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REPERE FLASH N°26
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Lettre de la Coordination des Comités Résistance pour une Ecole Républicaine (REPERE) du 28 JUIN 2004
DANS CE NUMERO :
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1) QU'EST-CE QUE REPERE ?
2) LA LAICITE
3) LES DROITS DE L'ENFANT
4) LE CONGRES NATIONAL DU SNUipp
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1) QU'EST-CE QUE REPERE?
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Le collectif REPERE (REsistance Pour une Ecole REpublicaine) est un collectif pluraliste qui a pour objet l'analyse de l'école actuelle, la promotion d'un projet d'école laïque et républicaine, la proposition d'une praxis pour y parvenir, et de créer et de fédérer, des comités REPERE locaux en vue de toute action conforme a son projet. REPERE regroupe des adhérents aux niveaux local, départemental, régional et national. Les moyens d'action de REPERE sont tous ceux qui peuvent permettre d'atteindre légalement les objectifs du collectif, et en particulier :
- réunions, colloques, manifestations, brochures et centre de documentation, etc.
- intervention directe auprès des pouvoirs publics et des collectivités.
CONTACT :
-------------------
Jean-François CHALOT
Coordinateur National des Comités REPERE
REPERE 27 rue de la Réunion 75020 PARIS
Courriel : repere_flash@gaucherepublicaine.org
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2) LA LAICITE
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3) LES DROITS DE L'ENFANT
DROITS DE L’ENFANT
ET
AUTORITE DANS LA RELATION EDUCATIVE
Jean Le Gal
Chargé de mission aux droits de l'enfant et à la citoyenneté de l'ICEM
Lorsque je travaille avec des professionnels ou des familles pour la mise en oeuvre des libertés et du droit de participation reconnus aux enfants par la Convention internationale des droits de l’enfant, les questions concernant les limites à poser à l’exercice des libertés et à la participation des enfants, l’élaboration des règles de vie, le traitement des transgressions, les sanctions apparaissent très rapidement. Autant de questions qui amènent une interrogation sur l’autorité car en affirmant que les enfants ont des droits et que ces droits doivent être respectés, la Convention a signifié aux adultes qu’ils n’ont plus tous les pouvoirs sur la relation qu’ils mettent en place et sur les moyens d’exercer leur autorité.
L’enfant est une personne dont la dignité doit être respectée. L’article 28 de la Convention stipule que « Les Etats parties prennent toutes les mesures appropriées pour veiller à ce que la discipline scolaire soit appliquée d'une manière compatible avec la dignité de l'enfant en tant qu'être humain et conformément à la présente Convention » . Il est titulaire de libertés qu’il doit pouvoir exercer dans tous les lieux où il vit. Il a en particulier le droit de donner son avis sur les questions qui le concernent. L’article 12 de la Convention fait obligation aux Etats parties de garantir « à l’enfant qui est capable de discernement le droit d’exprimer librement son opinion sur toute question l’intéressant, les opinions de l’enfant étant dûment prises en considération eu égard à son âge et à son degré de maturité »
Placés face à cette situation nouvelle, qui parfois va à l’encontre de leurs représentations de la place de l’enfant et de la relation éducative, il est normal que de nombreux éducateurs s’interrogent.
La « négociation » et la « participation » doivent devenir des points d’appui de la vie et de l’action éducative dans la famille, les centres de loisirs, les écoles, les institutions éducatives. Or Gérard Mendel , dans son livre, Une histoire de l’autorité, pense qu’il existe aujourd’hui une caractéristique largement reconnue : l’autorité s’inscrit dans le régime de la dissymétrie. Dès qu’on argumente, on se place sur un plan d’égalité. L’espace démocratique serait donc un facteur de fragilisation. Il y aurait une crise de l’autorité.
Caroline Eliacheff, pédopsychiatre et psychanalyste, pense que la difficulté la plus courante des parents en matière d’éducation est d’ « être débordés par les enfants et ne pas arriver à mettre des limites ». « Je vois arriver des parents dépassés par des enfants de 3 ans qui font aussi disjoncter la maîtresse » ajoute-t-elle. Les parents finissent « par être très autoritaires et tabassent leurs enfants quand ils sont exaspérés. La plupart des parents savent très bien qu’il faut mettre des limites si possible calmement. Certains ne peuvent pas supporter le mécontentement de l’enfant, qu’ils ressentent comme un désamour. »
Il est aujourd’hui beaucoup question d’éducateurs submergés, de parents débordés, « chaque jour confrontés aux affres de la négociation et de la justification permanentes » écrit Alain Renaut , dans son livre, La libération des enfants.
Il soutient que l’émergence de la démocratie a libéré les êtres humains de leurs assujettissements traditionnels et a imprimé aux relations une dimension contractuelle en vertu de laquelle il n’est plus de pouvoir qui se puisse exercer sans se soucier d’obtenir l’adhésion de ceux sur qui il s’exerce.
Cette situation a transformé aussi, en profondeur, le rapport aux enfants. Pour lui, « Plus rien de ce qui régulait chez les adultes l’exercice de leurs responsabilités à l’égard des enfants ne demeure évident. » « L’éducation est devenue l’une des questions devant lesquelles les sociétés démocratiques trébuchent, ne sachant comment conjuguer la nécessaire dénivellation impliquée par le rapport pédagogique et l’exigence postulée par le fait démocratique. Si l’enfant est l’égal des adultes qui l’élèvent et l’éduquent, il est cet être paradoxal qui a besoin d’eux pour devenir ce qu’il est. »
Les interrogations sur l’autorité au regard des droits de l’enfant concernent tous les acteurs des institutions accueillant des enfants.
Le Journal de l’animation, novembre 2002, a consacré un dossier à « Autorité et sanction » dans lequel il pose des questions auxquelles il est nécessaire d’apporter des réponses :
- L’autorité de l’adulte a-t-elle encore une quelconque légitimité ?
- A-t-il encore le droit de punir l’enfant sans tomber sous l’accusation de maltraitance ?
En ce qui concerne les institutions de la petite enfance, Joseph Coquoz, le directeur de L’Ecole d’études sociales et pédagogiques (EESP) de Lausanne, dans une réflexion sur les « fondements introuvables de l’autorité éducative » qu’il écrit en préface d’une étude consacrée par une éducatrice Sylvie Chatelain, aux « Règles, éducation et obéissance » dans les institutions de la petite enfance, se demande « Y a-t-il encore à éduquer cet enfant s’il devient l’égal de l’adulte ?»
Dans ce contexte général d’incertitude et d’interrogation, je défends personnellement « une autorité basée sur l’apprentissage de la liberté » en m’appuyant sur la Convention internationale des droits de l’enfant et sur les principes fondamentaux du droit, un apprentissage de la liberté qui est aussi un apprentissage des obligations et des limites qu’impliquent de vivre avec les autres.
Freinet, dès 1923, préconisait une « liberté sociale » : « Il n’est plus question d’apprendre seulement à l’enfant la liberté individuelle dans toute l’étendue de ses droits, mais plutôt les justes tempéraments que la vie sociale apporte à la pratique de ces libertés. Et l’énoncé théorique des droits et des devoirs de l’individu dans la communauté ne suffit plus : c’est la pratique sociale qu’il faut développer afin que l’homme sache plus tard se conduire librement dans toutes les diverses occasions de sa vie. »
Il est essentiel que des limites soient fixées et que chacun sache clairement ce qui est possible et ce qui est interdit lorsqu’il agit au sein d’une collectivité.
Poser des limites est donc nécessaire mais « qu’est-ce qui peut justifier des limites posées à l’exercice des droits et des libertés d’un enfant ? » se demandent les éducatrices de jeunes enfants avec qui nous étudions la mise en oeuvre des droits-libertés dans les crèches et les haltes-garderies.
