital gériatrique Broca où aucun des 348 lits n'a été fermé. Mais un tiers des 879 lits de Cochin seront fermés en août : « On manque d'infirmières au niveau national », veut rappeler Christine Ginsburg, médecin responsable des urgences à Cochin. Sur les 2 000 lits de la Salpêtrière, 400 sont fermés - c'est mieux que l'été dernier avec 100 lits préservés - et une centaine peuvent être rouverts en urgence. Est-ce assez ? « Au total, nous ne disposons que de 30 lits supplémentaires par rapport à l'été passé et ils sont déjà en saturation, comptabilise Patrick Pelloux, on ne peut plus continuer cette politique hospitalière qui consiste à mettre entre parenthèses les trois mois d'été. » Pour affronter une canicule ou toute autre catastrophe d'ampleur comparable à celle de l'été dernier, tous les hôpitaux ont prévu de déprogrammer les interventions ne présentant pas de caractère d'urgence. Quant aux effectifs, une liste d'infirmières et d'aides-soignantes prêtes à revenir de vacances a été constituée dans les hôpitaux, de l'ordre d'une trentaine dans un établissement de la taille de Saint-Antoine. Du 1 e r juin au 30 septembre, « en cas de catastrophe sanitaire », les personnels volontaires des hôpitaux franciliens (les médecins ne sont pas concernés) sont aussi autorisés à effectuer des heures supplémentaires au-delà du plafond réglementaire de quinze heures par mois.
« La situation reste très tendue aux urgences »
Pas de quoi rassurer totalement : « La situation reste très tendue aux urgences », confie Sylvie Degain, cadre infirmier à Saint-Antoine. « Le problème, c'est la gestion des effectifs. On négocie au quotidien. Certains sont déjà obligés d'annuler leurs jours de RTT (réduction du temps de travail), d'autres décalent leur période de repos. Or, ce mois de juillet a été plutôt calme... Alors je ne sais pas ce qui se passera si la canicule se reproduit ». L'infirmière n'en a pas encore pas fini d'évoquer « le véritable cauchemar » d'août dernier lorsqu'« il faisait 45 degrés dans les locaux et que les urgences ressemblaient à une morgue vivante ».
Philippe Baverel
Le Parisien , lundi 26 juillet 2004
(Source : http://www.leparisien.fr/home/info/vivremi...cleid=241091839)