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EXTREME DROITE ISLAMISTE
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Qui est Thomas Milcent ?
La face peu cachée de "Docteur Abdallah"
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Converti à l'islam en 1980, le médecin strasbourgeois Thomas Milcent 
est devenu  le héros d'une jeunesse musulmane en mal d'idolâtrie. Son 
créneau n'est pas le  labyrinthe de l'exégèse ou l'impasse de 
l'humanisme dans l'islam, encore moins  la modernisation de 
l'enseignement de Mahomet ou la suppression des mutilations 
sexuelles. Non, son credo, sa passion, c'est le textile : défendre 
coûte que coûte le port du voile islamique à l'école. On a les 
combats qu'on peut. Et sa dernière trouvaille est l'appel à la grève 
des élèves pour refuser le renvoi de  l'école de quelques jeunes 
filles voilées à la rentrée 2004 - 2005 (Le Monde 25 juin 2004).
Thomas Milcent, né en 1958, est titulaire d'une thèse soutenue en 
1992 à Strasbourg, L'OMS : l'aide humanitaire et l'Afghanistan, et 
placée sous une dédicace insolite : "À Dieu, Créateur de l'Univers, 
Maître du Jour du Jugement.  C'est de Toi que nous venons et c'est 
vers Toi que nous reviendrons." Mais la thèse traite plus de 
géopolitique que de médecine et c'est au cours d'un de ses voyages 
humanitaires en Afghanistan qu'il se convertit à l'islam. Il a 
raconté cette rencontre mystique lors de son audition par la 
Commission Debré le 1er  juillet 2003.  
Quelques compléments indiquant une autre orientation pour ces 
voyages "humanitaires" sont utilement apportés par un article de 
Cédric Simon du Centre universitaire d'enseignement du journalisme à 
l'Université Robert  Schuman à Strasbourg. Au cours de ses convois de 
médicaments, Milcent fait la  rencontre d'islamistes dont il ne 
jugera pas utile de se distancier :  "Sur leur chemin, ils [Milcent 
et ses amis étudiants engagés dans l'action humanitaire au sein de 
l'association Action Internationale Médicale Efficiente]  croisent 
les médecins de l'Aide médicale internationale (AMI).
Les objectifs sont les mêmes, les méthodes divergent. « Ils nous ont 
reproché de travailler  avec des islamistes alors qu'eux 
travaillaient avec la résistance royaliste, se  souvient Thomas 
Milcent. Notre principal souci était l'efficacité et les  combattants 
du Hezb-i-Islami de Gulbuddin Hekmatyar nous semblaient les plus  
efficaces pour acheminer les médicaments vers les lignes de front. » 
Des  islamistes qui s'engagent alors à ne faire aucune discrimination 
pour les  soins. Année après année, les moyens de l'Aime augmentent. 
L'association obtient un financement de l'Organisation mondiale de la 
santé (OMS) et compte  bientôt une soixantaine d'étudiants qui ne 
sont plus exclusivement strasbourgeois. Mais l'aventure va prendre 
fin avec le retrait des troupes soviétiques en 1989 qui marque le 
début de la guerre civile. « Les Afghans commençaient à se battre 
entre eux et pour nous ça devenait compliqué... Et  puis il fallait 
qu'on pense à notre diplôme. »" L'islam afghan d'Hekmatyar comme 
source d'inspiration pour le médecin converti, voilà qui devrait 
rassurer ses disciples actuelles sur la pureté de son islamité. Dans 
sa thèse, Milcent présente Hekmatyar sous des traits étonnants :
le chef du Hezb-e-Islami apparaît comme un démocrate (pages 62 et 
153) alors  qu'il refuse que l'ONU agisse en observateur du processus 
électoral (page 63). L'auteur marque une neutralité bienveillante, 
sinon une déférence, constante à  l'égard du chef islamiste, dont il 
évoque aussi sa pratique de la guerre sainte  (page 36). Et la 
collaboration entre l'AIME et les troupes d'Hekmatyar réjouit  
naturellement Docteur Abdallah (page 142) : "L'acheminement [de 
l'aide  médicale] du Pakistan en Afghanistan est assuré gratuitement 
par la logistique militaire du Hezb Islami de Monsieur Hekmatyar." Le 
tableau plein d'espérance  que dresse, en 1992, Milcent de 
l'Afghanistan (page 153) révèle une dramatique  incapacité à prévoir 
le chaos qui va s'installer dans les années suivantes :  celui qui se 
voudrait analyste politique cède ici la place au croyant aveuglé  par 
sa foi. Milcent admet d'ailleurs qu'il connaît personnellement "les  
dirigeants de premier plan de la Résistance" (page 154).
Gulbuddin Hekmatyar est l'un d'eux et s'est illustré dans le combat 
contre l'Union Soviétique, soutenu alors par les États Unis 
d'Amérique du fait de ses  liens étroits avec le Pakistan du général 
Zia ul-Haq. Hekmatyar souhaite  l'instauration d'une République 
islamique et, pendant la guerre civile qui suit  le départ des 
soviétiques (1992 - 1996), obtient le poste de Premier ministre  avec 
Burhanuddin Rabbani comme Président. Mais le fou d'Allah, financé par 
le  trafic de drogue, montre surtout que son "efficacité" tant louée 
par Milcent ne  se limite pas au transport de pharmacie mais s'étend 
aussi à l'artillerie : afin d'assiéger Massoud, ministre de la 
Défense et son ennemi juré depuis  l'époque soviétique, il ordonne le 
bombardement de Kaboul en 1994 et laissera  la capitale en ruines. 
L'efficacité fut telle (25 000 morts sous les bombes  d'Hekmatyar) 
que le désastre permit l'accession au pouvoir des Talibans en  1996. 
