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Message Publié : 25 Mai 2004, 10:33
par ianovka
a écrit :
Olivier Besancenot
Populaire pour quoi faire? 


L'Express du 24/05/2004
par François Koch

La bonne cote du jeune facteur trotskiste n'a pas empêché le revers électoral de l'union LCR-LO aux régionales et un autre se profile aux européennes. La Ligue changera-t-elle de stratégie?


«Olivier Besancenot bosse comme facteur et, pour ça, il est apprécié des ouvriers», se réjouit Désiré, un doigt coupé à cause d'un accident du travail. Magasinier depuis trente-trois ans à Peugeot-Sochaux, ce Franc-Comtois a pris, en janvier dernier, sa carte de la Ligue communiste révolutionnaire (LCR), moins groupusculaire qu'auparavant, avec désormais 3 000 membres. Des Français s'identifient au jeune employé des PTT, comme d'autres à Arlette Laguiller ou à José Bové, et le lui répètent: «Vous, au moins, vous nous comprenez!» Besancenot ne manque d'ailleurs jamais une occasion de parler de ce qui se passe à La Poste. Depuis la présidentielle de 2002, la Ligue a donc gagné deux atouts inédits pour elle: un porte-parole populaire et des scores électoraux qui ne sont plus ridicules.


Au matin du 21 avril 2002, Alain Krivine jurait de se faire rabbin ou curé si Besancenot dépassait 5%. Il l'a échappé belle. Avec ses 4,25%, le candidat postier a rivalisé avec les 5,72% de Laguiller, porte-parole de Lutte ouvrière, ce qui a hissé l'extrême gauche à 10%. Du jamais-vu! Partis séparément à la bataille électorale il y a deux ans, les deux mouvements trotskistes se sont «pacsés» à l'occasion des deux scrutins de 2004. Mais quelle déception! Aux régionales, en mars, les listes communes n'ont atteint que 4,58%, alors que la LCR tablait sur 8%.


Echaudés, les amis de Besancenot adopteraient presque, pour les européennes du 13 juin, le pessimisme habituel de LO: franchir, comme en 1999, la barre des 5% sera considéré comme une victoire. «Pour que l'extrême gauche fasse un bon score, soutient Stéphane Rozès, directeur de CSA Opinion, il faut que les socialistes soient au pouvoir avec des promesses non tenues.» La création de huit circonscriptions électorales devrait de surcroît les priver de députés, alors que les trotskistes ont envoyé cinq représentants au Parlement de Strasbourg en 1999. En plein paradoxe, compte tenu de la très forte popularité d'Arlette Laguiller, LO a choisi de ne pas placer celle-ci à la tête d'une des huit listes européennes, alors que les trois porte-parole de la Ligue le sont: Olivier Besancenot en Ile-de-France, Alain Krivine dans le Sud-Ouest et Roseline Vachetta dans le Sud-Est. A cela deux explications: Lutte ouvrière a privilégié les régionales au détriment des européennes et Arlette Laguiller, 64 ans, se dit très fatiguée. Quel contraste avec le dynamisme d'Olivier Besancenot, de trente-quatre ans son cadet! Retour en arrière sur l'étonnante propulsion de ce sacré numéro.

Militant depuis l'âge de 14 ans

L'ironie de cette épopée, c'est qu'elle a été imposée par Lutte ouvrière, qui s'en est mordu les doigts! En 2001, la Ligue fait la danse du ventre devant LO pour que ses dirigeants acceptent qu'Arlette Laguiller soit leur candidate commune à la présidentielle. Les amis de Krivine se font sèchement éconduire. La LCR est donc contrainte de trouver un candidat dans ses rangs. Ses dirigeants s'inspirent alors du succès de LO, qui, en 1973, s'était choisi comme porte-parole Arlette, une employée de banque de 33 ans. Dans un premier temps, ils cherchent une femme. En vain. Alors, ce sera Olivier Besancenot, 27 ans, facteur. Un candidat qu'il ne faudra pas aller chercher bien loin, puisque ce jeune postier, qui milite à la Ligue depuis l'âge de 14 ans, a intégré le bureau politique en 1998. Qui a eu l'idée de le solliciter? Trois camarades du «BP». Connu du grand public, il y a Alain Krivine, 62 ans, éternel porte-parole de la Ligue et député européen. Beaucoup moins médiatique, François Sabado, 50 ans, conseiller à l'emploi dans une ANPE de la Seine-Saint-Denis, serait le dirigeant le plus influent de la Ligue, qu'il représente au comité exécutif de la IVe Internationale, trotskiste (1). Le discret et modeste Léonce Aguirre, 55 ans, permanent de la LCR, est l'ancien animateur de la tendance «R!». Aujourd'hui dissous, ce courant était le plus radical de la ligue, et celui auquel appartenait Besancenot. Sabado, qui jouera le rôle d'entraîneur du jeune porte-parole, a coécrit avec lui son dernier livre - Révolution! (Flammarion). Avec cette nuance, de taille: le boulimique facteur se nourrit de bien d'autres mentors à la direction de la Ligue.