« Qui peut ou doit poser les limites et comment les poser pour qu’elles aient du sens pour les enfants ? »
« Quelles sont celles qui sont négociables et celles qui ne le sont pas ? »
« Comment faire lorsque les limites et les règles sont différentes à la maison et dans la structure ? »
Les limites sont nécessaires mais il est difficile de savoir où fixer la barrière entre le permis et l’interdit.Michel Tozzi, professeur de Sciences de l’Education à Montpellier, propose, dans un article sur « L’école et le rapport à la loi » le concept d’ « autorité participative, voire coopérative ». L’autorité participative vise à sa reconnaissance comme accompagnement pour grandir. Elle s’exerce par la discussion et la négociation, dans un cadre en partie coélaboré, en partie non négociable. Michel Tozzi parle de l’école mais nous pouvons faire aisément le transfert dans les autres institutions. Pour lui, une « autorité participative » suppose :
1- « de bien délimiter le non négociable éducatif, celui dont on explique la source et le fondement pour qu’il soit connu et compris, mais qui n’est pas soumis à décision commune, et auquel le maître lui-même est l’obligé : au niveau de la civilité, l’interdiction de la violence physique ou de la blessure verbale dans une communauté éducative comme modes de relation entre élèves et avec les adultes, qui tire éthiquement son sens du respect des droits de l’homme et de la personne ; au niveau de la légalité et de la citoyenneté, le respect du règlement actuel de l’établissement et des lois du pays ( normes juridico-politiques), quitte à discuter leur légitimité pour agir en vue de leur évolution ; au niveau du rapport au savoir, le contenu des programmes, la vérité des connaissances dispensées, parce qu’elles sont, même provisoirement, validées rationnellement par la communauté scientifique »
2. de cerner ce qui peut être, c’est affaire de pédagogie dans le champ d’autonomie du maître, de l’équipe éducative : les règles de vie de classe, tant qu’elles ne contredisent pas le règlement de l’établissement ou la loi ; l’organisation du travail individuel et collectif ; le règlement de l’école par le biais des délégués.... »
Il est donc important que les textes qui régissent le fonctionnement de l’institution ( projet éducatif- charte-règlement intérieur...) précisent les libertés qui pourront s’exercer avec les limites et obligations qu’impliquent la vie en collectivité et l’obligation de protection de l’enfant faite aux adultes qui en sont responsables.
Les non-négociables étant précisés, chaque éducateur pourrait alors mieux cerner ce qui relève de son champ d’autonomie. Nous savons que des facteurs personnels ( personnalité- profil éducatif- conception éducative...) interviennent fortement pour déterminer ce qui sera strictement interdit, ce qui sera toléré, ce qui sera encouragé, ce qui complique singulièrement l’élaboration des règles de la collectivité car il faut alors se mettre d’accord afin d’agir avec cohérence.
Pour le bon fonctionnement des activités et de la vie collective, la cohérence est nécessaire. Par contre la question demeure posée de savoir si entre deux lieux différents, l’institution d’accueil des enfants et la famille par exemple, il est nécessaire que les repères soient les mêmes. Cela interroge évidemment la relation avec la famille lorsqu’elle a des valeurs et des pratiques éducatives différentes.
Poser un interdit est nécessaire mais ça ne suffit pas. Il est impératif d’intervenir lorsque cette limite n’est pas respectée. Et c’est là qu’à nouveau se repose la question de l’autorité.
Autorité pour fixer des limites à l’exercice des libertés et du pouvoir de décision,
Autorité pour intervenir efficacement lorsque ces limites sont transgressées.
Et c’est peut-être aujourd’hui ce qui pose le plus problème aux parents. Ils se demandent quand et comment intervenir. Et par ailleurs, comme l’a souligné Caroline Eliacheff, ils redoutent les réactions hostiles de l’enfant, les bouderies, les « je ne t’aime plus »...
C’est dans ce contexte que les 50 étudiants et étudiantes de 2e année du Centre de Formation des Educateurs de Jeunes Enfants de Nantes, se sont interrogés en avril 2004, sur l’autorité au regard des droits de l’enfant, en réponse à deux questions :
1- Au regard des droits de l’enfant, quel sens peut-on donner, aujourd’hui, à l’autorité dans une institution de la petite enfance ?
2- Quels sont les moyens que peut, ou ne peut pas, utiliser un éducateur de jeunes enfants pour exercer son autorité ?
Question 1 : Au regard des droits de l’enfant, quel sens peut-on donner, aujourd’hui, à l’autorité dans une institution de la petite enfance ?
1. Autorité et droits de l’enfant
L’autorité n’est pas contradictoire avec les droits de l’enfant.
Elle doit s’appuyer sur le respect de l’enfant. Elle garantit sa sécurité physique et psychique. Les règles , limites et interdits sécurisent l’enfant en donnant un cadre cohérent sinon l’enfant est livré à lui-même. L’autorité est nécessaire pour le maintien de ce cadre sécurisant. mis en place dans le souci du respect de chacun.
Elle garantit l’exercice par tous des droits et des libertés : prise en compte de la parole, respect de l’écoute. Mais elle est aussi un moyen pour montrer à l’enfant qu’il existe des limites à l’exercice des libertés, des obligations et des devoirs. Elle peut être ressentie comme ambivalente puisqu’elle liée à la fois aux droits à garantir et aux devoirs à exiger.
Il est important d’avoir les droits de l’enfant en tête sinon on peut arriver à des dérives. L’intérêt de l’enfant doit demeurer une constante lorsqu’il est nécessaire de faire preuve d’autorité.
2. Exercice des libertés
Un éducateur ne doit pas être permissif en laissant s’exercer les libertés sans limites. Il est nécessaire dans la vie de l’enfant de poser des limites en relation avec les exigences de la vie en société. L’interdit est rassurant quand il est le même pour tous. Les règles et les sanctions doivent être adaptées au stade de développement de l’enfant, à son âge. L’enfant s’épanouit en collectivité lorsqu’il existe des règles sécurisantes dont il comprend le sens.
Mais en présence de contraintes, l’enfant transgresse pour s’exprimer en tant qu’individu : . jusqu’où peut-on le laisser faire ? Les interventions, en particulier physiques, lorsqu’elles sont nécessaires, par exemple pour contenir un enfant, doivent être respectueuses de sa personne. Il est nécessaire de bien observer la situation et ne pas intervenir en cas de doute.
3. Autorité et éducation
L’autorité est nécessaire à la socialisation de l’enfant : poser un acte d’autorité, c’est structurant,. Elle permet de le rendre responsable de ses actes. En lui faisant comprenne le sens de ses transgressions et le respect de la règle, on lui permet de faire l’apprentissage de la loi, de prendre conscience de sa place dans la relation avec les autres, de connaître ses limites, de se structurer.Mais il est nécessaire dans le processus mis en oeuvre de tenir compte des capacités et des besoins de l’enfant qui évoluent avec l’âge.
4. Exercice de l’autorité
L’autorité doit être éducative. Elle n’est pas l’autoritarisme. On peut faire respecter des règles de vie collective sans être autoritaire. L’autorité c’est être juste, sinon c’est de l’autoritarisme même si l’enfant ne le vit pas toujours comme une question de justice mais comme une frustration, sauf quand il s’apercevra que cette autorité est garante de ses propres droits.
Il est important de ne pas tomber dans l’abus de pouvoir et donc, pour l’éducateur, de réfléchir sur ses actes. Il doit être cohérent, mettre en pratique ce qu’il demande à l’enfant. Il doit bien situer sa place dans la relation éducative : l’enfant a des droits mais ce n’est pas lui qui détient l’autorité.
