La justice pressure Moulinex

Message par faupatronim » 23 Juin 2004, 10:29

(Libération @ mercredi 23 juin 2004 a écrit : Après la garde à vue de son n°2, l'ex-PDG Pierre Blayau pourrait être mis en examen.

La justice pressure Moulinex

Par D'ALLONNES David REVAULT



La mise en examen de Pierre Blayau, ex-PDG de Moulinex, n'est plus qu'une question de jours. Alain Grimm-Hecker, ancien numéro 2 du défunt groupe d'électroménager, a été placé en garde à vue, hier, dans les locaux parisiens de la brigade financière. Un interrogatoire à l'issue duquel l'ancien directeur général adjoint, chargé entre autres des opérations commerciales, devrait être mis en examen par Richard Pallain, juge d'instruction à Nanterre. Chargé de l'autopsie du dépôt de bilan de Moulinex, qui, en septembre 2001, avait laissé près de 1 milliard d'euros d'endettement et plus de 5 000 salariés sur la touche, le magistrat opère dans le cadre d'une information judiciaire ouverte en novembre 2003 pour «abus de biens sociaux», «banqueroute par détournement d'actifs, complicité et recel», et «par emploi de moyens ruineux et complicité», «abus de confiance, complicité et recel», «présentation et publication de comptes annuels inexacts ne donnant pas une image fidèle des résultats de la situation financière et du patrimoine, en vue de dissimuler la véritable situation de la société», «faux» et «escroquerie».


Pool bancaire. Depuis un peu plus d'un mois, c'est tout l'état-major de Moulinex qui défile devant les enquêteurs, puis dans le bureau du juge. Lequel, méthodiquement, remonte dans l'organigramme de la direction à raison d'une mise en examen par semaine. Dans l'ordre : l'ex-directeur financier de Brandt, Xavier Cottereau ; le successeur de Pierre Blayau et dernier PDG de Moulinex, Patrick Puy ; la dernière directrice du financement, Véronique Piegts ; l'ancien directeur général adjoint chargé des finances François Carrière et, enfin, Alain Grimm-Hecker. Tous ont été placés sous contrôle judiciaire. Patron de Moulinex de 1996 à 2000 et actuel PDG de Geodis, Pierre Blayau, par ailleurs trésorier de la Ligue de football professionnel et ancien vice-président du Stade rennais, est, logiquement, le prochain sur la liste. Mais les investigations devraient également s'orienter vers les commissaires aux comptes du groupe. Les dirigeants de Brandt, société fusionnée fin 2000 avec Moulinex, dont les frères Nocivelli, deux hommes d'affaires italiens. Voire les responsables du pool bancaire qui, à l'époque, avait soutenu Moulinex.

Fusion. Point clé de l'affaire, la date réelle de la cessation de paiements de Moulinex. Officiellement, en septembre 2001. Mais en réalité, beaucoup plus tôt. Ce qui remet en cause l'ensemble des opérations effectuées dans les années précédant la faillite. Les enquêteurs, qui s'interrogent sur les conditions de la fusion avec Brandt, se demandent ainsi pourquoi Moulinex a abandonné, avant cette fusion, plus de 77 millions d'euros de créances à Krups, sa filiale allemande. Ainsi que 38 millions de francs à sa filiale autrichienne. Autant d'opérations qui pouvaient être destinées à revaloriser Moulinex afin que l'entreprise soit à son avantage dans la perspective de la fusion. Autres sujets d'interrogation, des remontées de trésorerie de Brandt vers Moulinex, effectuées après la fusion, à hauteur de 750 millions de francs : ainsi que la présentation peu orthodoxe des comptes consolidés du groupe Brandt, non certifiés à la fin de l'année 2000.

Egalement en ligne de mire, le rôle des banques (entre autres, Société générale, Crédit Lyonnais et Natexis Banques populaires), qui pourraient être accusées de soutien abusif s'il s'avère que les différents prêts et concours bancaires «ont été accordés en connaissance de cause», précise un proche du dossier. Les policiers soulignent ainsi la «connaissance approfondie de la situation financière, économique et sociale du groupe Moulinex» qu'avaient les banques. Lesquelles auraient «à chaque fois aménagé leurs concours afin qu'ils puissent être maintenus et en ont augmenté concomitamment les conditions». Enfin, les enquêteurs s'intéressent à l'activité du «comité des rémunérations» (lire ci-contre), ainsi qu'au rôle de la société Cocexaide, domiciliée au même endroit que le siège social de Moulinex, mais employant un comptable extérieur au groupe. Une société créée pour régler discrètement prestations d'avocats, d'expertise comptable et de conseil en stratégie. Sans oublier le versement de «rémunérations exceptionnelles» à Pierre Blayau et à plusieurs dirigeants, dont les policiers soulignent l'«opacité».

Anniversaire. Mais certains ex-salariés ont aussi évoqué devant les enquêteurs des éléments plus frivoles. Des déplacements en jet privé. Des achats de maillots du Stade rennais sur le budget publicitaire de Moulinex, qui n'avait aucun contrat de sponsoring avec le club de foot. Ou encore une paire de gants Hermès qui aurait été achetée par une salariée à la demande d'Alain Grimm-Hecker, alors directeur général adjoint, en vue de l'anniversaire de Pierre Blayau, pour environ 5 000 francs. Délicate attention. Les quelque 500 ex-salariés de Moulinex qui n'ont jamais retrouvé de travail apprécieront.

faupatronim
 
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