
La Ligue réfléchit à un rapprochement avec la gauche traditionnelle.
Les européennes, lutte finale de la LCR avec Lutte ouvrière
Par Didier HASSOUX
samedi 19 juin 2004
ne révolution ? Non, sire, juste une évolution. Ce week-end, les cadres de la Ligue communiste révolutionnaire (LCR) se réunissent en direction nationale pour tirer le bilan de leur «échec électoral» des européennes. Sans déplorer officiellement d'avoir conclu un accord électoral avec les frères ennemis de Lutte ouvrière, une majorité de la LCR devrait faire table rase de ce passé. Et tourner la page, en douceur. «Il fallait le faire, veut croire François Sabado, membre du bureau politique de la Ligue. Sinon, dans le meilleur des cas, nous aurions obtenu 2,5 % et LO, 1,5 %. Et tout le monde nous aurait demandé pourquoi nous n'avions pas conclu d'alliance.» Le 13 juin, la coalition LO-LCR a obtenu 2,52 % des suffrages.
Cette claque électorale, précédée par «des luttes qui se terminent sans victoire... ou par des défaites» (Sabado), contraint la direction de la LCR à repenser sa stratégie d'ici à 2007. C'est là que la révolution pointe le bout de son nez. Plusieurs têtes pensantes du parti, qui appartiennent toutes à la majorité, estiment que «le temps est venu de se poser la question de la gestion, de la responsabilité». Jusqu'à présent, les trotskistes refusaient de «mettre les mains dans le cambouis» et excluaient toute participation à un gouvernement incluant des sociaux-démocrates. Désormais, «la question mérite d'être posée», confie un responsable du parti. Et elle prime naturellement sur toute autre, comme celle de la reconduction éventuelle d'une alliance occasionnelle avec LO.
Pacte. «On s'est gourés, c'est incontestable, confesse Samuel Joshua, membre de la direction et ex-conseiller municipal à Marseille. Je pense notamment que la posture triomphaliste du congrès nous a plombés.» A l'époque (en novembre 2003), Olivier Besancenot et Alain Krivine, les porte-parole de la LCR, n'excluaient pas de franchir 10 % aux régionales de mars 2004 grâce au pacte avec LO. Et ils menaçaient la gauche dite «de gouvernement» de se maintenir au second tour. Finalement, pour les trotskistes, le scrutin régional s'est achevé au soir du premier tour. Avec 4,97 %, ils atteignaient, certes, leur niveau de 1998 (4,33 %), mais n'obtenaient aucun élu, contre 24, six ans plus tôt. «Stupéfaits» des scores du PS et du réflexe «vote utile», les dirigeants trotskistes ont alors renouvelé leur offre d'«unité d'action» en direction de leurs partenaires de la gauche politique, syndicale et associative.
Fin mai, ils ont présenté avec leurs camarades PCF et Verts «des propositions pour sauver l'assurance maladie». Une attitude que Christophe Aguiton, interface entre le parti et le mouvement social, juge «parfaite» : «Nous ne devons plus apparaître seulement comme une force protestataire, mais également porter des alternatives crédibles.» A ce propos, la Ligue devrait s'atteler à la rédaction d'un «manifeste lisible», selon le philosophe Daniel Bensaïd, éminence grise de la LCR. Adopté lors d'une conférence nationale, début 2005, ce document devrait permettre aux trotskistes de soumettre leurs contributions à l'ensemble des partis de gauche.
Expérience. Dès lors, «pourquoi ne pas participer à une expérience de gestion commune ?» s'interroge Aguiton. «Pourquoi pas ?» renchérit Joshua. Même tonalité, dans une moindre mesure, pour Bensaïd, selon lequel «le problème, c'est l'hégémonisme du PS». François Sabado, en revanche, continue de réfuter fermement toute participation à «un gouvernement de classes». Avant d'ajouter, cependant : «Nous sommes candidats au pouvoir.» Tout seuls ?
