
Dans l'Humanité
a écrit :Pour une alternative à l’alternance, vite ! Par Claude Debons, candidat sur la liste L’Europe, oui. Mais pas celle-là en Île-de-France.
Les élections ont souligné des traits communs à la plupart des pays d’Europe : un taux élevé d’abstention, signe d’une désaffection vis-à-vis de l’Union européenne réellement existante et d’un sentiment d’impuissance sur la capacité à changer les choses ; un vote sanction contre les gouvernements en place, signe d’un rejet des politiques libérales de gauche comme de droite ; une montée de différentes variantes de votes nationaux-populistes, signe de l’insuffisance d’alternative crédible à gauche.
Les résultats dans notre pays appellent une réflexion complémentaire. Le gouvernement en place est durement sanctionné. Deux ans après le désaveu infligé à son candidat, le Parti socialiste apparaît comme le seul vainqueur à gauche. Il est le principal vecteur du vote sanction contre Chirac-Raffarin-Sarkozy. A contrario, les listes LO-LCR, Verts ou PCF-Gauche populaire et citoyenne sont en recul plus ou moins sensible.
Ce résultat résonne comme une déconvenue pour tous ceux qui ont voulu voir dans le 21 avril autre chose qu’un " accident " et qui aspirent à proposer d’autres perspectives que l’attente de l’alternance.
La LCR paye le refus d’appeler clairement à battre la droite et une alliance étroite avec LO qui n’ouvre pas une véritable perspective politique. Note de Barikad: parceque la gestion de la région avec Huchon l'ami des patrons, pour un syndicaliste, c'est une perspective ? La volonté des Verts d’être le principal partenaire du PS les a conduits à des alliances au premier tour des régionales au détriment de leur visibilité indépendante. Au PCF, le choix d’une majorité de régions d’une alliance avec le PS au premier tour des régionales, puis d’un refus d’une réelle ouverture aux européennes, n’a pas permis de crédibiliser la démarche entreprise avec la Gauche populaire et citoyenne aux régionales en Île-de-France. Les minorités du Parti socialiste restent enfermées dans le débat interne et ses compromis tactiques.
Les appels de citoyens et d’acteurs sociaux ou politiques n’ont connu de débouchés qu’avec la liste Gauche populaire et citoyenne en Île-de-France et la liste autour des Motivés en Midi-Pyrénées lors des élections régionales. Ces expériences ont montré qu’une dynamique pouvait exister sans perte d’identité des partis qui avaient fait le choix de s’y impliquer.
Aucune des démarches (partidaire ou extra-partidaire) entreprises depuis le 21 avril n’a réussi à changer les rapports de forces globaux à gauche.
Une telle situation devrait pousser les partisans de l’alternative à réfléchir aux convergences susceptibles d’élargir leur espace politique.
Elle risque paradoxalement de nourrir des replis identitaires ou des adaptations fatalistes en attendant des jours meilleurs. Une telle attitude serait mortifère pour ceux qui y succomberaient, les condamnant à un statut d’obligés du PS au gré des circonscriptions concédées ou à la marginalisation impuissante. Si l’on a une autre ambition, il faut chercher les voies du dépassement de ces difficultés.
Si la crise de représentation politique n’est pas prête de s’achever, le cycle de débats et d’aspirations alternatives ouvert à gauche par le 21 avril est-il en train de se refermer ? La brutalité de l’offensive gouvernementale de démantèlement social est-elle en train de faire de l’absence de projet du PS un projet par défaut, celui du moindre mal pour " sauver les meubles " ?
Ces questions se posent dans un monde traversé de mobilisations sociales inégales. La défaite subie sur les retraites pèse négativement sur la mobilisation pour la Sécurité sociale. Beaucoup dépendra de l’épreuve de force engagée à EDF-GDF. L’isolement actuel de cette lutte permet à ses adversaires de la présenter comme une défense corporatiste de leur statut. La solidarité de tous permettrait d’en faire le môle de la défense des services publics et d’un certain modèle social face au tout-marché. Il y a urgence, car se joue là l’avenir de la résistance sociale au libéralisme, terreau essentiel pour l’émergence d’une alternative politique.
Le cycle de résistance au libéralisme ouvert par le mouvement de 1995 est-il en train de vaciller sous les coups de boutoir du gouvernement qui cherche à infliger aux travailleurs de notre pays des reculs essentiels sur les conquêtes de l’État social et à affaiblir durablement leurs capacités de résistance ? Il n’y a pas de déterminisme ou de fatalisme en politique. Les luttes sociales peuvent modifier le cours des choses. Des initiatives politiques audacieuses peuvent remettre au centre du débat l’ambition de l’alternative face au fatalisme de l’alternance.
L’espace demeure, même s’il paraît plus étroit qu’au lendemain du 21 avril. L’illégitimité du gouvernement à poursuivre son offensive peut provoquer une crise sociale et politique majeure avant 2007. Si le score du PS alimente la tentation hégémonique et le risque d’alternance sans alternative, il ne lui permet pas d’accéder seul au pouvoir. L’ampleur des abstentionnistes témoigne autant d’une insatisfaction du politique et de l’attente d’un renouveau des pratiques et des propositions que d’un désengagement définitif du politique. La perception au sein du mouvement social d’un besoin d’intervention politique a plutôt mûri à l’épreuve des difficultés d’aboutir seulement par les luttes.
Le résultat issu des urnes indique qu’aucune force prise séparément n’a de légitimité suffisante pour opérer autour d’elle un regroupement des forces anticapitalistes et alternatives. Leur salut commun est dans leurs convergences. Au-delà du soutien urgent aux luttes sociales en cours, trois démarches peuvent permettre d’avancer :
- l’exigence d’un référendum et une campagne unitaire pour un non de gauche au projet de constitution européenne,
- l’ouverture d’un chantier pluraliste de débat " programmatique " et d’états généraux décentralisés, associant courants politiques, groupes citoyens et mouvements sociaux, pour élaborer des propositions alternatives (des besoins sociaux jusqu’au changement de République !),
- le rassemblement, sur la base des propositions élaborées, des différents protagonistes pour des initiatives convergentes et des candidats communs à la gauche d’alternative au libéralisme et au capitalisme à l’occasion des prochaines échéances électorales.
Peut-être pourrait-on ainsi commencer à changer la gauche.
Heu... changer la gauche....non merci... par contre je reprendrai bien un peu de tiramisu