
CHRONIQUE D'EVARISTE
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La Chiraquie en crise, la Cinquième à bout de souffle...
Mais le Medef rêve tout haut et mise sur Sarkozy !
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Après les déroutes électorales subies, la droite ne peut que
s'interroger.
Les élus, de droite comme de gauche, ne pensent qu'à une chose : être
réélus. Et pour cela, ils ont besoin de quelqu'un qui les rassure, et
leur fasse miroiter la victoire prochaine.
Chirac ne pense qu'à une chose : se faire le scalp de Sarkozy, celui
qu'il a pris longtemps pour le fils qu'il n'a jamais eu, mais qui l'a
trahi, et raté, en 1994-1995, avec l'opération Balladur.
Mais tous les plans de Chirac échouent : le si populaire Juppé est
cramé par les affaires judiciaires.
Borloo, Villepin, Douste ou les autres ne font pas le poids
aujourd'hui face à la popularité de Super-Sarko.
Il ne reste que Raffarin, marionnette de Chirac, pour court-circuiter
Sarko. Et il faut toute la mauvaise foi de Jacquot pour interdire au
petit Nicolas de cumuler la présidence de l'UMP et le ministère de
Bercy, ce qui était le destin de Juppé si les juges n'en avaient
décidé autrement.
Au-delà des ces anecdotes qu'il faut savoir savourer, c'est tout un
système en décomposition qui s'affiche.
Le vieux souverain veut choisir son successeur, et mettre son veto
sur un autre. Et il est prêt à entraîner son camp, et le pays, dans
une crise profonde pour y parvenir.
Car si certains font des similitudes entre cette histoire et celle de
Mitterrand-Rocard, il y a une différence majeure : Sarkozy,
contrairement à Rocard, est un vrai tueur, qui ressemble au jeune
Chirac des années 75. Et il sait qu'il doit aller à l'épreuve de
forces, et la gagner, sous peine d'être tué.
Quelles peuvent être les conséquences de cette épreuve de forces ? Il
prendra l'UMP, sa démonstration devant plus de deux cents députés a
fini de convaincre Chirac qu'il ne pouvait plus s'y opposer. Tels des
bans de poissons affolés, de plus en plus de députés et élus suivent
aveuglément le poisson pilote Sarkozy, nouveau gourou de la droite.
D'autant, élément important, que Sarkozy fait rêver tout haut
Seillière et le Medef. Le "Zidane de l'économie", dixit le baron
(c'était avant la pitoyable prestation de Zizou contre la Grèce...)
est l'homme de la situation. Il est le frère du numéro deux du Medef.
Surtout, il a rappelé dernièrement aux Etats-Unis sa fascination pour
le modèle des gagnants, libéral et communautariste, contrairement à
la culture française (comprenez son Etat-providence et la laïcité).
Seillière compte donc sur lui, il le dit d'ailleurs aujourd'hui dans
le quotidien économique "La Tribune" pour régler le dossier du code
du Travail, celui de l'assurance chômage et surtout celui des 35
heures. L'exemple de l'accord de Siemens (des syndicats qui signent
le passage des 35 heures aux 40 heures sous le chantage de
délocalisations) fait évidemment saliver tout le patronat français.
Et Seillière le dit clairement : trois années sans élection est une
occasion unique. Il attend donc du gouvernement qu'il fasse ce que
Thatcher a fait dans les années 80 en Grande-Bretagne.
Donc, Sarkozy ne quittera pas Bercy de lui-même, il obligera Chirac-
Raffarin (ou le successeur) à le virer. Et c'est là que la crise peut
éclater. Sans oublier le rôle d'un Bayrou, que Juppé, contrairement à
ses plans, n'a pas réussi à faire disparaître de la vie politique
dans son opération UMP, et qui se retrouve en position de forces.
A côté des projets de modification des dates des élections
municipales envisagées ce week-end par Raffarin, le calendrier
d'autres échéances peut être modifié par l'ampleur d'une crise dont
il faut mesurer aujourd'hui toutes les conséquences possibles. En
ayant dissous un Parlement de quatre cents députés sur 577, en 1997,
Chirac a montré qu'avec la droite, tout est possible, même
l'imprévisible. Et nul ne peut dire aujourd'hui si deux cent
cinquante députés UMP et trente députés UDF ne peuvent pas faire
tomber un gouvernement d'où Sarkozy serait exclu...
Et force est de reconnaître que Chirac, qu'on a vu déjà mort
politiquement en 74, 76, 81, 88, 95, 97, 2002, 2004, est toujours
présent, et que sa capacité de nuisances pour son propre camp demeure
énorme.
Avec tout cela, on en oublierait presque que l'un est à la tête de la
quatrième puissance économique mondiale, et l'autre à la tête des
finances du pays..
Mais n'oublions pas, au-delà de ces considérations, que le combat des
salariés d'EDF, qui se radicalisent, et demandent à la direction de
la CGT d'être plus déterminée, est aujourd'hui capital, au-delà de la
symbolique, quant à l'avenir du rapport de forces entre les salariés
et ce gouvernement.