Un tournant électoraliste

Un grand éclat de rire! Telle fut la première réaction de Besancenot à l'écoute de la proposition de ses trois camarades Alain, François et Léonce. «Puis j'ai eu une grosse boule au ventre, confie-t-il. C'était la peur de ne pas «assurer» sur les plateaux de télévision, à côté des vieux roublards de la politique.» Les caméras l'impressionnent toujours, aujourd'hui, alors qu'il démontre une brillante éloquence dans les réunions publiques, parce qu'il est rodé depuis l'âge de 14 ans par les interventions en assemblée générale. «Olivier est une pioche exceptionnelle, se réjouit Daniel Bensaïd. Il a assimilé notre acquis et sait l'exprimer à sa génération.»


Vingt-huit ans après LO, et après avoir renoncé à brandir son drapeau lors de la plupart des scrutins, la Ligue a donc pris son tournant électoraliste. Et elle découvre que la notoriété ne s'acquiert que par les médias, surtout audiovisuels. Trop vite? Beaucoup de militants trotskistes grincent des dents lorsque leur nouveau porte-parole accepte certaines sollicitations. Point d'orgue en février 2003: à l'occasion de la promotion de son livre Révolution!, Besancenot s'affiche dans Gala, comme l'a fait plusieurs fois Laguiller.


Quand il débarque dans le studio des Grosses Têtes, à RTL, Philippe Bouvard le présente comme son «chouchou» et l'un des invités précise: «Par précaution, car nous voulons éviter d'être pendus le jour du Grand Soir!» Osant critiquer la pornographie, parce qu'elle porte atteinte à la dignité de la femme, le jeune trotskiste reçoit alors une volée de bois vert des habitués de l'émission, dont la blague grivoise, voire salace, constitue le fonds de commerce. Mais il laisse échapper un fou rire pendant que Jacques Balutin raconte comment un navigateur répare les trous de son Zodiac avec son sperme. «J'assume totalement, confie Besancenot: car c'est une émission très populaire, et Bouvard, qui avait lu mon livre, m'a laissé exprimer mes idées politiques.» En revanche, il regrette sa présence à Y' a un début à tout, sur France 2. Lorsque Daniela Lumbroso l'a qualifié de «gendre idéal», de «Che Guevara dans le corps de Michel Drucker», Besancenot a réagi, spontanément, un rien exaspéré: «On ne me l'avait jamais faite, celle-là!» «Même si Olivier n'aime pas ça, mieux vaut ne pas refuser ces émissions, affirme Krivine, sinon nous disparaîtrons.»



Indépendamment de sa capacité à réaliser de bons scores pour la LCR, à quoi sert le nouveau trotskiste populaire? Comme Arlette Laguiller, il passe son temps à apporter son soutien aux salariés qui combattent leur patron. «Je montre qu'il existe une gauche à gauche de la gauche et je me fais l'écho, sur la scène électorale, de la radicalité sociale, répond Besancenot. Quant à notre objectif de création d'un grand parti, je revendique le droit à la patience, car deux années, en politique, ne représentent qu'un instant.» Et Krivine de renchérir: «Des milliers de syndicalistes se décideront à participer à cette recomposition de la gauche.» Sempiternelle incantation? «Pour la première fois, nous restons à l'écart d'initiatives à gauche du PS», regrette Christian Picquet, leader de la minorité de la Ligue. Qui prend comme exemple la présence pour les européennes, en troisième position sur la liste du PCF, en Ile-de-France, de Claude Debons, ancien secrétaire général des cheminots cédétistes, récemment passé à la CGT, et qui milita à la LCR. Pour Picquet, la cause de tous les maux de la Ligue, c'est l'accord électoral avec LO.


Adoptant la ligne des amis d'Arlette, la Ligue a en effet abandonné en 2001 ses appels à «battre la droite» au second tour des élections. Ce qui n'a pas empêché la LCR de se réjouir du récent vote sanction contre le gouvernement Raffarin! «Notre alignement sur LO nous coupe du «peuple de gauche»», accuse Alain Laffont, un militant de la minorité, médecin en Auvergne. Vu la faible probabilité d'un nouvel accord avec LO pour les scrutins de 2007, la Ligue retrouvera-t-elle la voie du désistement en faveur de la gauche? «Jamais! prédit Krivine. Depuis que nous faisons peur au PS, les médias s'intéressent beaucoup plus à nous.»


