À propos de Diwan : l'argent public pour le service public ! (15/12/2002)
Les dirigeants de Diwan parlent d'injustice à propos du rejet par le conseil constitutionnel de l'intégration de Diwan dans l'Éducation nationale ? Entre dix et vingt pour cent des enfants des milieux défavorisés abordent la sixième sans même savoir lire le français. C'est bien plus grave que les jérémiades des tenants de Diwan qui ne se sentent liés par aucune obligation envers l'ensemble des enfants à scolariser.
Ils ne se posent en victimes que pour obtenir plus de moyens financiers.
Mais au nom de quoi les fonds publics devraient-ils permettre à une minorité, nostalgique d'une langue dont l'usage a, de fait, quasiment disparu, d'éduquer ses enfants selon ses convictions propres et dans des classes aux effectifs réduits, quand les moyens financiers font tant défaut pour assurer le minimum d'éducation au plus grand nombre ?
Les écoles Diwan devraient fonctionner avec les fonds de leurs partisans. Telle devrait être la règle pour toutes les écoles privées. Elles ont d'ailleurs touché des fonds publics bien avant leur demande d'intégration. Mais non, cela ne leur suffit pas ! Et à travers la politique de décentralisation, leurs nouveaux dirigeants reportent désormais sur la Région leurs espoirs d'en toucher encore plus.
Le versement d'argent public n'est pas plus justifié en faveur de Diwan qu'en faveur des écoles confessionnelles. Et il ne sera pas plus justifié demain, accordé par les notables régionaux qui voudront se bâtir des fiefs en flirtant avec le régionalisme. Soit dit en passant, ce n'est pas un hasard si les bannières de la religion et du régionalisme ont été si souvent brandies côte à côte contre celles du progrès et de la liberté.
Voilà pourquoi nous ne faisons pas chorus derrière Diwan.
À l'encontre des régionalistes, nous pensons qu'il n'y a rien de choquant à ce que le français soit de règle de l'enseignement public. Car pourquoi faudrait-il s'affliger du fait que le français soit devenu la langue commune à toutes les régions du pays? Une langue commune est bien préférable au cloisonnement linguistique. L'apprentissage de la langue la plus largement en usage dans la société où les enfants ont à s'intégrer, est la première des nécessités pour accéder à la culture. Et l'intérêt des enfants, ceux de la classe ouvrière en particulier, c'est que l'école leur en garantisse l'apprentissage. Il serait aberrant qu'en Bretagne comme ailleurs dans le pays, le français ne soit pas enseigné comme première langue, y compris aux enfants d'immigrés turcs, maghrébins ou asiatiques. Tout comme en d'autres lieux, en Louisiane par exemple, il serait aberrant que les descendants des Cajuns n'apprennent pas l'anglais à leurs enfants !
Bien entendu, en plus du français, les enfants doivent aussi pouvoir apprendre d'autres langues, des langues de large communication en premier lieu, mais aussi des langues minoritaires. Et c'est une bonne chose qu'au sein de l'école publique, l'apprentissage de langues minoritaires puisse être dispensé en sus à ceux qui le souhaitent, mais une fois assurés les enseignements élémentaires. Et si les moyens pour ce faire s'avèrent insuffisants, bien sûr qu'ils doivent être augmentés.
Les partisans de Diwan ne partagent pas ce point de vue. Soit ! Personne ne leur demande de renier leurs convictions. Mais qu'ils en assument la charge et laissent les fonds publics à un véritable service public astreint à des obligations d'enseignement envers tous les enfants, quelles que soient les convictions et la langue des parents !
LUTTE OUVRIÈRE