Tous les professionnels sont garants de l’autorité par rapport aux enfants, c’est la cohérence éducative. Qu’est-ce que ça veut dire quand on dit à un professionnel qu’il n’a pas d’autorité ?
Se faire respecter par l’enfant ? Mais la dérive peut être l’autoritarisme entraînant la soumission. Lorsqu’on fait acte d’autorité on attend un effet, que l’enfant s’auto-norme
Si l’enfant fait ce qu’on lui demande, est-ce de la soumission ou est-ce que l’enfant entend la demande ? Quand il y a soumission, l’enfant ne comprend pas le sens de ce qu’on lui impose de faire. Poser un acte d’autorité, c’est faire comprendre, aider l’enfant à intégrer des règles, qu’il a des désirs qui ne peuvent pas toujours être pris en compte, qu’il faut faire avec les contraintes de la collectivité, de la société.
2- Quels sont les moyens que peut, ou ne peut pas, utiliser un éducateur de jeunes enfants pour exercer son autorité ?
PEUT NE PEUT PAS
L’éducateur de jeunes enfants doit se référer aux droits de l’enfant. Il doit savoir ce qui est négociable et ce qui ne l’est pas dans son institution et ainsi poser des limites à l’avance. Il est important pour lui de connaître ses propres limites dans les situations conflictuelles afin de passer le relais à un autre professionnel. Lorsqu’il constate une transgression des règles, il doit savoir adapter le type de « non » qu’il prononce au contexte et à la situation. Il doit s’autoriser à dire « non » sans explication, même si la relation par la parole est très importante afin de faire comprendre à l’enfant le sens de son acte. Des espaces de parole doivent exister pour cette relation. La parole de l’enfant doit pouvoir s’exprimer, être entendue et prise en compte. La communication non verbale est aussi importante pour faire comprendre à l’enfant qu’il dépasse les limites : gestes, attitudes, regard... Une certaine fermeté est nécessaire et, parfois, il est indispensable de contenir physiquement l’enfant mais attention alors à ne pas basculer dans la violence physique et à être soi-même envahi par la violence. Des règles doivent être élaborées et présentées aux enfants. Leur rappel et leur répétition sont importantes pour qu’elles soient intégrées La sanction doit être pensée et accompagnée en équipe. Les membres de cette équipe doivent faire preuve de cohérence à la fois au niveau des interventions et au niveau des sanctions. La sanction doit demeurer éducative et constructive. Elle doit être en relation avec l’acte afin qu’elle ait un sens pour l’enfant : réparation du dommage commis ; perte de l’exercice d’un droit... L’isolement est une forme de sanction qui peut permettre à l’enfant de se calmer, de ne pas envahir l’espace des autres. Les châtiments corporels et la maltraitance physique sont interdits par la loi : être brutal dans ses gestes, intervenir physiquement sans accompagnement verbal.. Il en est de même pour la violence verbale et l’humiliation morale : dévalorisation, stigmatisation de l’enfant, chantage , menaces, mots blessants, indifférence, jugements péjoratifs sur l’enfant ou sur sa famille. Les punitions telles que mettre l’enfant sans son lit, le priver de dessert, les sanctions démesurées, excessives, sont à proscrire. L’éducateur ne doit pas abuser du pouvoir que lui confère son statut d’adulte pour soumettre l’enfant.
4) LE CONGRES NATIONAL DU SNUipp
REPERE continue l’expression des tendances.
Nous publierons sans exception une expression par tendance de la FSU, celles qui ne paraîtront , seront celles non reçues….
Aujourd’hui voici le point de vue d’Emancipation
LE CONGRES NATIONAL DU SNUIPP: "LE SYNDICALEMENT CORRECT"
Un congrès national du SNUipp est un jeu d'équilibre, équilibre politique élaboré par les dirigeants des deux tendances co-gérant ce syndicat, Unité & Action (UA) et Ecole Emancipée (EE), à travers des textes préparatoires. Le jeu consiste alors à veiller à ce que le Congrès modifie le moins possible et adopte cette synthèse construite entre les deux tendances, arrangement non absent, il va de soi, de divers donnant donnant.
• LES ARRANGEMENTS DE COULISSES…
Quelques exemples de moyens utilisés pour cela:
1- définir un ordre du jour, sur lequel le Congrès n'aura pas à se prononcer, qui ignore certains sujets “chauds”, pas de place pour débattre du fonctionnement interne du syndicat, de la recomposition syndicale entreprise par la FSU et pourtant grandement appuyée par le SNUipp, de la laïcité…
2- inclure dans l'emploi du temps déjà surchargé des moments de diversion qui ne laisseront pas le temps d'aborder certains sujets cruciaux. Ainsi plus de six heures de plénière furent consacrées à l'exposé du PDG de l'Institut CSA au sujet d'un sondage que lui avait commandé le SNUipp, à une “table ronde” insipide entre la Secrétaire Générale du SNUipp et les Présidents de la FCPE et de la Ligue de l'Enseignement, à une conférence pédagogique de S. BOIMARE (tout à fait intéressante par ailleurs)…
3- marquer les limites que le débat ne doit pas franchir, ce que fit N. GENEIX (Secrétaire Gale) dès ses premières interventions; ainsi, “La hauteur de l'implication du SNUipp dans le mouvement du printemps n'est remise en cause par personne.”.
Mais le plus terrible est que les congressistes ont parfaitement intégré ce fonctionnement: les débats sont feutrés, jamais de question embarrassante… Bref, le “syndicalement correct” est de vigueur. Du coup, nos dirigeants nationaux n'ont eu que très peu l'occasion de jouer les pompiers. Ce qu'ils savent parfaitement faire, s'il est parfois utile, en jouant sur la fibre affective des congressistes: tous les délégués ou presque ont créé le SNUipp dans leur département, parfois dans des conditions difficiles, pas question donc de mettre en péril “leur” œuvre et les mises en garde régulières du Secrétariat Général sur les dangers d'éclatement qu'il y aurait à franchir “la ligne jaune” jouent à plein.
L'expression des tendances enfin est quasi, ce qui donne un débat éparpillé, déstructuré… et finalement des mandats suffisamment larges et imprécis pour laisser les mains libres à la direction.
Dans ce contexte, nos délégués d'EMANCIPATION jouent bien-sûr les troublions: aborder les sujets tabous, poser les questions dérangeantes, s'indigner… Même peu nombreux, notre rôle est donc essentiel et nos nombreuses interventions (1) ont été écoutées avec beaucoup d'attention et d'intérêt, certains congressistes n'hésitant pas à venir nous dire leur satisfaction, leur soulagement… que nous ayons empêché certains sujets d'être tus, comme la précarité, l'école libérale ou le retour sur le mouvement de mai/ juin 2003.
• DES RAISONS D'ESPERER CEPENDANT…
Pour le reste, le SNUipp entend bien plus s'adapter aux évolutions de la société qu'à les refuser et y résister, au plus espère-t-il influer sur les marges. D'où la revendication d'être présent dans toutes les commissions, tables rondes ou autres… chargées de la mise en place des mesures libérales. D'où aussi, l'entêtement à refuser une lecture globale et conhérente de ces contre-réformes: la prochaine nouvelle loi d'orientation de Fillon, la future constitution européenne… ne doivent pas être caractérisées puisqu'elles ne sont pas connues. Comme si l'on pouvait avoir encore la moindre illusion sur leur idéologie et leur contenu!
Et si les analyses font preuve chaque fois d'un peu plus de réalisme, c'est grâce aux interventions multiples de militants de base, de quelques sections et groupes constitués (dont le groupe EcolE de Seine-Maritime et notre tendance Emancipation). Pas question cependant de bâtir l'ensemble des mandats syndicaux à partir de la réalité de la vague néo-libérale. Les dénonciations des dangers de la marchandisation, de la casse des statuts n'apparaissent que par bride, au fil des textes, un peu comme de simples suppléments d'âme ponctuels.
