Mobilisation du 1er pour les retraites

Message par Louis » 20 Jan 2003, 19:10

lcr : rouge 2000

Découvrant le texte indigent des sept organisations syndicales adopté le 6 janvier, beaucoup de syndicalistes tombent des nues : comment mobiliser sur une plate-forme aussi misérable ?

Ce n'est pas la première fois que les confédérations syndicales signent ensemble un texte minimal sur la protection sociale. Cela s'était déjà produit lors du cinquantenaire de la Sécurité sociale en octobre 1995 et avait donné lieu à des manifestations communes. Mais les vraies stratégies syndicales étaient autres. Quinze jours plus tard, Nicole Notat approuvait bruyamment le plan d'Alain Juppé. On connaît la suite. Le leçon est claire : l'histoire bégaie. Le texte du 6 janvier, sans engagement sur le niveau des pensions, sur les annuités, sur les régimes spéciaux, sur le financement, est un couteau sans lame. Moins d'une semaine plus tard, François Chérèque appelle le gouvernement à s'asseoir sur le vote des salariés EDF et à passer en force. Cet acte cynique détruit à lui seul toute la portée du texte unitaire, qui se révèlera ou bien un blanc-seing pour négocier au rabais, ou bien un chiffon de papier déchiré à la première épreuve. Tout le syndicalisme est mis devant le défi d'un dépassement du contenu de ce texte par l'action. Telle est l'urgence de l'heure.
En soi, l'idée de la CGT de manifester avant que le gouvernement ne dévoile officiellement son plan n'est pas mauvaise. A une condition : exprimer clairement un contenu revendicatif en rapport avec l'enjeu historique du sujet. Et rassembler d'abord sur cette base, en consolidant un front de lutte sans défaillance, capable par sa dynamique rassembleuse et son énergie d'entraîner le maximum de forces. Mais la direction de la CGT ne l'a pas conçu ainsi. Soutenant implicitement Denis Cohen à EDF, elle a fait le contraire de ses engagements : une plate-forme négociée discrètement avec la CFDT, sans contrôle des syndiqués, ni validation des salariés. C'est la CFDT qui a fini par tirer la CGT, et non l'inverse.
Les syndicalistes de lutte sont donc devant la nécessité de préparer les manifestations en les dynamisant par des pôles syndicaux unitaires, construits sur un vrai projet (voir ci-dessous). Dans toutes les entreprises, les localités, les branches, des rassemblements et des assemblées de mobilisations sont nécessaires, pour que l'enjeu soit clairement posé, et pour déboucher sur des collectifs pluralistes d'action permanents en défense des retraites. Dès la préparation des manifestations de février, le débat doit être mené sur le rapport des forces et sur l'étape suivante. Pour combattre jusqu'au bout les réformes Balladur de 1993, empêcher tout recul du secteur public, faire capoter les idées de fonds de pension, arracher une hausse des cotisations patronales, il s'agit de préparer les conditions d'une grève interprofessionnelle générale, avec manifestations redoublées et, pourquoi pas, une montée en masse sur Paris.
L'enjeu dépasse d'ailleurs les seuls syndicalistes. Fillon ne fait que "consulter" les syndicats. La question est globale, politique. Elle concerne toutes les forces rassemblées dans les divers mouvements de contestation antilibérale, en premier lieu le mouvement altermondialiste. Elle concerne toute la population et les partis politiques. De tous côtés, des initiatives multiples peuvent converger pour enrayer la mécanique régressive que préparent Chirac et Raffarin.
Louis
 
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Message par Louis » 20 Jan 2003, 20:52

a écrit :Affirmer
et construire une opposition

Alors que le compte à rebours pour faire échec aux mauvais coups contre les retraites a commencé, les directions de presque toutes les organisations syndicales, à l'exception du Groupe des dix - Solidaires, ont signé un texte commun qui donne un sérieux coup de main au gouvernement.

