par emma-louise » 15 Jan 2003, 12:41
La France et l'ONU
Chirac va-t-en-guerre
Depuis le 1er janvier, la France préside le Conseil de sécurité de l'ONU. Au moment où s'intensifient les préparatifs d'une guerre contre l'Irak, Chirac sort de l'équivoque et prépare son ralliement à une offensive militaire.
On s'en souvient, en novembre dernier, la résolution 1441 donna lieu à un long bras de fer entre représentants français et étatsuniens aux Nations unies. Le document n'en fut pas moins adopté par l'ensemble de la plus haute instance onusienne, bien que foisonnent les clauses permettant à Washington d'ourdir n'importe quelle provocation et d'enclencher, ce faisant, l'engrenage destructeur des opérations militaires. Ainsi ne prévoit-elle même pas que le Conseil dût adopter un nouveau texte pour autoriser le déclenchement de la guerre : l'observation, par les pays membres, d'un simple "manquement" de Saddam Hussein à ses "obligations" suffit...
Ces dernière semaines, les responsables français n'auront cessé de délivrer des messages contradictoires. D'un côté, ils auront cautionné l'envoi massif de troupes étatsuniennes dans le Golfe ; de l'autre, ils auront fait assaut de déclarations visant à rassurer l'opinion sur le fait que la confrontation n'était pas inéluctable. Il aurait pourtant existé un moyen simple de sortir de l'équivoque : affirmer haut et fort que, présidente du Conseil de sécurité, la France mettrait tout en oeuvre pour s'opposer à une aventure impériale. Qu'elle veillerait à empêcher que le travail des inspecteurs de l'ONU soit manipulé dans le but de justifier la guerre. Qu'elle refuserait tout engagement militaire et tout soutien logistique (utilisation de l'espace aérien hexagonal, missions d'observation ou de ravitaillement...) à l'US Army. Qu'elle opposerait, en sa qualité de membre permanent du Conseil de sécurité, son veto à une résolution qui ferait le choix des armes.
Telle n'est manifestement pas le choix pour lequel a opté l'Elysée. Alors que les inspecteurs de l'ONU en Irak avouent leur incapacité à trouver la moindre preuve d'une menace irakienne, il vient, présentant ses voeux à l'état-major français, de demander à ce dernier de se "tenir prêt". Si, alors que les populations d'Europe s'avèrent ultramajoritairement acquises au refus de la guerre, Chirac se dérobe ainsi à l'épreuve de force avec la Maison Blanche, c'est que sa posture n'aura jamais relevé que de la duplicité. Il est vrai que Wahington dispose d'un moyen de pression sans égal : renversant le pouvoir irakien, il accédera au contrôle d'une part colossale des réserves pétrolières du globe. Nos gouvernants redoutent manifestement de ne pas être conviés au festin...
Voilà qui doit nous encourager à assurer le succès de la journée de manifestations, organisée dans toute la France, le 18 janvier. Il faut non seulement réitérer notre opposition irréductible à la guerre qui menace, mais construire un rapport de forces suffisant pour interdire au pouvoir français d'y apporter son concours. Sous quelque forme que ce soit !
Christian Picquet.
Rouge 1999 09/01/2003