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Message Publié : 03 Juil 2004, 11:09
par Valiere
Lu dans Respublica

EXTREME DROITE ISLAMISTE
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Qui est Thomas Milcent ?
La face peu cachée de "Docteur Abdallah"
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Converti à l'islam en 1980, le médecin strasbourgeois Thomas Milcent
est devenu le héros d'une jeunesse musulmane en mal d'idolâtrie. Son
créneau n'est pas le labyrinthe de l'exégèse ou l'impasse de
l'humanisme dans l'islam, encore moins la modernisation de
l'enseignement de Mahomet ou la suppression des mutilations
sexuelles. Non, son credo, sa passion, c'est le textile : défendre
coûte que coûte le port du voile islamique à l'école. On a les
combats qu'on peut. Et sa dernière trouvaille est l'appel à la grève
des élèves pour refuser le renvoi de l'école de quelques jeunes
filles voilées à la rentrée 2004 - 2005 (Le Monde 25 juin 2004).

Thomas Milcent, né en 1958, est titulaire d'une thèse soutenue en
1992 à Strasbourg, L'OMS : l'aide humanitaire et l'Afghanistan, et
placée sous une dédicace insolite : "À Dieu, Créateur de l'Univers,
Maître du Jour du Jugement. C'est de Toi que nous venons et c'est
vers Toi que nous reviendrons." Mais la thèse traite plus de
géopolitique que de médecine et c'est au cours d'un de ses voyages
humanitaires en Afghanistan qu'il se convertit à l'islam. Il a
raconté cette rencontre mystique lors de son audition par la
Commission Debré le 1er juillet 2003.
Quelques compléments indiquant une autre orientation pour ces
voyages "humanitaires" sont utilement apportés par un article de
Cédric Simon du Centre universitaire d'enseignement du journalisme à
l'Université Robert Schuman à Strasbourg. Au cours de ses convois de
médicaments, Milcent fait la rencontre d'islamistes dont il ne
jugera pas utile de se distancier : "Sur leur chemin, ils [Milcent
et ses amis étudiants engagés dans l'action humanitaire au sein de
l'association Action Internationale Médicale Efficiente] croisent
les médecins de l'Aide médicale internationale (AMI).
Les objectifs sont les mêmes, les méthodes divergent. « Ils nous ont
reproché de travailler avec des islamistes alors qu'eux
travaillaient avec la résistance royaliste, se souvient Thomas
Milcent. Notre principal souci était l'efficacité et les combattants
du Hezb-i-Islami de Gulbuddin Hekmatyar nous semblaient les plus
efficaces pour acheminer les médicaments vers les lignes de front. »
Des islamistes qui s'engagent alors à ne faire aucune discrimination
pour les soins. Année après année, les moyens de l'Aime augmentent.
L'association obtient un financement de l'Organisation mondiale de la
santé (OMS) et compte bientôt une soixantaine d'étudiants qui ne
sont plus exclusivement strasbourgeois. Mais l'aventure va prendre
fin avec le retrait des troupes soviétiques en 1989 qui marque le
début de la guerre civile. « Les Afghans commençaient à se battre
entre eux et pour nous ça devenait compliqué... Et puis il fallait
qu'on pense à notre diplôme. »" L'islam afghan d'Hekmatyar comme
source d'inspiration pour le médecin converti, voilà qui devrait
rassurer ses disciples actuelles sur la pureté de son islamité. Dans
sa thèse, Milcent présente Hekmatyar sous des traits étonnants :
le chef du Hezb-e-Islami apparaît comme un démocrate (pages 62 et
153) alors qu'il refuse que l'ONU agisse en observateur du processus
électoral (page 63). L'auteur marque une neutralité bienveillante,
sinon une déférence, constante à l'égard du chef islamiste, dont il
évoque aussi sa pratique de la guerre sainte (page 36). Et la
collaboration entre l'AIME et les troupes d'Hekmatyar réjouit
naturellement Docteur Abdallah (page 142) : "L'acheminement [de
l'aide médicale] du Pakistan en Afghanistan est assuré gratuitement
par la logistique militaire du Hezb Islami de Monsieur Hekmatyar." Le
tableau plein d'espérance que dresse, en 1992, Milcent de
l'Afghanistan (page 153) révèle une dramatique incapacité à prévoir
le chaos qui va s'installer dans les années suivantes : celui qui se
voudrait analyste politique cède ici la place au croyant aveuglé par
sa foi. Milcent admet d'ailleurs qu'il connaît personnellement "les
dirigeants de premier plan de la Résistance" (page 154).