Lors de ses voeux aux "forces vives", Chirac est resté très prudent. Il a affirmé vouloir sauvegarder le système des retraites par répartition, la capitalisation n'étant envisagée que comme un "mécanisme d'appoint". Il n'a pas dit vouloir aligner la durée de cotisation des salariés du secteur public sur celle du secteur privé, affirmant seulement une "exigence absolue de l'équité". Mais tout le monde aura compris que, derrière la langue de bois, il n'est pas question que les salariés puissent continuer à partir en retraite "aussi tôt", si on peut dire. Gouvernement et patronat veulent rallonger la durée de cotisations de tous, en commençant par celle des salariés du secteur public. Le fait que Chirac ait dénoncé le système des préretraites - "un gâchis humain et financier" - est significatif. Le système permettait au patronat de licencier à moindre coût les salariés âgés mais, pour beaucoup d'entre eux, c'était la possibilité de profiter un peu de la vie avant d'être trop usés par l'exploitation.
Ces voeux de Chirac ont été accueillis avec une satisfaction unanime, aussi bien par Seillière que par... les responsables syndicaux. Le gouvernement joue le jeu du dialogue social. Comme le patronat avec sa "refondation sociale", il attire sur son terrain les directions syndicales qui, quelles que soient leurs réticences, sont toutes soucieuses de ne pas être écartées du jeu. Ce qui revient d'emblée à accepter l'idée qu'une réforme serait bien nécessaire, compte tenu des problèmes posés par l'évolution démographique et le financement à venir des retraites.
Voilà l'idée mensongère autour de laquelle se fait le consensus entre patronat, gouvernement et directions syndicales. Sept d'entre elles ont discuté et signé, le 7 janvier dernier, un texte commun appelant à manifester le 1er février prochain. "Une grande première", disent-elles, que cette mobilisation unitaire ! "Une première", dit un article du Figaro le 8 janvier, car les sept organisations "affirment" ensemble "la nécessité d'une réforme". Il est par exemple question de trouver les moyens de "garantir des ressources financières suffisantes, assurer des recettes régulières et identifiées au “fonds de réserve des retraites”", ce qui accrédite l'idée qu'il serait impossible dans l'avenir de payer des retraites aux conditions actuelles, alors qu'il suffirait de résorber le chômage et d'augmenter les salaires pour y parvenir sans difficulté. Pas un mot sur un retour aux 37,5 ans pour tous. Au contraire, puisque certaines formules employées sont pour le moins ambiguës, comme celle-ci, "obtenir un droit de départ à taux plein, avant 60 ans, dès 40 ans de cotisations, pour les salariés ayant, aujourd'hui, commencé à travailler très tôt ", à cause de laquelle FO hésitait à signer le texte.
Un texte préparé par J.-C. Le Duigou, pour la CGT, et J.-M. Toulisse pour la CFDT, qui témoigne de l'évolution de la direction de la CGT, qui en est à l'initiative. Un texte signé par les cinq confédérations représentatives, dont la CGT et FO, mais aussi par les syndicats de fonctionnaires, dont la FSU. Un texte dont se félicite aussi le PCF, dans un éditorial de l'Humanité, le 8 janvier, qui non seulement détaille les raisons qui rendraient nécessaire une réforme des retraites, mais se réjouit de ce que "Chirac tient compte de ses échecs sur le sujet, et de la résistance des Français".
Un grain de sable s'est heureusement glissé dans cette mécanique du consensus : le vote majoritaire des salariés d'EDF-GDF contre les projets de réforme de leur direction, sur lesquels le gouvernement comptait s'appuyer pour faire accepter la réforme globale sur les retraites. C'est un point d'appui pour développer la contre-offensive, en rupture avec toute forme de collaboration avec le marché de dupes du gouvernement.

Galia Trépère.

Rouge 2000 16/01/2003
Louis
 
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Message par emma-louise » 23 Jan 2003, 03:33

Contre la politique de droite qui se met en place, il faut réunir toutes les forces se réclamant de la gauche.

Lois sécuritaires et liberticides, expéditions coloniales, menaces de guerre impériale, diminution des indemnisations des chômeurs, projet de Sécurité sociale à deux vitesses et préparation de l'attaque contre nos retraites : le gouvernement de droite mène bien une politique brutale de régression sociale. Une politique... de droite, en quelque sorte ! Et qui appelle une riposte des syndicats, des associations, des partis de gauche, dans l'unité la plus large, sans exclusive, pour agir ensemble. Parce que c'est la condition du succès.

Dès septembre dernier, la LCR s'est adressée dans ce but à l'ensemble des forces de gauche. Les réponses des partis de l'ex-gauche plurielle ont tardé ou furent dilatoires. Ne mésestimons pas une difficulté réelle : les députés socialistes ont évidemment quelque mal à s'opposer frontalement aux lois Sarkozy qui, en grande partie, prolongent lois et projets du gouvernement Jospin. De même qu'il est sûrement difficile de se faire aujourd'hui le défenseur zélé des services publics, lorsque l'on a autant privatisé ! Si les partis de la gauche traditionnelle sont largement aux abonnés absents, c'est aussi parce qu'ils préparent leurs congrès. Sonnés par leur défaite, ils n'ont retenu qu'une vieille leçon : les congrès se gagnent à gauche. Quitte à dire l'inverse de ce qu'ils ont fait pendant cinq ans et à faire porter le chapeau à leurs leaders "disparus", Jospin, Hue, Voynet. Mais en bornant quand même avec soin les limites à ne pas dépasser. Si les dirigeants de la gauche défaite ont laissé sans réponse nos propositions de rencontres et d'actions communes, par contre ils parlent beaucoup de nous ! De Hollande à Mamère, d'Emmanuelli à Mélenchon, en passant par les orphelins de Robert Hue, c'est la mode automne-hiver : "Besancenot sectaire", "impasse de la gauche protestataire", "la LCR refuse de mettre les mains dans le cambouis". J'en passe. De quoi prendre la grosse tête ! Sommes-nous devenus si attractifs pour le peuple de gauche que l'urgence soit d'établir absolument ce curieux "cordon sanitaire" ?

