
lcr : rouge 2000
Découvrant le texte indigent des sept organisations syndicales adopté le 6 janvier, beaucoup de syndicalistes tombent des nues : comment mobiliser sur une plate-forme aussi misérable ?
Ce n'est pas la première fois que les confédérations syndicales signent ensemble un texte minimal sur la protection sociale. Cela s'était déjà produit lors du cinquantenaire de la Sécurité sociale en octobre 1995 et avait donné lieu à des manifestations communes. Mais les vraies stratégies syndicales étaient autres. Quinze jours plus tard, Nicole Notat approuvait bruyamment le plan d'Alain Juppé. On connaît la suite. Le leçon est claire : l'histoire bégaie. Le texte du 6 janvier, sans engagement sur le niveau des pensions, sur les annuités, sur les régimes spéciaux, sur le financement, est un couteau sans lame. Moins d'une semaine plus tard, François Chérèque appelle le gouvernement à s'asseoir sur le vote des salariés EDF et à passer en force. Cet acte cynique détruit à lui seul toute la portée du texte unitaire, qui se révèlera ou bien un blanc-seing pour négocier au rabais, ou bien un chiffon de papier déchiré à la première épreuve. Tout le syndicalisme est mis devant le défi d'un dépassement du contenu de ce texte par l'action. Telle est l'urgence de l'heure.
En soi, l'idée de la CGT de manifester avant que le gouvernement ne dévoile officiellement son plan n'est pas mauvaise. A une condition : exprimer clairement un contenu revendicatif en rapport avec l'enjeu historique du sujet. Et rassembler d'abord sur cette base, en consolidant un front de lutte sans défaillance, capable par sa dynamique rassembleuse et son énergie d'entraîner le maximum de forces. Mais la direction de la CGT ne l'a pas conçu ainsi. Soutenant implicitement Denis Cohen à EDF, elle a fait le contraire de ses engagements : une plate-forme négociée discrètement avec la CFDT, sans contrôle des syndiqués, ni validation des salariés. C'est la CFDT qui a fini par tirer la CGT, et non l'inverse.
Les syndicalistes de lutte sont donc devant la nécessité de préparer les manifestations en les dynamisant par des pôles syndicaux unitaires, construits sur un vrai projet (voir ci-dessous). Dans toutes les entreprises, les localités, les branches, des rassemblements et des assemblées de mobilisations sont nécessaires, pour que l'enjeu soit clairement posé, et pour déboucher sur des collectifs pluralistes d'action permanents en défense des retraites. Dès la préparation des manifestations de février, le débat doit être mené sur le rapport des forces et sur l'étape suivante. Pour combattre jusqu'au bout les réformes Balladur de 1993, empêcher tout recul du secteur public, faire capoter les idées de fonds de pension, arracher une hausse des cotisations patronales, il s'agit de préparer les conditions d'une grève interprofessionnelle générale, avec manifestations redoublées et, pourquoi pas, une montée en masse sur Paris.
L'enjeu dépasse d'ailleurs les seuls syndicalistes. Fillon ne fait que "consulter" les syndicats. La question est globale, politique. Elle concerne toutes les forces rassemblées dans les divers mouvements de contestation antilibérale, en premier lieu le mouvement altermondialiste. Elle concerne toute la population et les partis politiques. De tous côtés, des initiatives multiples peuvent converger pour enrayer la mécanique régressive que préparent Chirac et Raffarin.
Découvrant le texte indigent des sept organisations syndicales adopté le 6 janvier, beaucoup de syndicalistes tombent des nues : comment mobiliser sur une plate-forme aussi misérable ?
Ce n'est pas la première fois que les confédérations syndicales signent ensemble un texte minimal sur la protection sociale. Cela s'était déjà produit lors du cinquantenaire de la Sécurité sociale en octobre 1995 et avait donné lieu à des manifestations communes. Mais les vraies stratégies syndicales étaient autres. Quinze jours plus tard, Nicole Notat approuvait bruyamment le plan d'Alain Juppé. On connaît la suite. Le leçon est claire : l'histoire bégaie. Le texte du 6 janvier, sans engagement sur le niveau des pensions, sur les annuités, sur les régimes spéciaux, sur le financement, est un couteau sans lame. Moins d'une semaine plus tard, François Chérèque appelle le gouvernement à s'asseoir sur le vote des salariés EDF et à passer en force. Cet acte cynique détruit à lui seul toute la portée du texte unitaire, qui se révèlera ou bien un blanc-seing pour négocier au rabais, ou bien un chiffon de papier déchiré à la première épreuve. Tout le syndicalisme est mis devant le défi d'un dépassement du contenu de ce texte par l'action. Telle est l'urgence de l'heure.
En soi, l'idée de la CGT de manifester avant que le gouvernement ne dévoile officiellement son plan n'est pas mauvaise. A une condition : exprimer clairement un contenu revendicatif en rapport avec l'enjeu historique du sujet. Et rassembler d'abord sur cette base, en consolidant un front de lutte sans défaillance, capable par sa dynamique rassembleuse et son énergie d'entraîner le maximum de forces. Mais la direction de la CGT ne l'a pas conçu ainsi. Soutenant implicitement Denis Cohen à EDF, elle a fait le contraire de ses engagements : une plate-forme négociée discrètement avec la CFDT, sans contrôle des syndiqués, ni validation des salariés. C'est la CFDT qui a fini par tirer la CGT, et non l'inverse.
Les syndicalistes de lutte sont donc devant la nécessité de préparer les manifestations en les dynamisant par des pôles syndicaux unitaires, construits sur un vrai projet (voir ci-dessous). Dans toutes les entreprises, les localités, les branches, des rassemblements et des assemblées de mobilisations sont nécessaires, pour que l'enjeu soit clairement posé, et pour déboucher sur des collectifs pluralistes d'action permanents en défense des retraites. Dès la préparation des manifestations de février, le débat doit être mené sur le rapport des forces et sur l'étape suivante. Pour combattre jusqu'au bout les réformes Balladur de 1993, empêcher tout recul du secteur public, faire capoter les idées de fonds de pension, arracher une hausse des cotisations patronales, il s'agit de préparer les conditions d'une grève interprofessionnelle générale, avec manifestations redoublées et, pourquoi pas, une montée en masse sur Paris.
L'enjeu dépasse d'ailleurs les seuls syndicalistes. Fillon ne fait que "consulter" les syndicats. La question est globale, politique. Elle concerne toutes les forces rassemblées dans les divers mouvements de contestation antilibérale, en premier lieu le mouvement altermondialiste. Elle concerne toute la population et les partis politiques. De tous côtés, des initiatives multiples peuvent converger pour enrayer la mécanique régressive que préparent Chirac et Raffarin.