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Chômage : pourquoi l'Oise trinque
La dure réalité est là. Le chômage sévit de nouveau dans l'Oise. Avec un double constat paradoxal : si le département continue d'être, et de loin, le mieux loti de toute la Picardie en matière de taux de chômage, il est aussi celui dans lequel l'aggravation, sur un an, a été la plus terrible.
Elle atteint + 5,8 %, avec un affligeant nombre de 31 753 demandeurs d'emploi, officiellement inscrits selon la définition du BIT, le Bureau international du travail. Et le mois d'avril, dont les chiffres viennent d'être rendus publics par la Direction régionale du travail, est particulièrement inquiétant avec une augmentation, par rapport à mars, de 1,4 %, cette fois en données corrigées, méthode de calcul considérée comme la plus pertinente pour l'évolution mensuelle. Bref, les aggravations qu'elles soient mensuelle ou annuelle, sont réelles. Dans ce contexte difficile, ce sont les jeunes qui souffrent le plus : le nombre des moins de 25 ans touchés a augmenté en un an, de 5,2 % en France, de 9,5 % en Picardie... et de 12,5 % dans l'Oise ! Et la situation des chômeurs de longue durée (plus d'un an d'inscription) n'est pas vraiment plus enviable : + 1,6 % en France, + 3,1 % en Picardie, mais + 6,2 % dans l'Oise.
Suppressions d'emplois et plans sociaux
Enfin, c'est le chômage des hommes qui croît le plus au cours de cette période, dans un contexte d'offres d'emplois en stagnation. Mais pourquoi le département souffre-t-il autant en matière d'emploi, alors qu'il devrait bénéficier de son statut de territoire le plus proche de l'Ile-de-France, toujours moteur économique ? Les réponses sont multiples, même si elles ne peuvent être scientifiquement vérifiées. La première tient à la nature même de l'emploi dans l'Oise, encore marquée par une industrie lourde, nombreuse et ancienne. Toutes ces entreprises venues au vert il y a un siècle, ont aujourd'hui effectué leur reconversion sous peine de disparition. Intervient également la mondialisation industrielle conjuguée à une économie pour le moins morose. Cette physionomie particulière de l'Oise engendre aujourd'hui ces menaces, licenciements, suppressions d'emplois ou plans sociaux qui se multiplient et n'ont hélas pas encore produit leurs effets dévastateurs. Exemples, Arcelor et Heidelberg à Montataire, Vallourec à Laigneville (dont les salariés recevront la visite d'Arlette Laguiller demain), D'Aucy au Plessis-Belleville, Planet-Wattohm à Senlis, Marlyd à Saint-Maximin pour le Bassin creillois, Faurecia à Méru, Adler à Grandvilliers, Esselte à Sainte-Geneviève ou bien encore Labrosse et Dupont pour le grand Beauvaisis, sans oublier Colgate ou Lajous à Compiègne. Des entreprises de groupes mondiaux, des sous-traitants de l'automobile ou bien encore de l'agroalimentaire qui joue la concentration. Bref, les statistiques n'ont pas fini de gonfler. Reste à s'accrocher à cette reprise économique annoncée, identifiée, mais pas encore effective.
Jean-Luc Rechsteiner
Le Parisien , mardi 01 juin 2004