Précisons donc. Tout d'abord, nous sommes favorables à l'action unitaire contre l'offensive de la droite. Sans préalable. Les appréciations forcément différentes que les uns et les autres tirent du gouvernement Jospin ne constituent pas un obstacle pour agir aujourd'hui ensemble. Deuxièmement : protester contre l'injustice d'un système qui menace de nous écraser est légitime. Mais notre contribution au débat politique ne s'arrête pas là. Lors de la campagne présidentielle, j'ai fait de nombreuses propositions : sur l'emploi (interdiction des licenciements), sur la répartition des richesses, sur les services publics, sur la démocratie. Entre autres. Pourquoi ne pas en débattre ? Troisièmement : certes, nous ne saurions participer à des gouvernements de gauche qui géreraient le système économique et les institutions actuelles. C'est même pour ces raisons que nous avons combattu le gouvernement Jospin.

"Lever méfiances ou raideurs
réclamera un épisode fondateur sur fond d'importants mouvements sociaux."

Mais, contrairement aux accusations répétées, la LCR est bien candidate à exercer des responsabilités au sein d'un gouvernement de transformation radicale de la société qui appliquerait effectivement un programme de rupture anticapitaliste. Défendre des propositions pendant une campagne électorale et puis participer à un gouvernement qui ferait le contraire, ce n'est pas le genre de la maison.L'année dernière, nous proclamions : "Nos vies valent plus que leurs profits." Aujourd'hui, on peut ajouter : nos convictions valent plus que quelques sièges de députés ou quelques strapontins gouvernementaux. Bref, une autre manière de faire de la politique !

Front antilibéral ? Pôle de radicalité ? De la part de personnalités, des rangs du PC ou des Verts, des appels se sont multipliés, témoignant d'une soif de reconstruire. Mais quel sens auraient des coalitions au contenu indéfini, sinon que d'entretenir la confusion ? N'oublions pas que le bilan du gouvernement Jospin est aussi celui des Verts et du PCF... Car, décidément, il existe bien deux gauches. L'une, la gauche autrefois baptisée "plurielle", a été gagnée au social-libéralisme. C'est le bilan de cette "gauche de marché" qui a été sanctionné le 21 avril dernier. L'autre gauche, la "gauche de la radicalité", est aujourd'hui fragmentée. Associative, syndicale et politique, elle est de toutes les initiatives altermondialistes, dans les mobilisations féministes et écologistes, aux côtés des salariés contre les licenciements, avec les chômeurs comme avec les sans-papiers, contre les menées guerrières impériales. Réunie dans les luttes, cette gauche est forte d'un potentiel aujourd'hui éparpillé : organisations révolutionnaires, militants écologistes, communistes et socialistes ne se reconnaissant plus dans la politique menée par leur parti et, surtout, cette myriade de militants syndicaux et associatifs qui font, vraiment, de la politique.

Le souci légitime du respect de leur autonomie provoque parfois des crispations à l'égard de formations politiques. Un débat décomplexé s'est cependant ouvert à Florence lors du Forum social européen. Constat : s'il y a disjonction, ce n'est pas entre "gauche sociale" et "gauche politique", entre "mouvement social" et partis politiques, mais entre gauche libérale et gauche radicale. Rassembler cette gauche radicale, construire une nouvelle force anticapitaliste, écologique et féministe, un débouché politique de référence pour le mouvement social, est depuis longtemps l'objectif de la Ligue. Cela commence par l'action et par le débat politique sur le fond. Les réponses prendront du temps, mais les questions sont simples. Donner la priorité aux besoins sociaux ou respecter les privilèges conférés par la propriété privée ? Mener une politique écologique de développement soutenable ou s'incliner devant les logiques du profit ? S'appuyer résolument sur les mobilisations sociales ou se glisser voluptueusement dans la vie politique institutionnelle ? En fait, s'agit-il de gauchir un peu le discours à des fins internes et électorales ou de faire, enfin, du neuf et du radical ?

Cette perspective dépasse bien évidemment la question du renforcement de la Ligue, dont on comprendra, cependant, que nous nous en réjouissions. Des convergences existent. Divergences, méfiances ou raideurs subsistent. Les lever réclamera de nombreuses confrontations pratiques et, selon toute vraisemblance, un épisode fondateur, sur fond d'importants mouvements sociaux, dégageant suffisamment l'horizon pour que chacun considère que ses propres traditions et identités, forgées par son histoire particulière, se trouvent dépassées par les nécessités du moment. Autant nous n'entendons pas servir de béquille de gauche à une alliance sans perspective anticapitaliste, autant il y a urgence à mener, dans des cadres unitaires les plus larges, les combats nécessaires du moment. Ils constitueraient, d'ailleurs, de premiers tests pratiques dans l'action, plus révélateurs que de longs discours, d'éventuelles futures convergences. Mais nous sommes également prêts à débattre avec toutes les forces se réclamant des gauches : sur les luttes à mener, sur le bilan du gouvernement Jospin, sur les perspectives d'une gauche de rupture, d'une "gauche de gauche".

Alors, rouges, verts, noirs ou arc-en-ciel, au-delà des drapeaux, avançons. Dans l'action. Et discutons. Pour agir. D'autant que les échéances de 2003 – luttes sociales à commencer par les retraites !!!!!! Olivier Besancenot, porte-parole de la LCR
emma-louise
 
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