La nature des propositions d'action découle logiquement de ce déficit d'analyse. Ainsi, si le Congrès a appelé à la construction d'une grève interprofessionnelle au sujet de l'Assurance Maladie, il ne fut pas possible d'y adjoindre la volonté que celle-ci soit générale et reconductible. Il faut dire que le vote indicatif avait donné sa préférence à la manifestation nationale.
Les congressistes savent pourtant se faire entendre par moment. Ainsi les orientations de plus en plus précoces au collège, dont la future nouvelle 3ème de Fillon, furent condamnées sans aucune ambiguïté, le Congrès réaffirmant, contrairement au SNES, sa volonté déterminée à construire envers et contre tout un véritable “collège unique”.
Deux fois, le congrès balaya même les propositions de la direction aux sourires bien crispés alors:
- celle de ne plus revendiquer la disparition de la hors classe dans le corps des professeurs des écoles (PE), mais de réclamer un élargissement d'accès (2). Ce reniement eût été d'autant plus grave que l'on connaît les volontés gouvernementales d'instaurer plus encore le salaire au mérite.
- celle de demander que de nombreux postes soient fléchés, c'est-à-dire réservés à certains collègues, ce qui revenait à faire entrer plus encore d'arbitraire dans le mouvement du premier degré au grand bénéfice de la hiérarchie.
• LES LUTTES D'EMANCIPATION…
• Le SNUipp, à l'image de l'ensemble du syndicalisme, refuse toujours de prendre en compte l'ampleur et la gravité de la précarité. Nous fûmes les seuls à dénoncer avec vigueur ce qui représente une faute tant du point de vue de la solidarité, qui plus est envers les plus exploités, que de la défense des droits.
Aussi, EMANCIPATION proposa l'amendement suivant: remplacer “Le SNUipp propose que soient recherchées toutes les voies diversifiées de leur titularisation” par “Le SNUipp exige la titularisation immédiate, sans condition de diplôme et de nationalité de tous les précaires.” Nous fûmes certes assez nettement minoritaires mais de nombreux délégués furent troublés pas nos interventions.
• Pour plusieurs sections, la revendication d'un temps de concertation accru et d'une réduction de temps de travail (RTT), l'étape des 24 vers les 21 heures, peut se faire en diminuant le temps d'enseignement des élèves. Sur ce point, nous avons dit combien cela serait inacceptable! En des temps où les écarts culturels ne cessent de s'accroître, où les inégalités sociales explosent… les enfants des classes populaires ont besoin de mieux, mais aussi de plus d'Ecole Publique. Ce “moins d'école” serait s'orienter vers un tri social encore aggravé. Surtout que l'on sait à quel point aujourd'hui
- le post et péri scolaire est source d'inégalités sociales particulièrement profondes,
- à quel point aussi il est, encore plus que l'Ecole Publique, à la merci de la marchandisation.
Autre garde-fou que nous avons réclamé, que ces mesures s'accompagnent de créations massives d'emplois statutaires. Sur ces points, le congrès nous a suivis.
• Seuls, nous avons défendu un projet d'école global alternatif à l'école libérale quand le SNUipp, tout comme la FSU d'ailleurs, en manquent cruellement.
• Nous avons obtenu du congrès qu'il soutienne la Marche européenne des sans-papiers, de Bruxelles à Paris, du 31 mai au 12 juin. Là encore, nous fûmes les seuls à aborder ce sujet. Cette Marche avait pourtant été décidée lors du dernier Forum social de St Denis auquel a participé le SNUipp. On peut donc multiplier les effets de manche lors de ces forums sans en tirer les conséquences de positionnement et de solidarité.
• Au sujet de Fenêtres sur Cours, nos interventions furent là encore sans concession: sur les choix rédactionnels du journal, devenu vague revue pédagogique sans conviction mais surtout sur la place prépondérante prise par la publicité. Nous avons lu à la tribune le courrier reçu de deux syndiqués:
“Fenêtre sur Cours affiche en quatrième de couverture une
pub pour disney channel; le numéro précédent c'était pour microsoft, pour des actions dites pédagogiques . C'est se foutre de la gueule du monde, de tous ceux qui s'agitent pour contenir le libéralisme et sa pensée dévastatrice.
C'est une compromission inadmissible, un signe extérieur du "tout se vaut". C'est une injure à toutes celles et ceux qui se sont battus l'an passé contre des réformes qui vont assujettir notre société.” …
et déposer une motion mandatant le Conseil National “… pour trouver dans les délais les plus rapides les solutions techniques et financières qui permettent de ne plus recourir à la publicité.”
• Enfin, notre dernière motion demandait au SNUipp de s'opposer dès maintenant à l'entrée de syndicats de l'enseignement privé dans la FSU, ce qui compromettrait totalement nos idéaux laïques déjà bien malmenés.
Ces deux dernières motions (publicité et laïcité) seront examinées en Conseil National, le congrès n'ayant pas eu le temps de les examiner.
• LA DESIGNATION DE LA DIRECTION NATIONALE…
Ce fut le seul sujet qui opposa Unité&Action et Ecole Emancipée. Rappelons tout d'abord les règles du jeu bien peu démocratiques: une commission auto-désignée coopte, après accord politique entre U&A et EE, 40 membres (20 pour le Secrétariat National -S.N.-, 20 pour les secteurs) qui composeront la direction nationale du syndicat, le congrès n'ayant qu'à entériner ces choix. Ces Camarades auront de plus droit de vote lors des Conseils nationaux et représentent donc à eux seuls plus du tiers de l'instance délibérative décisionnelle du SNUipp!
Jusuqu'ici l'équilibre du Secrétariat Général -S.G.- issu du SN était de 2 U&A pour 1 EE. Leur rapprochement politique de plus en plus intime, le fait que le droit de tendance apparaisse de moins en moins, dans la vie syndicale quotidienne comme dans les expressions, jusqu'à devenir sans influence, voire méconnu, amène des syndiqués de plus en plus nombreux à se revendiquer “hors tendance” (HT): ils représentaient 43% des délégués au congrès. U&A a souhaité qu'au moins l'un d'entre eux entre au S.G. L'EE a accepté à condition que cela ne remette pas en cause les équilibres politiques. Après beaucoup de “cuisine interne”, la décision a été prise de créer un S.G. de six membres, 3 U&A, 2 EE et 1 HT, sans Secrétaire Général(e). La porte est désormais ouverte à encore plus de manipulation et moins de transparence. Que représentera un HT, qui n'aura pas exposé, écrit, ni même peut-être théorisé ses orientations ? L'EE proposait que chaque tendance laisse une place à un HT sur son contingent mais un HT désigné par une tendance est-il vraiment sans tendance ? La réponse va de soi!…
Une certitude: le droit de tendance est menacé dans le SNUipp. Pour tous ceux qui pensent qu'il est indispensable à l'unité du syndicalisme, le renforcement d'Emancipation, dernière tendance à le défendre avec intransigeance, est indispensable. Trop peu nombreux, nous avons fait la preuve qu'il était cependant possible d'influer sur un congrès de façon significative. Dès lors, avec davantage de Camarades, les ambitions pourraient devenir tout autres.
Jean-Michel Bavard
Oise
(1) Soyons justes en précisant que notre temps de paroles fut parfaitement respecté et admettons que, sur ce point au moins, il y a progrès par rapport au feu SNI-Pegc/ FEN.
(2) Aujourd'hui seuls 1,5% des PE accèdent à l'indice terminal 782 de la hors-classe contre 40% chez les certifiés: il s'agissait donc pour le SNUipp de n'avoir rien à envier au SNES en matière de corporatisme!