Les européennes, lutte finale de la LCR avec Lutte ouvrière
Par Didier HASSOUX
samedi 19 juin 2004
ne révolution ? Non, sire, juste une évolution. Ce week-end, les cadres de la Ligue communiste révolutionnaire (LCR) se réunissent en direction nationale pour tirer le bilan de leur «échec électoral» des européennes. Sans déplorer officiellement d'avoir conclu un accord électoral avec les frères ennemis de Lutte ouvrière, une majorité de la LCR devrait faire table rase de ce passé. Et tourner la page, en douceur. «Il fallait le faire, veut croire François Sabado, membre du bureau politique de la Ligue. Sinon, dans le meilleur des cas, nous aurions obtenu 2,5 % et LO, 1,5 %. Et tout le monde nous aurait demandé pourquoi nous n'avions pas conclu d'alliance.» Le 13 juin, la coalition LO-LCR a obtenu 2,52 % des suffrages.
Cette claque électorale, précédée par «des luttes qui se terminent sans victoire... ou par des défaites» (Sabado), contraint la direction de la LCR à repenser sa stratégie d'ici à 2007. C'est là que la révolution pointe le bout de son nez. Plusieurs têtes pensantes du parti, qui appartiennent toutes à la majorité, estiment que «le temps est venu de se poser la question de la gestion, de la responsabilité». Jusqu'à présent, les trotskistes refusaient de «mettre les mains dans le cambouis» et excluaient toute participation à un gouvernement incluant des sociaux-démocrates. Désormais, «la question mérite d'être posée», confie un responsable du parti. Et elle prime naturellement sur toute autre, comme celle de la reconduction éventuelle d'une alliance occasionnelle avec LO.
Pacte. «On s'est gourés, c'est incontestable, confesse Samuel Joshua, membre de la direction et ex-conseiller municipal à Marseille. Je pense notamment que la posture triomphaliste du congrès nous a plombés.» A l'époque (en novembre 2003), Olivier Besancenot et Alain Krivine, les porte-parole de la LCR, n'excluaient pas de franchir 10 % aux régionales de mars 2004 grâce au pacte avec LO. Et ils menaçaient la gauche dite «de gouvernement» de se maintenir au second tour. Finalement, pour les trotskistes, le scrutin régional s'est achevé au soir du premier tour. Avec 4,97 %, ils atteignaient, certes, leur niveau de 1998 (4,33 %), mais n'obtenaient aucun élu, contre 24, six ans plus tôt. «Stupéfaits» des scores du PS et du réflexe «vote utile», les dirigeants trotskistes ont alors renouvelé leur offre d'«unité d'action» en direction de leurs partenaires de la gauche politique, syndicale et associative.
Fin mai, ils ont présenté avec leurs camarades PCF et Verts «des propositions pour sauver l'assurance maladie». Une attitude que Christophe Aguiton, interface entre le parti et le mouvement social, juge «parfaite» : «Nous ne devons plus apparaître seulement comme une force protestataire, mais également porter des alternatives crédibles.» A ce propos, la Ligue devrait s'atteler à la rédaction d'un «manifeste lisible», selon le philosophe Daniel Bensaïd, éminence grise de la LCR. Adopté lors d'une conférence nationale, début 2005, ce document devrait permettre aux trotskistes de soumettre leurs contributions à l'ensemble des partis de gauche.
Expérience. Dès lors, «pourquoi ne pas participer à une expérience de gestion commune ?» s'interroge Aguiton. «Pourquoi pas ?» renchérit Joshua. Même tonalité, dans une moindre mesure, pour Bensaïd, selon lequel «le problème, c'est l'hégémonisme du PS». François Sabado, en revanche, continue de réfuter fermement toute participation à «un gouvernement de classes». Avant d'ajouter, cependant : «Nous sommes candidats au pouvoir.» Tout seuls ?