Sous-traitance
Droit de grève interdit à UPS
Les salariés d’UPS en lutte depuis dix jours contre les méthodes dictatoriales de leur direction ont reçu le soutien de leurs collègues d’Eurocopter.
" Chaque salarié renonce à toute action, demande, prétention, grève ou débrayage qui aurait pour objet ou origine une revalorisation des salaires, une révision des classifications au sein du site ou tout autre sujet qui entre dans le cadre de la négociation annuelle obligatoire. " Voilà un étrange impératif patronal à inscrire dans un protocole de fin de conflit. Mais la direction d’UPS la Courneuve, aux bons ordres d’Eurocopter, a franchi les limites de la légalité. Depuis le 9 juin, les salariés d’UPS la Courneuve, qui assurent la sous-traitance de l’entreprise Eurocopter, ont entamé un mouvement de grève suivi à 90 %. Ces derniers, dont certains après quinze ans d’ancienneté, ne gagnent toujours que 1 000 euros par mois, revendiquent des améliorations des conditions de travail qui ne semblent pas impossibles à satisfaire pour une entreprise qui a encore augmenté ses bénéfices de 24 % au premier trimestre 2004 : une revalorisation de 5 % de la masse salariale et une augmentation de 10 % pour les salaires les plus bas, un 13e mois, la disparition des inégalités hommes-femmes et des discriminations envers les syndicalistes, et une clarification des niveaux de qualification. Après cinq jours de mutisme, la direction déclare vouloir rétablir le dialogue. Mais, comme seule proposition de négociation, elle impose l’interdiction du droit de grève de " manière définitive et irrévocable ". " Certains ont signé le couteau sous la gorge, et ceux qui ont refusé ou ont opposé des réserves écrites se sont vu interdire de reprendre le travail ", explique Gérard Mantovani, secrétaire général CGT d’Eurocopter. Les droits du travail, chez Eurocopter, on ne connaît pas. Ainsi, la direction a élaboré une liste noire de salariés d’UPS jugés indésirables pour la reprise du travail, car grévistes. De plus, en accord avec la société sous-traitante, elle a annoncé l’embauche d’intérimaires supplémentaires pour remplacer les grévistes et la formation d’une partie du personnel d’Eurocopter pour travailler à UPS. Entre autres, selon la CGT, quatre ingénieurs stagiaires du bureau d’études ont été envoyés faire de la manutention à la place des grévistes. Cette stratégie patronale dictatoriale attise les tensions sur le site de La Courneuve, et face à cet abus illégal d’autorité, la riposte dépasse le cadre de l’entreprise sous-traitante : hier midi, des salariés d’Eurocopter se sont rassemblés devant l’usine en solidarité avec les grévistes.
Christelle Chabaud