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Les ambitions mesurées de LO et la LCR
Les deux formations ont peu de chances de retrouver leurs cinq élus.
Par Christophe FORCARI
vendredi 30 avril 2004
change de bons procédés. Après avoir laissé la tête de liste à Arlette Laguiller, l'indéfectible porte-parole de Lutte ouvrière (LO), pour les régionales en Ile-de-France, cette fois c'est Olivier Besancenot, la jeune figure de proue de la Ligue communiste révolutionnaire (LCR), qui conduira l'attelage trotskiste aux élections européennes dans la région capitale. Mais, pour cause de réforme du mode de scrutin, le tandem révolutionnaire, déjà pacsé pour le scrutin européen de 1999, ne nourrit pas de grands espoirs de retrouver les cinq élus au Parlement de Strasbourg décrochés par Alain Krivine et Arlette Laguiller.
Tasse de thé. Même si cette «Europe est faite par les patrons et pour les patrons», selon Olivier Besancenot, les deux représentants de l'extrême gauche française veulent profiter de cette campagne pour réitérer leur appel à «la résistance sociale». «Chirac ment quand il présente la France comme fer de lance de la construction d'une Europe sociale», a déclaré l'ancien candidat de la LCR à la présidentielle, prêt à la «mobilisation sur les dossiers d'urgence comme la Sécurité sociale». Déçus par leurs résultats aux élections régionales, les deux formations pensent, lucidement, qu'elles devraient réaliser au mieux le même score (4,6 % des suffrages) et apaiser les frustrations nées du scrutin de mars. Et, ainsi, consolider un noyau électoral stable. «Beaucoup d'électeurs ne veulent pas remplacer Raffarin 3 par la gauche plurielle 2. Nous voulons faire entendre notre voix particulière pour renforcer le pôle anticapitaliste», estime le porte-parole de la LCR. Tandis que son homologue de LO appelle, elle, les électeurs «à exprimer leur rejet de la politique Chirac-Raffarin sans pour autant amnistier le PS de sa politique passée et lui donner un blanc-seing pour sa politique à venir».
L'ambition d'approcher les 5 % des voix risque, néanmoins, de se trouver fortement mise à mal par la concurrence de listes «100 % antimondialistes» (Libération de jeudi). Un thème qui était jusque-là chasse gardée de la LCR, très active dans l'association Attac et les Forums sociaux. «On prend note. Ce ne sont pas nos adversaires. Je pense surtout que cette initiative va choquer du monde au sein du mouvement social», juge Olivier Besancenot. «Des tas de listes peuvent nous grappiller des voix», reconnaît Arlette Laguiller, dont l'antimondialisation n'a jamais été la tasse de thé de son organisation. Elle dénonce surtout «un mode de scrutin antidémocratique. Je ne sais pas si le PCF y résistera mieux que nous».
Ronronne. En tant que «véritables internationalistes et communistes au sens premier du terme», selon Arlette Laguiller, les deux organisations se disent favorables à l'élargissement de l'Union. Tout en estimant que «l'Europe des travailleurs» reste à construire et que le Parlement européen est, pour Arlette Laguiller, forte de ses cinq années passées à siéger à Strasbourg, «une machine qui ronronne en rond pour le plus grand bien des profits capitalistes».
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