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REPERE FLASH N°26
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Lettre de la Coordination des Comités Résistance pour une Ecole Républicaine (REPERE) du 28 JUIN 2004
DANS CE NUMERO :
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1) QU'EST-CE QUE REPERE ?
2) LA LAICITE
3) LES DROITS DE L'ENFANT
4) LE CONGRES NATIONAL DU SNUipp
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1) QU'EST-CE QUE REPERE?
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Le collectif REPERE (REsistance Pour une Ecole REpublicaine) est un collectif pluraliste qui a pour objet l'analyse de l'école actuelle, la promotion d'un projet d'école laïque et républicaine, la proposition d'une praxis pour y parvenir, et de créer et de fédérer, des comités REPERE locaux en vue de toute action conforme a son projet. REPERE regroupe des adhérents aux niveaux local, départemental, régional et national. Les moyens d'action de REPERE sont tous ceux qui peuvent permettre d'atteindre légalement les objectifs du collectif, et en particulier :
- réunions, colloques, manifestations, brochures et centre de documentation, etc.
- intervention directe auprès des pouvoirs publics et des collectivités.
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Jean-François CHALOT
Coordinateur National des Comités REPERE
REPERE 27 rue de la Réunion 75020 PARIS
Courriel : repere_flash@gaucherepublicaine.org
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2) LA LAICITE
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3) LES DROITS DE L'ENFANT
DROITS DE L’ENFANT
ET
AUTORITE DANS LA RELATION EDUCATIVE
Jean Le Gal
Chargé de mission aux droits de l'enfant et à la citoyenneté de l'ICEM
Lorsque je travaille avec des professionnels ou des familles pour la mise en oeuvre des libertés et du droit de participation reconnus aux enfants par la Convention internationale des droits de l’enfant, les questions concernant les limites à poser à l’exercice des libertés et à la participation des enfants, l’élaboration des règles de vie, le traitement des transgressions, les sanctions apparaissent très rapidement. Autant de questions qui amènent une interrogation sur l’autorité car en affirmant que les enfants ont des droits et que ces droits doivent être respectés, la Convention a signifié aux adultes qu’ils n’ont plus tous les pouvoirs sur la relation qu’ils mettent en place et sur les moyens d’exercer leur autorité.
L’enfant est une personne dont la dignité doit être respectée. L’article 28 de la Convention stipule que « Les Etats parties prennent toutes les mesures appropriées pour veiller à ce que la discipline scolaire soit appliquée d'une manière compatible avec la dignité de l'enfant en tant qu'être humain et conformément à la présente Convention » . Il est titulaire de libertés qu’il doit pouvoir exercer dans tous les lieux où il vit. Il a en particulier le droit de donner son avis sur les questions qui le concernent. L’article 12 de la Convention fait obligation aux Etats parties de garantir « à l’enfant qui est capable de discernement le droit d’exprimer librement son opinion sur toute question l’intéressant, les opinions de l’enfant étant dûment prises en considération eu égard à son âge et à son degré de maturité »
Placés face à cette situation nouvelle, qui parfois va à l’encontre de leurs représentations de la place de l’enfant et de la relation éducative, il est normal que de nombreux éducateurs s’interrogent.
La « négociation » et la « participation » doivent devenir des points d’appui de la vie et de l’action éducative dans la famille, les centres de loisirs, les écoles, les institutions éducatives. Or Gérard Mendel , dans son livre, Une histoire de l’autorité, pense qu’il existe aujourd’hui une caractéristique largement reconnue : l’autorité s’inscrit dans le régime de la dissymétrie. Dès qu’on argumente, on se place sur un plan d’égalité. L’espace démocratique serait donc un facteur de fragilisation. Il y aurait une crise de l’autorité.
Caroline Eliacheff, pédopsychiatre et psychanalyste, pense que la difficulté la plus courante des parents en matière d’éducation est d’ « être débordés par les enfants et ne pas arriver à mettre des limites ». « Je vois arriver des parents dépassés par des enfants de 3 ans qui font aussi disjoncter la maîtresse » ajoute-t-elle. Les parents finissent « par être très autoritaires et tabassent leurs enfants quand ils sont exaspérés. La plupart des parents savent très bien qu’il faut mettre des limites si possible calmement. Certains ne peuvent pas supporter le mécontentement de l’enfant, qu’ils ressentent comme un désamour. »
Il est aujourd’hui beaucoup question d’éducateurs submergés, de parents débordés, « chaque jour confrontés aux affres de la négociation et de la justification permanentes » écrit Alain Renaut , dans son livre, La libération des enfants.
Il soutient que l’émergence de la démocratie a libéré les êtres humains de leurs assujettissements traditionnels et a imprimé aux relations une dimension contractuelle en vertu de laquelle il n’est plus de pouvoir qui se puisse exercer sans se soucier d’obtenir l’adhésion de ceux sur qui il s’exerce.
Cette situation a transformé aussi, en profondeur, le rapport aux enfants. Pour lui, « Plus rien de ce qui régulait chez les adultes l’exercice de leurs responsabilités à l’égard des enfants ne demeure évident. » « L’éducation est devenue l’une des questions devant lesquelles les sociétés démocratiques trébuchent, ne sachant comment conjuguer la nécessaire dénivellation impliquée par le rapport pédagogique et l’exigence postulée par le fait démocratique. Si l’enfant est l’égal des adultes qui l’élèvent et l’éduquent, il est cet être paradoxal qui a besoin d’eux pour devenir ce qu’il est. »
Les interrogations sur l’autorité au regard des droits de l’enfant concernent tous les acteurs des institutions accueillant des enfants.
Le Journal de l’animation, novembre 2002, a consacré un dossier à « Autorité et sanction » dans lequel il pose des questions auxquelles il est nécessaire d’apporter des réponses :
- L’autorité de l’adulte a-t-elle encore une quelconque légitimité ?
- A-t-il encore le droit de punir l’enfant sans tomber sous l’accusation de maltraitance ?
En ce qui concerne les institutions de la petite enfance, Joseph Coquoz, le directeur de L’Ecole d’études sociales et pédagogiques (EESP) de Lausanne, dans une réflexion sur les « fondements introuvables de l’autorité éducative » qu’il écrit en préface d’une étude consacrée par une éducatrice Sylvie Chatelain, aux « Règles, éducation et obéissance » dans les institutions de la petite enfance, se demande « Y a-t-il encore à éduquer cet enfant s’il devient l’égal de l’adulte ?»
Dans ce contexte général d’incertitude et d’interrogation, je défends personnellement « une autorité basée sur l’apprentissage de la liberté » en m’appuyant sur la Convention internationale des droits de l’enfant et sur les principes fondamentaux du droit, un apprentissage de la liberté qui est aussi un apprentissage des obligations et des limites qu’impliquent de vivre avec les autres.
Freinet, dès 1923, préconisait une « liberté sociale » : « Il n’est plus question d’apprendre seulement à l’enfant la liberté individuelle dans toute l’étendue de ses droits, mais plutôt les justes tempéraments que la vie sociale apporte à la pratique de ces libertés. Et l’énoncé théorique des droits et des devoirs de l’individu dans la communauté ne suffit plus : c’est la pratique sociale qu’il faut développer afin que l’homme sache plus tard se conduire librement dans toutes les diverses occasions de sa vie. »
Il est essentiel que des limites soient fixées et que chacun sache clairement ce qui est possible et ce qui est interdit lorsqu’il agit au sein d’une collectivité.
Poser des limites est donc nécessaire mais « qu’est-ce qui peut justifier des limites posées à l’exercice des droits et des libertés d’un enfant ? » se demandent les éducatrices de jeunes enfants avec qui nous étudions la mise en oeuvre des droits-libertés dans les crèches et les haltes-garderies.