Hekmatyar s'enfuit ensuite en Iran mais en est chassé et finit par  
revenir en Afghanistan en janvier 2002. Actuellement, le chef 
sanguinaire est recherché par le gouvernement de Hamid Karzai pour 
crimes de guerre. Sans oublier les atrocités commises contre les 
femmes par Gulbuddin Hekmatyar et ses  sbires du Hezb-e-islami : jets 
d'acide contre les femmes non voilées, viols,  meurtres (pour le 
détail de ces exactions, voir le site de Droits et démocratie, une 
organisation émanant du gouvernement canadien, et un rapport 
d'Amnesty International de 1995).
Lorsqu'il n'est pas en mission en Afghanistan, Thomas Milcent, qui 
cultive aussi une proximité avec le Milli Görüs, un mouvement 
islamiste turc, s'engage  dans la bataille du voile. En 1989, lors de 
l'affaire de Creil, il est membre  du Bureau de la Fédération 
nationale des musulmans de France, un poste qu'il  quittera en 1992 à 
la fin de son mandat. Sous son nom de converti "Docteur  Abdallah", 
il publie en 1994 un argumentaire pour défendre le voile à  
l'école : "Le foulard islamique et la République française : mode 
d'emploi",  disponible sur internet au format PDF. Membre de l'équipe 
du site oumma.com, il  y écrit de nombreux articles sous la signature 
bien immodeste de "homme de  science". Le mirage d'un islam dont le 
livre dit saint serait aussi un traité  scientifique demeure encore 
très présent dans l'imaginaire obscur de l'islam  contemporain. Se 
présenter comme "homme de science" ne vise rien moins qu'à  
s'inventer une notoriété par le très classique argument d'autorité 
dont tout  scientifique sait pourtant la nocivité. Abdallah Milcent 
est aussi très présent sur les forums d'oumma.com où les vertiges de 
la foi l'abandonnent à désigner  les incroyants par le terme de 
kaffers (oumma.com 11 juin 2004), effrayant  symbole du mépris absolu 
envers la race inférieure des incroyants et de leur  mort programmée 
à la gloire d'un dieu vengeur. Entre autres sujets publiés sur 
oumma.com, Abdallah Milcent défend avec   enthousiasme la 
circoncision avec des arguments de boucher (oumma.com 10mai  2000), 
une mutilation qu'il pratique "uniquement sous anesthésie locale". 
En  dépit de cela, Thomas Milcent n'est pas relégué au rang d'obscur 
illuminé mais  a eu l'honneur d'être entendu par la Commission Debré 
de réflexion sur les  signes religieux à l'école. Probablement grisé 
par ce qu'il considéra être une  marque d'estime, le médecin 
strasbourgeois s'est hâté de diffuser son  allocution sur oumma.com 
malgré la réserve qui devait accompagner ces  discussions. Mais son 
texte n'y fit qu'une brève apparition, remplacé par un  prompt mea 
culpa (oumma.com 7 juillet 2003). Milcent avait aussi été invité 
auparavant à l'émission  de télévision "Ça se discute" le 9 mai 
2001.  Mais la promotion du voile musulman se fait avant tout sur le 
terrain, avec les  barbus et les femmes voilées. Thomas Milcent 
devient alors le "conseiller" de  familles éplorées, persécutées par 
l'islamophobie galopante... Ainsi à Thann  (Haut-Rhin), en octobre 
2003, Docteur Abdallah soutient une fillette de douze  ans dans son 
refus obstiné d'enlever le voile, ce qui n'a toutefois pas empêché  
son exclusion. Milcent participe aussi à la manifestation du 17 
janvier 2004  organisée par le Parti des Musulmans de France, le 
groupuscule raciste de  Mohammed Latrèche. Il récidive le 7 février 
2004 en apportant sa contribution à  la calamiteuse manifestation 
contre l'islamophobie. Le maintenant fameux Docteur Abdallah y a pris 
la parole sous la pluie pour exhorter les jeunes filles à résister à 
l'enlèvement du voile en précisant qu'il leur faudra néanmoins être 
prudentes. Le téméraire autant qu'altruiste médecin a ajouté  qu'il 
sera toujours à leurs côtés pour aider, par ses 
conseils "techniques", à  contourner adroitement la loi. Tant de 
générosité fut saluée par  d'enthousiastes "Allah akbar". Quelques 
semaines après, Milcent participe au colloque de ses amis de l'Union  
des Organisations Islamiques de France organisé au Bourget du 9 au 12 
avril  pour, là encore, prôner la "résistance". Une UOIF qu'il 
connaît bien puisqu'il  a été élu en avril 2003 au Conseil Régional 
du Culte Musulman d'Alsace sur une  liste conjointe de l'UOIF et du 
Milli Görüs, un mouvement qui contrôle la plus  grande mosquée de 
Strasbourg. Ce succès lui a permis d'obtenir une place au  Conseil 
d'Administration du Conseil Français du Culte Musulman où il est en  
charge de la commission Organisation. Enfin, le coup de grâce est 
donné dans Le  Monde du 25 juin 2004 où, sous la plume toujours 
sibylline de l'inébranlable  Xavier Ternisien, Thomas Milcent appelle 
au boycott de l'école. Fort de son statut de juriste autoproclamé, il 
demande que les parents d'élèves refusent  d'envoyer leurs enfants à 
l'école si une jeune musulmane s'en voit l'accès  refusé pour cause 
de port de voile islamiste. Un discours paradoxal quand 
l'argumentaire principal des pro-voile réside au contraire dans le 
refus que  les élèves ne puissent plus suivre les cours, ce qui est 
précisément ce que  propose Milcent. 
Jocelyn Bézecourt
Les références de toutes les sources utilisées sont indiquées sur 
http://athee.free.fr/milcent.html
			
		