L'expertise. 20 % de plus pour les privilégiés

Message par mael.monnier » 14 Mai 2004, 17:27

Journal l'Humanité
Rubrique Politique
Article paru dans l'édition du 15 mai 2004.

a écrit :L’expertise. Les salaires des patrons du CAC 40
20 % de plus pour les privilégiés

Les faits

1. Les patrons s’en mettent plein les poches.

En moyenne, les PDG se sont octroyé une augmentation salariale de 20 %. Exemple : Édouard Michelin et René Zingraf (Michelin) : + 146,4 %. C’est gros. Mais ce n’est pas le top pour l’augmentation des salaires 2003 par rapport à l’année précédente des patrons du CAC 40. Il y en a de moins bien lotis, tout étant relatif. Liste non exhaustive : Daniel Bouton (Société générale), + 63,9 % ; Patrick Le Lay, + 71,2 % ; Jean-René Fourtou (Vivendi), + 353,9 % ; Thierry Breton (France Télécom), + 504 % ; Serge Tchuruk (Alacatel), + 51,2 % ; Henri Lachmann (Schneider), + 37,8 % ; Jean Laurent (Crédit agricole), + 37,6 %

2. Les moins chanceux.

Les coups de pouce salariaux, même les patrons qui ont enregistré des pertes y ont eu droit. Du moins la plupart. Ceux qui précisément avaient pour feuille de route la mission de réduire les coûts de leur entreprise, ou d’en baisser artificiellement les résultats, ne sont pas concernés. En vue d’une future fermeture ou délocalisation ? À France Télécom, la baisse des effectifs s’élève à 25 000 personnes. Or le PDG actuel a gagné dix fois plus que son prédécesseur en 2002. Pour être honnête, signaler que certains patrons voient (officiellement) leur rémunération baisser. Liste plus restreinte : Patrick Ricard (Ricard), - 19,5 % ; Jean-Marc Espalioux (Accor), - 4,7 % ; Jean-Philippe Thierry (AGF), - 9,9 %. Michel Pébereau (BNP Paribas), - 13,1 %, et Bertrand Collomb (Lafarge),- 8,7 %, ont vu une certaine diminution parce qu’ils ont modifié leur statut, passant de PDG à présidents.

3. La magie des stock-options.

La preuve par Jean-Marie Fourtou (Vivendi) : depuis son arrivée à la tête de Vivendi Universal, il a totalisé 2,5 millions de stock-options. Aujourd’hui, ceux-ci représentent une plus-value de quelque 18 millions d’euros. Des plus-values qui doivent beaucoup à la bulle financière et au boursicotage, mais dont le rendement a évidemment partie liée à la quantité de stock-options attribuée : plus d’un million sur une année.

Les questions.

Pourquoi une inégalité grandissante dans la répartition des richesses ?

Rien de choquant dans l’augmentation, en soi, des rémunérations salariales. Pourtant, on note que dans la même période, la moyenne des évolutions pour l’ensemble des salariés n’aura été que de 2,5 %. Une moyenne qui cache d’ailleurs elle aussi bon nombre de disparités entre les smicards et les autres, ou en fonction du degré de précarité dans l’emploi.

La fiscalité tient-elle compte de ces inégalités ?

On notera que la politique de Chirac-Raffarin de baisse de 5 % de l’impôt sur le revenu favorise cette France d’en haut des privilégiés au détriment de " la France d’en bas ", la CSG, parmi les impôts directs se taillant désormais la part du lion puisqu’elle représente 62,6 milliards d’euros, contre 47,9 pour l’impôt sur le revenu. L’ISF ne peut-elle être d’un plus grand rapport pour le budget de l’État et la solidarité nationale quand le gouvernement et sa majorité de droite ne cessent de multiplier les exonérations ? Ne constate-t-on pas que, contrairement à une campagne qui s’est développée au cours des derniers jours, l’évasion fiscale au cours des dernières années ne concerne que 0,2 % des contribuables soumis à l’ISF ?

Nos conclusions

Ce n’est pas un scoop. Tout juste une confirmation. En langage journalistique, c’est un marronnier : tous les ans la même chanson. La publication du rapport sur les salaires des grands patrons, ceux du CAC 40, suscite toujours nombre de commentaires. À double tranchant. Il y a ceux qui dénoncent un scandale. D’autres qui se lamentent sur des dérives. Ceux encore qui en dernier recours estiment que la richesse des uns permet la relance économique qui profite aux pauvres. Au final, ça continue de plus belle. Une réforme fiscale vers plus de justice et porteuse d’une plus grande efficacité économique est nécessaire, en lien avec l’augmentation des rémunérations de l’ensemble des salariés, jetant les bases d’une croissance saine génératrice de développement et d’emplois. Tout un programme.

D.B.
mael.monnier
 
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