« Qui peut ou doit poser les limites et comment les poser pour qu’elles aient du sens pour les enfants ? »
« Quelles sont celles qui sont négociables et celles qui ne le sont pas ? »
« Comment faire lorsque les limites et les règles sont différentes à la maison et dans la structure ? »
Les limites sont nécessaires mais il est difficile de savoir où fixer la barrière entre le permis et l’interdit.Michel Tozzi, professeur de Sciences de l’Education à Montpellier, propose, dans un article sur « L’école et le rapport à la loi » le concept d’ « autorité participative, voire coopérative ». L’autorité participative vise à sa reconnaissance comme accompagnement pour grandir. Elle s’exerce par la discussion et la négociation, dans un cadre en partie coélaboré, en partie non négociable. Michel Tozzi parle de l’école mais nous pouvons faire aisément le transfert dans les autres institutions. Pour lui, une « autorité participative » suppose :
1- « de bien délimiter le non négociable éducatif, celui dont on explique la source et le fondement pour qu’il soit connu et compris, mais qui n’est pas soumis à décision commune, et auquel le maître lui-même est l’obligé : au niveau de la civilité, l’interdiction de la violence physique ou de la blessure verbale dans une communauté éducative comme modes de relation entre élèves et avec les adultes, qui tire éthiquement son sens du respect des droits de l’homme et de la personne ; au niveau de la légalité et de la citoyenneté, le respect du règlement actuel de l’établissement et des lois du pays ( normes juridico-politiques), quitte à discuter leur légitimité pour agir en vue de leur évolution ; au niveau du rapport au savoir, le contenu des programmes, la vérité des connaissances dispensées, parce qu’elles sont, même provisoirement, validées rationnellement par la communauté scientifique »
2. de cerner ce qui peut être, c’est affaire de pédagogie dans le champ d’autonomie du maître, de l’équipe éducative : les règles de vie de classe, tant qu’elles ne contredisent pas le règlement de l’établissement ou la loi ; l’organisation du travail individuel et collectif ; le règlement de l’école par le biais des délégués.... »
Il est donc important que les textes qui régissent le fonctionnement de l’institution ( projet éducatif- charte-règlement intérieur...) précisent les libertés qui pourront s’exercer avec les limites et obligations qu’impliquent la vie en collectivité et l’obligation de protection de l’enfant faite aux adultes qui en sont responsables.
Les non-négociables étant précisés, chaque éducateur pourrait alors mieux cerner ce qui relève de son champ d’autonomie. Nous savons que des facteurs personnels ( personnalité- profil éducatif- conception éducative...) interviennent fortement pour déterminer ce qui sera strictement interdit, ce qui sera toléré, ce qui sera encouragé, ce qui complique singulièrement l’élaboration des règles de la collectivité car il faut alors se mettre d’accord afin d’agir avec cohérence.
Pour le bon fonctionnement des activités et de la vie collective, la cohérence est nécessaire. Par contre la question demeure posée de savoir si entre deux lieux différents, l’institution d’accueil des enfants et la famille par exemple, il est nécessaire que les repères soient les mêmes. Cela interroge évidemment la relation avec la famille lorsqu’elle a des valeurs et des pratiques éducatives différentes.
Poser un interdit est nécessaire mais ça ne suffit pas. Il est impératif d’intervenir lorsque cette limite n’est pas respectée. Et c’est là qu’à nouveau se repose la question de l’autorité.
Autorité pour fixer des limites à l’exercice des libertés et du pouvoir de décision,
Autorité pour intervenir efficacement lorsque ces limites sont transgressées.
Et c’est peut-être aujourd’hui ce qui pose le plus problème aux parents. Ils se demandent quand et comment intervenir. Et par ailleurs, comme l’a souligné Caroline Eliacheff, ils redoutent les réactions hostiles de l’enfant, les bouderies, les « je ne t’aime plus »...
C’est dans ce contexte que les 50 étudiants et étudiantes de 2e année du Centre de Formation des Educateurs de Jeunes Enfants de Nantes, se sont interrogés en avril 2004, sur l’autorité au regard des droits de l’enfant, en réponse à deux questions :
1- Au regard des droits de l’enfant, quel sens peut-on donner, aujourd’hui, à l’autorité dans une institution de la petite enfance ?
2- Quels sont les moyens que peut, ou ne peut pas, utiliser un éducateur de jeunes enfants pour exercer son autorité ?
Question 1 : Au regard des droits de l’enfant, quel sens peut-on donner, aujourd’hui, à l’autorité dans une institution de la petite enfance ?
1. Autorité et droits de l’enfant
L’autorité n’est pas contradictoire avec les droits de l’enfant.
Elle doit s’appuyer sur le respect de l’enfant. Elle garantit sa sécurité physique et psychique. Les règles , limites et interdits sécurisent l’enfant en donnant un cadre cohérent sinon l’enfant est livré à lui-même. L’autorité est nécessaire pour le maintien de ce cadre sécurisant. mis en place dans le souci du respect de chacun.
Elle garantit l’exercice par tous des droits et des libertés : prise en compte de la parole, respect de l’écoute. Mais elle est aussi un moyen pour montrer à l’enfant qu’il existe des limites à l’exercice des libertés, des obligations et des devoirs. Elle peut être ressentie comme ambivalente puisqu’elle liée à la fois aux droits à garantir et aux devoirs à exiger.
Il est important d’avoir les droits de l’enfant en tête sinon on peut arriver à des dérives. L’intérêt de l’enfant doit demeurer une constante lorsqu’il est nécessaire de faire preuve d’autorité.
2. Exercice des libertés
Un éducateur ne doit pas être permissif en laissant s’exercer les libertés sans limites. Il est nécessaire dans la vie de l’enfant de poser des limites en relation avec les exigences de la vie en société. L’interdit est rassurant quand il est le même pour tous. Les règles et les sanctions doivent être adaptées au stade de développement de l’enfant, à son âge. L’enfant s’épanouit en collectivité lorsqu’il existe des règles sécurisantes dont il comprend le sens.
Mais en présence de contraintes, l’enfant transgresse pour s’exprimer en tant qu’individu : . jusqu’où peut-on le laisser faire ? Les interventions, en particulier physiques, lorsqu’elles sont nécessaires, par exemple pour contenir un enfant, doivent être respectueuses de sa personne. Il est nécessaire de bien observer la situation et ne pas intervenir en cas de doute.
3. Autorité et éducation
L’autorité est nécessaire à la socialisation de l’enfant : poser un acte d’autorité, c’est structurant,. Elle permet de le rendre responsable de ses actes. En lui faisant comprenne le sens de ses transgressions et le respect de la règle, on lui permet de faire l’apprentissage de la loi, de prendre conscience de sa place dans la relation avec les autres, de connaître ses limites, de se structurer.Mais il est nécessaire dans le processus mis en oeuvre de tenir compte des capacités et des besoins de l’enfant qui évoluent avec l’âge.
4. Exercice de l’autorité
L’autorité doit être éducative. Elle n’est pas l’autoritarisme. On peut faire respecter des règles de vie collective sans être autoritaire. L’autorité c’est être juste, sinon c’est de l’autoritarisme même si l’enfant ne le vit pas toujours comme une question de justice mais comme une frustration, sauf quand il s’apercevra que cette autorité est garante de ses propres droits.
Il est important de ne pas tomber dans l’abus de pouvoir et donc, pour l’éducateur, de réfléchir sur ses actes. Il doit être cohérent, mettre en pratique ce qu’il demande à l’enfant. Il doit bien situer sa place dans la relation éducative : l’enfant a des droits mais ce n’est pas lui qui détient l’autorité.