Cette position sera toutefois de plus en plus dure à tenir. Krivine reconnaît d'ailleurs que bien des électeurs ne veulent plus voter pour le couple LO-LCR parce qu'il n'est pas crédible comme force d'alternance permettant de faire perdre la droite. Naturellement, les dirigeants de la LCR souhaitent qu'Olivier Besancenot soit candidat à la présidentielle de 2007. A côté d'Arlette Laguiller, si elle se présente pour la sixième fois, le jeune facteur de la Ligue pourrait transformer l'essai et prendre le leadership de l'extrême gauche.

Message Publié : 25 Mai 2004, 10:48
par logan
a écrit :Krivine reconnaît d'ailleurs que bien des électeurs ne veulent plus voter pour le couple LO-LCR parce qu'il n'est pas crédible comme force d'alternance permettant de faire perdre la droite

Affirmation gratuite non?

Message Publié : 25 Mai 2004, 10:50
par logan
a écrit :Dassault s'empare de l'empire Hersant  (l'expansion)


Serge Dassault a conclu un accord avec "la plupart des héritiers" de Robert Hersant lui permettant de prendre le contrôle de la Socpresse, empire de presse comptant 70 titres dont le Figaro, l'Express et l’Expansion.
 
L’avionneur Serge Dassault a conclu un accord avec "la plupart des héritiers" de Robert Hersant lui permettant de prendre le contrôle, avec 80% du capital, de la Socpresse, empire de presse comptant 70 titres dont le Figaro, l'Express et l’Expansion (éditeur du 18h.com). Le groupe Dassault avait mis un pied dans la Socpresse en janvier 2002 en entrant dans le capital à hauteur de 30%. Les héritiers de Robert Hersant, disparu en 1996, conservaient alors 70% de ce capital. Il avait aidé la Socpresse en août 2002 par un prêt important (220 à 235 millions d’euros selon Stratégies) pour racheter le groupe Express-Expansion. Serge Dassault tient ainsi sa revanche, après avoir essayé en vain de rentrer au capital du Figaro en 1999: le fonds d'investissement Carlyle lui avait été alors préféré. L'avionneur s'était également porté candidat au rachat de L'Express en 1997, mais Havas, alors propriétaire du magazine, avait renoncé à vendre. Dassault n'avait jamais caché depuis deux ans son "désir de continuer à monter dans le capital de la Socpresse, en fonction des opportunités".

Le montant de l'offre faite par l'avionneur aux treize héritiers Hersant n'a pas été dévoilé. Après cette opération, Dassault, selon une bonne source, détiendrait 82% de la Socpress, Aude, jeune héritière Hersant, 13%, et le bloc dirigeant autour d'Yves de Chaisemartin, patron du groupe, 5%. L'opération doit être soumise aux actionnaires ayant décidé de ne pas s'associer. Elle doit être autorisée par la Commission de la concurrence de la Communauté européenne et pourrait être finalisée dans "huit à dix semaines", a indiqué le groupe. Cependant, d'aucuns citent l'exemple de Lagardère qui, ayant acheté l'ensemble du pôle édition de Vivendi, a été contraint par la Commission européenne d'en remettre sur le marché une importante partie.Serge Dassault est "très satisfait" de cette opération "à laquelle il tenait beaucoup", a indiqué son entourage qui souligne également l'"excellent climat de travail et de confiance entre Serge Dassault et Yves de Chaisemartin".

L'opération n'aurait "pu se faire" sans M. de Chaisemartin, a martelé son entourage. M. de Chaisemartin, annonçant la nouvelle jeudi lors d'un comité de rédaction du Figaro, s'est dit le "garant" de l'indépendance du titre. "Nous restons, Michel Senamaud (administrateur général de la Socpresse) et moi-même, seuls maîtres à bord de cette entreprise", a-t-il affirmé. "La rédaction est calme mais mobilisée", indiquait-on au sein du Figaro.En 1999, Serge Dassault avait expliqué sur LCI : "Pour moi, c'est important d'être propriétaire d'un journal pour exprimer mon opinion, mais aussi pour répondre à quelques journalistes qui ont écrit n'importe quoi". Le SNJ a annoncé jeudi avoir demandé la réunion d'urgence du comité de groupe Socpresse et FO a également demandé une réunion d'urgence d'un CE extraordinaire "afin d'examiner la nouvelle situation financière, économique et sociale du Figaro et son futur rôle au sein de la Socpresse"."Nous demandons d'ores et déjà les conditions d'ouverture de la clause de cession, afin qu'elle puisse être mise en oeuvre dès la cession officielle", a indiqué FO.