Gulbuddin Hekmatyar est l'un d'eux et s'est illustré dans le combat
contre l'Union Soviétique, soutenu alors par les États Unis
d'Amérique du fait de ses liens étroits avec le Pakistan du général
Zia ul-Haq. Hekmatyar souhaite l'instauration d'une République
islamique et, pendant la guerre civile qui suit le départ des
soviétiques (1992 - 1996), obtient le poste de Premier ministre avec
Burhanuddin Rabbani comme Président. Mais le fou d'Allah, financé par
le trafic de drogue, montre surtout que son "efficacité" tant louée
par Milcent ne se limite pas au transport de pharmacie mais s'étend
aussi à l'artillerie : afin d'assiéger Massoud, ministre de la
Défense et son ennemi juré depuis l'époque soviétique, il ordonne le
bombardement de Kaboul en 1994 et laissera la capitale en ruines.
L'efficacité fut telle (25 000 morts sous les bombes d'Hekmatyar)
que le désastre permit l'accession au pouvoir des Talibans en 1996.
Hekmatyar s'enfuit ensuite en Iran mais en est chassé et finit par
revenir en Afghanistan en janvier 2002. Actuellement, le chef
sanguinaire est recherché par le gouvernement de Hamid Karzai pour
crimes de guerre. Sans oublier les atrocités commises contre les
femmes par Gulbuddin Hekmatyar et ses sbires du Hezb-e-islami : jets
d'acide contre les femmes non voilées, viols, meurtres (pour le
détail de ces exactions, voir le site de Droits et démocratie, une
organisation émanant du gouvernement canadien, et un rapport
d'Amnesty International de 1995).
Lorsqu'il n'est pas en mission en Afghanistan, Thomas Milcent, qui
cultive aussi une proximité avec le Milli Görüs, un mouvement
islamiste turc, s'engage dans la bataille du voile. En 1989, lors de
l'affaire de Creil, il est membre du Bureau de la Fédération
nationale des musulmans de France, un poste qu'il quittera en 1992 à
la fin de son mandat. Sous son nom de converti "Docteur Abdallah",
il publie en 1994 un argumentaire pour défendre le voile à
l'école : "Le foulard islamique et la République française : mode
d'emploi", disponible sur internet au format PDF. Membre de l'équipe
du site oumma.com, il y écrit de nombreux articles sous la signature
bien immodeste de "homme de science". Le mirage d'un islam dont le
livre dit saint serait aussi un traité scientifique demeure encore
très présent dans l'imaginaire obscur de l'islam contemporain. Se
présenter comme "homme de science" ne vise rien moins qu'à
s'inventer une notoriété par le très classique argument d'autorité
dont tout scientifique sait pourtant la nocivité. Abdallah Milcent
est aussi très présent sur les forums d'oumma.com où les vertiges de
la foi l'abandonnent à désigner les incroyants par le terme de
kaffers (oumma.com 11 juin 2004), effrayant symbole du mépris absolu
envers la race inférieure des incroyants et de leur mort programmée
à la gloire d'un dieu vengeur. Entre autres sujets publiés sur
oumma.com, Abdallah Milcent défend avec enthousiasme la
circoncision avec des arguments de boucher (oumma.com 10mai 2000),
une mutilation qu'il pratique "uniquement sous anesthésie locale".
En dépit de cela, Thomas Milcent n'est pas relégué au rang d'obscur
illuminé mais a eu l'honneur d'être entendu par la Commission Debré
de réflexion sur les signes religieux à l'école. Probablement grisé
par ce qu'il considéra être une marque d'estime, le médecin
strasbourgeois s'est hâté de diffuser son allocution sur oumma.com
malgré la réserve qui devait accompagner ces discussions. Mais son
texte n'y fit qu'une brève apparition, remplacé par un prompt mea
culpa (oumma.com 7 juillet 2003). Milcent avait aussi été invité
auparavant à l'émission de télévision "Ça se discute" le 9 mai
2001. Mais la promotion du voile musulman se fait avant tout sur le
terrain, avec les barbus et les femmes voilées. Thomas Milcent
devient alors le "conseiller" de familles éplorées, persécutées par
l'islamophobie galopante... Ainsi à Thann (Haut-Rhin), en octobre
2003, Docteur Abdallah soutient une fillette de douze ans dans son
refus obstiné d'enlever le voile, ce qui n'a toutefois pas empêché
son exclusion. Milcent participe aussi à la manifestation du 17
janvier 2004 organisée par le Parti des Musulmans de France, le
groupuscule raciste de Mohammed Latrèche. Il récidive le 7 février
2004 en apportant sa contribution à la calamiteuse manifestation
contre l'islamophobie. Le maintenant fameux Docteur Abdallah y a pris
la parole sous la pluie pour exhorter les jeunes filles à résister à
l'enlèvement du voile en précisant qu'il leur faudra néanmoins être
prudentes. Le téméraire autant qu'altruiste médecin a ajouté qu'il
sera toujours à leurs côtés pour aider, par ses
conseils "techniques", à contourner adroitement la loi. Tant de
générosité fut saluée par d'enthousiastes "Allah akbar". Quelques
semaines après, Milcent participe au colloque de ses amis de l'Union
des Organisations Islamiques de France organisé au Bourget du 9 au 12
avril pour, là encore, prôner la "résistance". Une UOIF qu'il
connaît bien puisqu'il a été élu en avril 2003 au Conseil Régional
du Culte Musulman d'Alsace sur une liste conjointe de l'UOIF et du
Milli Görüs, un mouvement qui contrôle la plus grande mosquée de
Strasbourg. Ce succès lui a permis d'obtenir une place au Conseil
d'Administration du Conseil Français du Culte Musulman où il est en
charge de la commission Organisation. Enfin, le coup de grâce est
donné dans Le Monde du 25 juin 2004 où, sous la plume toujours
sibylline de l'inébranlable Xavier Ternisien, Thomas Milcent appelle
au boycott de l'école. Fort de son statut de juriste autoproclamé, il
demande que les parents d'élèves refusent d'envoyer leurs enfants à
l'école si une jeune musulmane s'en voit l'accès refusé pour cause
de port de voile islamiste. Un discours paradoxal quand
l'argumentaire principal des pro-voile réside au contraire dans le
refus que les élèves ne puissent plus suivre les cours, ce qui est
précisément ce que propose Milcent.
Jocelyn Bézecourt

Les références de toutes les sources utilisées sont indiquées sur
http://athee.free.fr/milcent.html