Pierre Caspi.
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La Chiraquie en crise, la Cinquième à bout de souffle...
Mais le Medef rêve tout haut et mise sur Sarkozy !
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Après les déroutes électorales subies, la droite ne peut que
s'interroger.
Les élus, de droite comme de gauche, ne pensent qu'à une chose : être
réélus. Et pour cela, ils ont besoin de quelqu'un qui les rassure, et
leur fasse miroiter la victoire prochaine.
Chirac ne pense qu'à une chose : se faire le scalp de Sarkozy, celui
qu'il a pris longtemps pour le fils qu'il n'a jamais eu, mais qui l'a
trahi, et raté, en 1994-1995, avec l'opération Balladur.
Mais tous les plans de Chirac échouent : le si populaire Juppé est
cramé par les affaires judiciaires.
Borloo, Villepin, Douste ou les autres ne font pas le poids
aujourd'hui face à la popularité de Super-Sarko.
Il ne reste que Raffarin, marionnette de Chirac, pour court-circuiter
Sarko. Et il faut toute la mauvaise foi de Jacquot pour interdire au
petit Nicolas de cumuler la présidence de l'UMP et le ministère de
Bercy, ce qui était le destin de Juppé si les juges n'en avaient
décidé autrement.
Au-delà des ces anecdotes qu'il faut savoir savourer, c'est tout un
système en décomposition qui s'affiche.
Le vieux souverain veut choisir son successeur, et mettre son veto
sur un autre. Et il est prêt à entraîner son camp, et le pays, dans
une crise profonde pour y parvenir.
Car si certains font des similitudes entre cette histoire et celle de
Mitterrand-Rocard, il y a une différence majeure : Sarkozy,
contrairement à Rocard, est un vrai tueur, qui ressemble au jeune
Chirac des années 75. Et il sait qu'il doit aller à l'épreuve de
forces, et la gagner, sous peine d'être tué.
Quelles peuvent être les conséquences de cette épreuve de forces ? Il
prendra l'UMP, sa démonstration devant plus de deux cents députés a
fini de convaincre Chirac qu'il ne pouvait plus s'y opposer. Tels des
bans de poissons affolés, de plus en plus de députés et élus suivent
aveuglément le poisson pilote Sarkozy, nouveau gourou de la droite.
D'autant, élément important, que Sarkozy fait rêver tout haut
Seillière et le Medef. Le "Zidane de l'économie", dixit le baron
(c'était avant la pitoyable prestation de Zizou contre la Grèce...)
est l'homme de la situation. Il est le frère du numéro deux du Medef.
Surtout, il a rappelé dernièrement aux Etats-Unis sa fascination pour
le modèle des gagnants, libéral et communautariste, contrairement à
la culture française (comprenez son Etat-providence et la laïcité).
Seillière compte donc sur lui, il le dit d'ailleurs aujourd'hui dans
le quotidien économique "La Tribune" pour régler le dossier du code
du Travail, celui de l'assurance chômage et surtout celui des 35
heures. L'exemple de l'accord de Siemens (des syndicats qui signent
le passage des 35 heures aux 40 heures sous le chantage de
délocalisations) fait évidemment saliver tout le patronat français.
Et Seillière le dit clairement : trois années sans élection est une
occasion unique. Il attend donc du gouvernement qu'il fasse ce que
Thatcher a fait dans les années 80 en Grande-Bretagne.
Donc, Sarkozy ne quittera pas Bercy de lui-même, il obligera Chirac-
Raffarin (ou le successeur) à le virer. Et c'est là que la crise peut
éclater. Sans oublier le rôle d'un Bayrou, que Juppé, contrairement à
ses plans, n'a pas réussi à faire disparaître de la vie politique
dans son opération UMP, et qui se retrouve en position de forces.
A côté des projets de modification des dates des élections
municipales envisagées ce week-end par Raffarin, le calendrier
d'autres échéances peut être modifié par l'ampleur d'une crise dont
il faut mesurer aujourd'hui toutes les conséquences possibles. En
ayant dissous un Parlement de quatre cents députés sur 577, en 1997,
Chirac a montré qu'avec la droite, tout est possible, même
l'imprévisible. Et nul ne peut dire aujourd'hui si deux cent
cinquante députés UMP et trente députés UDF ne peuvent pas faire
tomber un gouvernement d'où Sarkozy serait exclu...
Et force est de reconnaître que Chirac, qu'on a vu déjà mort
politiquement en 74, 76, 81, 88, 95, 97, 2002, 2004, est toujours
présent, et que sa capacité de nuisances pour son propre camp demeure
énorme.
Avec tout cela, on en oublierait presque que l'un est à la tête de la
quatrième puissance économique mondiale, et l'autre à la tête des
finances du pays..
Mais n'oublions pas, au-delà de ces considérations, que le combat des
salariés d'EDF, qui se radicalisent, et demandent à la direction de
la CGT d'être plus déterminée, est aujourd'hui capital, au-delà de la
symbolique, quant à l'avenir du rapport de forces entre les salariés
et ce gouvernement.
Pierre Caspi.