Tous les professionnels sont garants de l’autorité par rapport aux enfants, c’est la cohérence éducative. Qu’est-ce que ça veut dire quand on dit à un professionnel qu’il n’a pas d’autorité ?
Se faire respecter par l’enfant ? Mais la dérive peut être l’autoritarisme entraînant la soumission. Lorsqu’on fait acte d’autorité on attend un effet, que l’enfant s’auto-norme
Si l’enfant fait ce qu’on lui demande, est-ce de la soumission ou est-ce que l’enfant entend la demande ? Quand il y a soumission, l’enfant ne comprend pas le sens de ce qu’on lui impose de faire. Poser un acte d’autorité, c’est faire comprendre, aider l’enfant à intégrer des règles, qu’il a des désirs qui ne peuvent pas toujours être pris en compte, qu’il faut faire avec les contraintes de la collectivité, de la société.
2- Quels sont les moyens que peut, ou ne peut pas, utiliser un éducateur de jeunes enfants pour exercer son autorité ?
PEUT NE PEUT PAS
L’éducateur de jeunes enfants doit se référer aux droits de l’enfant. Il doit savoir ce qui est négociable et ce qui ne l’est pas dans son institution et ainsi poser des limites à l’avance. Il est important pour lui de connaître ses propres limites dans les situations conflictuelles afin de passer le relais à un autre professionnel. Lorsqu’il constate une transgression des règles, il doit savoir adapter le type de « non » qu’il prononce au contexte et à la situation. Il doit s’autoriser à dire « non » sans explication, même si la relation par la parole est très importante afin de faire comprendre à l’enfant le sens de son acte. Des espaces de parole doivent exister pour cette relation. La parole de l’enfant doit pouvoir s’exprimer, être entendue et prise en compte. La communication non verbale est aussi importante pour faire comprendre à l’enfant qu’il dépasse les limites : gestes, attitudes, regard... Une certaine fermeté est nécessaire et, parfois, il est indispensable de contenir physiquement l’enfant mais attention alors à ne pas basculer dans la violence physique et à être soi-même envahi par la violence. Des règles doivent être élaborées et présentées aux enfants. Leur rappel et leur répétition sont importantes pour qu’elles soient intégrées La sanction doit être pensée et accompagnée en équipe. Les membres de cette équipe doivent faire preuve de cohérence à la fois au niveau des interventions et au niveau des sanctions. La sanction doit demeurer éducative et constructive. Elle doit être en relation avec l’acte afin qu’elle ait un sens pour l’enfant : réparation du dommage commis ; perte de l’exercice d’un droit... L’isolement est une forme de sanction qui peut permettre à l’enfant de se calmer, de ne pas envahir l’espace des autres. Les châtiments corporels et la maltraitance physique sont interdits par la loi : être brutal dans ses gestes, intervenir physiquement sans accompagnement verbal.. Il en est de même pour la violence verbale et l’humiliation morale : dévalorisation, stigmatisation de l’enfant, chantage , menaces, mots blessants, indifférence, jugements péjoratifs sur l’enfant ou sur sa famille. Les punitions telles que mettre l’enfant sans son lit, le priver de dessert, les sanctions démesurées, excessives, sont à proscrire. L’éducateur ne doit pas abuser du pouvoir que lui confère son statut d’adulte pour soumettre l’enfant.
4) LE CONGRES NATIONAL DU SNUipp
REPERE continue l’expression des tendances.
Nous publierons sans exception une expression par tendance de la FSU, celles qui ne paraîtront , seront celles non reçues….
Aujourd’hui voici le point de vue d’Emancipation
LE CONGRES NATIONAL DU SNUIPP: "LE SYNDICALEMENT CORRECT"
Un congrès national du SNUipp est un jeu d'équilibre, équilibre politique élaboré par les dirigeants des deux tendances co-gérant ce syndicat, Unité & Action (UA) et Ecole Emancipée (EE), à travers des textes préparatoires. Le jeu consiste alors à veiller à ce que le Congrès modifie le moins possible et adopte cette synthèse construite entre les deux tendances, arrangement non absent, il va de soi, de divers donnant donnant.
• LES ARRANGEMENTS DE COULISSES…
Quelques exemples de moyens utilisés pour cela:
1- définir un ordre du jour, sur lequel le Congrès n'aura pas à se prononcer, qui ignore certains sujets “chauds”, pas de place pour débattre du fonctionnement interne du syndicat, de la recomposition syndicale entreprise par la FSU et pourtant grandement appuyée par le SNUipp, de la laïcité…
2- inclure dans l'emploi du temps déjà surchargé des moments de diversion qui ne laisseront pas le temps d'aborder certains sujets cruciaux. Ainsi plus de six heures de plénière furent consacrées à l'exposé du PDG de l'Institut CSA au sujet d'un sondage que lui avait commandé le SNUipp, à une “table ronde” insipide entre la Secrétaire Générale du SNUipp et les Présidents de la FCPE et de la Ligue de l'Enseignement, à une conférence pédagogique de S. BOIMARE (tout à fait intéressante par ailleurs)…
3- marquer les limites que le débat ne doit pas franchir, ce que fit N. GENEIX (Secrétaire Gale) dès ses premières interventions; ainsi, “La hauteur de l'implication du SNUipp dans le mouvement du printemps n'est remise en cause par personne.”.
Mais le plus terrible est que les congressistes ont parfaitement intégré ce fonctionnement: les débats sont feutrés, jamais de question embarrassante… Bref, le “syndicalement correct” est de vigueur. Du coup, nos dirigeants nationaux n'ont eu que très peu l'occasion de jouer les pompiers. Ce qu'ils savent parfaitement faire, s'il est parfois utile, en jouant sur la fibre affective des congressistes: tous les délégués ou presque ont créé le SNUipp dans leur département, parfois dans des conditions difficiles, pas question donc de mettre en péril “leur” œuvre et les mises en garde régulières du Secrétariat Général sur les dangers d'éclatement qu'il y aurait à franchir “la ligne jaune” jouent à plein.
L'expression des tendances enfin est quasi, ce qui donne un débat éparpillé, déstructuré… et finalement des mandats suffisamment larges et imprécis pour laisser les mains libres à la direction.
Dans ce contexte, nos délégués d'EMANCIPATION jouent bien-sûr les troublions: aborder les sujets tabous, poser les questions dérangeantes, s'indigner… Même peu nombreux, notre rôle est donc essentiel et nos nombreuses interventions (1) ont été écoutées avec beaucoup d'attention et d'intérêt, certains congressistes n'hésitant pas à venir nous dire leur satisfaction, leur soulagement… que nous ayons empêché certains sujets d'être tus, comme la précarité, l'école libérale ou le retour sur le mouvement de mai/ juin 2003.
• DES RAISONS D'ESPERER CEPENDANT…
Pour le reste, le SNUipp entend bien plus s'adapter aux évolutions de la société qu'à les refuser et y résister, au plus espère-t-il influer sur les marges. D'où la revendication d'être présent dans toutes les commissions, tables rondes ou autres… chargées de la mise en place des mesures libérales. D'où aussi, l'entêtement à refuser une lecture globale et conhérente de ces contre-réformes: la prochaine nouvelle loi d'orientation de Fillon, la future constitution européenne… ne doivent pas être caractérisées puisqu'elles ne sont pas connues. Comme si l'on pouvait avoir encore la moindre illusion sur leur idéologie et leur contenu!
Et si les analyses font preuve chaque fois d'un peu plus de réalisme, c'est grâce aux interventions multiples de militants de base, de quelques sections et groupes constitués (dont le groupe EcolE de Seine-Maritime et notre tendance Emancipation). Pas question cependant de bâtir l'ensemble des mandats syndicaux à partir de la réalité de la vague néo-libérale. Les dénonciations des dangers de la marchandisation, de la casse des statuts n'apparaissent que par bride, au fil des textes, un peu comme de simples suppléments d'âme ponctuels.
La nature des propositions d'action découle logiquement de ce déficit d'analyse. Ainsi, si le Congrès a appelé à la construction d'une grève interprofessionnelle au sujet de l'Assurance Maladie, il ne fut pas possible d'y adjoindre la volonté que celle-ci soit générale et reconductible. Il faut dire que le vote indicatif avait donné sa préférence à la manifestation nationale.
Les congressistes savent pourtant se faire entendre par moment. Ainsi les orientations de plus en plus précoces au collège, dont la future nouvelle 3ème de Fillon, furent condamnées sans aucune ambiguïté, le Congrès réaffirmant, contrairement au SNES, sa volonté déterminée à construire envers et contre tout un véritable “collège unique”.
Deux fois, le congrès balaya même les propositions de la direction aux sourires bien crispés alors:
- celle de ne plus revendiquer la disparition de la hors classe dans le corps des professeurs des écoles (PE), mais de réclamer un élargissement d'accès (2). Ce reniement eût été d'autant plus grave que l'on connaît les volontés gouvernementales d'instaurer plus encore le salaire au mérite.
- celle de demander que de nombreux postes soient fléchés, c'est-à-dire réservés à certains collègues, ce qui revenait à faire entrer plus encore d'arbitraire dans le mouvement du premier degré au grand bénéfice de la hiérarchie.
• LES LUTTES D'EMANCIPATION…
• Le SNUipp, à l'image de l'ensemble du syndicalisme, refuse toujours de prendre en compte l'ampleur et la gravité de la précarité. Nous fûmes les seuls à dénoncer avec vigueur ce qui représente une faute tant du point de vue de la solidarité, qui plus est envers les plus exploités, que de la défense des droits.
Aussi, EMANCIPATION proposa l'amendement suivant: remplacer “Le SNUipp propose que soient recherchées toutes les voies diversifiées de leur titularisation” par “Le SNUipp exige la titularisation immédiate, sans condition de diplôme et de nationalité de tous les précaires.” Nous fûmes certes assez nettement minoritaires mais de nombreux délégués furent troublés pas nos interventions.
• Pour plusieurs sections, la revendication d'un temps de concertation accru et d'une réduction de temps de travail (RTT), l'étape des 24 vers les 21 heures, peut se faire en diminuant le temps d'enseignement des élèves. Sur ce point, nous avons dit combien cela serait inacceptable! En des temps où les écarts culturels ne cessent de s'accroître, où les inégalités sociales explosent… les enfants des classes populaires ont besoin de mieux, mais aussi de plus d'Ecole Publique. Ce “moins d'école” serait s'orienter vers un tri social encore aggravé. Surtout que l'on sait à quel point aujourd'hui
- le post et péri scolaire est source d'inégalités sociales particulièrement profondes,
- à quel point aussi il est, encore plus que l'Ecole Publique, à la merci de la marchandisation.
Autre garde-fou que nous avons réclamé, que ces mesures s'accompagnent de créations massives d'emplois statutaires. Sur ces points, le congrès nous a suivis.
• Seuls, nous avons défendu un projet d'école global alternatif à l'école libérale quand le SNUipp, tout comme la FSU d'ailleurs, en manquent cruellement.
• Nous avons obtenu du congrès qu'il soutienne la Marche européenne des sans-papiers, de Bruxelles à Paris, du 31 mai au 12 juin. Là encore, nous fûmes les seuls à aborder ce sujet. Cette Marche avait pourtant été décidée lors du dernier Forum social de St Denis auquel a participé le SNUipp. On peut donc multiplier les effets de manche lors de ces forums sans en tirer les conséquences de positionnement et de solidarité.
• Au sujet de Fenêtres sur Cours, nos interventions furent là encore sans concession: sur les choix rédactionnels du journal, devenu vague revue pédagogique sans conviction mais surtout sur la place prépondérante prise par la publicité. Nous avons lu à la tribune le courrier reçu de deux syndiqués:
“Fenêtre sur Cours affiche en quatrième de couverture une
pub pour disney channel; le numéro précédent c'était pour microsoft, pour des actions dites pédagogiques . C'est se foutre de la gueule du monde, de tous ceux qui s'agitent pour contenir le libéralisme et sa pensée dévastatrice.
C'est une compromission inadmissible, un signe extérieur du "tout se vaut". C'est une injure à toutes celles et ceux qui se sont battus l'an passé contre des réformes qui vont assujettir notre société.” …
et déposer une motion mandatant le Conseil National “… pour trouver dans les délais les plus rapides les solutions techniques et financières qui permettent de ne plus recourir à la publicité.”
• Enfin, notre dernière motion demandait au SNUipp de s'opposer dès maintenant à l'entrée de syndicats de l'enseignement privé dans la FSU, ce qui compromettrait totalement nos idéaux laïques déjà bien malmenés.
Ces deux dernières motions (publicité et laïcité) seront examinées en Conseil National, le congrès n'ayant pas eu le temps de les examiner.
• LA DESIGNATION DE LA DIRECTION NATIONALE…
Ce fut le seul sujet qui opposa Unité&Action et Ecole Emancipée. Rappelons tout d'abord les règles du jeu bien peu démocratiques: une commission auto-désignée coopte, après accord politique entre U&A et EE, 40 membres (20 pour le Secrétariat National -S.N.-, 20 pour les secteurs) qui composeront la direction nationale du syndicat, le congrès n'ayant qu'à entériner ces choix. Ces Camarades auront de plus droit de vote lors des Conseils nationaux et représentent donc à eux seuls plus du tiers de l'instance délibérative décisionnelle du SNUipp!
Jusuqu'ici l'équilibre du Secrétariat Général -S.G.- issu du SN était de 2 U&A pour 1 EE. Leur rapprochement politique de plus en plus intime, le fait que le droit de tendance apparaisse de moins en moins, dans la vie syndicale quotidienne comme dans les expressions, jusqu'à devenir sans influence, voire méconnu, amène des syndiqués de plus en plus nombreux à se revendiquer “hors tendance” (HT): ils représentaient 43% des délégués au congrès. U&A a souhaité qu'au moins l'un d'entre eux entre au S.G. L'EE a accepté à condition que cela ne remette pas en cause les équilibres politiques. Après beaucoup de “cuisine interne”, la décision a été prise de créer un S.G. de six membres, 3 U&A, 2 EE et 1 HT, sans Secrétaire Général(e). La porte est désormais ouverte à encore plus de manipulation et moins de transparence. Que représentera un HT, qui n'aura pas exposé, écrit, ni même peut-être théorisé ses orientations ? L'EE proposait que chaque tendance laisse une place à un HT sur son contingent mais un HT désigné par une tendance est-il vraiment sans tendance ? La réponse va de soi!…
Une certitude: le droit de tendance est menacé dans le SNUipp. Pour tous ceux qui pensent qu'il est indispensable à l'unité du syndicalisme, le renforcement d'Emancipation, dernière tendance à le défendre avec intransigeance, est indispensable. Trop peu nombreux, nous avons fait la preuve qu'il était cependant possible d'influer sur un congrès de façon significative. Dès lors, avec davantage de Camarades, les ambitions pourraient devenir tout autres.
Jean-Michel Bavard
Oise
(1) Soyons justes en précisant que notre temps de paroles fut parfaitement respecté et admettons que, sur ce point au moins, il y a progrès par rapport au feu SNI-Pegc/ FEN.
(2) Aujourd'hui seuls 1,5% des PE accèdent à l'indice terminal 782 de la hors-classe contre 40% chez les certifiés: il s'agissait donc pour le SNUipp de n'avoir rien à envier au SNES en matière de corporatisme!