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Message Publié : 05 Avr 2004, 18:15
par Barnabé
a écrit :
Lundi 5 avril 2004

Après la sanction des urnes, préparons celle de la rue


Après la baffe que la droite vient de recevoir aux élections, Chirac aurait « entendu le message ». Qu’il dit. Pour changer de politique ? Sûrement pas.
Le hold-up sur les retraites : c’était indispensable, répète-t-il. La baisse des impôts qui profite essentiellement aux plus riches : c’était pour inciter ces gens-là à investir. La réforme de la sécurité sociale, prévue pour les prochains mois : ce serait une « urgence ». Et comme les mesures prévues « seront difficiles », il invite « les partenaires sociaux et le gouvernement », « la majorité et l’opposition » à en discuter ensemble, pour nous les faire avaler. Merci !
Et si Chirac promet de suspendre, pour l’instant, la réforme de l’Allocation spécifique de solidarité, maigre allocation destinée aux chômeurs en fin de droit, c’est seulement, explique-t-il, qu’elle tombait au mauvais moment, juste quand la réforme de l’assurance chômage, sur laquelle il n’est pas question de revenir, supprime cette dernière à des centaines de milliers de chômeurs (265 000 dès le 1er  janvier, 800 000 sur l’ensemble de l’année 2004).
Pour la continuité de cette politique, Raffarin III succède à Raffarin II, amendé par quelques départs de ministres ou changements de rôle : Francis Mer, ancien Pdg de la sidérurgique devenu ministre des finances, retourne à ses affaires privées ; le premier flic de France, Sarkozy, prend sa place, sous les bravos du Medef qui y voit un « Zidane » bon buteur à la bourse. Pauvre Zidane !
Raffarin persiste et signe. Et il faudrait qu’on supporte encore trois ans cette politique anti-ouvrière ? Qu’on accepte par-dessus le marché et sans rechigner le démantèlement de la Sécurité sociale, la baisse des remboursements, la hausse des cotisations, la réduction des budgets hospitaliers qu’ils nous concoctent. Qu’on accepte les nouvelles fournées de licenciements, les réductions de personnels prévus dans l’enseignement, la santé ou à la Poste, la privatisation d’EDF-GDF ? Qu’on continue à supporter longtemps le blocage des salaires, dont le gouvernement lui-même donne l’exemple avec les salaires de la fonction publique ?
Mais la gauche ex-gouvernementale, comme embarrassée par un succès électoral qu’elle n’aurait pas rêvé si rapide et si net, n’est pas pressée. Les dirigeants socialistes ont leur agenda : on revoterait pour eux en juin ; ils rédigeraient d’ici la fin 2005 le programme qu’ils n’auraient pas encore ; ils choisiraient en 2006 leur futur candidat à la présidence et espèrent revenir au pouvoir en 2007.
D’ici là, les coups contre les travailleurs peuvent pleuvoir, les dirigeants socialistes n’ont, comme Chirac et Raffarin, qu’une crainte : c’est que les électeurs qui viennent de dire magistralement non à une politique ne veuillent plus la supporter et descendent dans la rue. « Il risque d’y avoir un mécontentement social très profond », prévient Fabius, en reprochant à Chirac de prendre ce risque. « Je ne suis pas favorable à ce que la rue prenne la place des urnes » renchérit Hollande. Comme si le mécontentement social n’était pas déjà là !
Oui, il va falloir que la majorité qui a sanctionné la politique de Chirac et Raffarin dans les urnes s’attelle à la mettre en échec. En bousculant les Fabius, Hollande ou Strauss Kahn. En bousculant aussi les grandes confédérations syndicales qui s’accommodent apparemment de rester l’arme au pied, en souhaitant seulement être invitées à toutes les négociations sur les « réformes », en premier lieu celle de la sécurité sociale, au lieu de les combattre franchement. D’une façon ou d’une autre, la classe ouvrière et ses militants vont devoir user de leurs propres moyens, illico presto, pour se faire entendre de ceux qui ont des pouvoirs nationaux ou régionaux.
Si les socialistes n’ont pas de programme, les travailleurs ont déjà quelques revendications : retour aux 37,5 annuités pour le droit à la retraite pour tous ; refus des déremboursements des dépenses de santé et des augmentations de cotisations ; abolition des mesures scélérates contre les chômeurs ; arrêt des subventions au patronat, mais embauche dans les services publics avec les économies ainsi réalisées ; interdiction des licenciements ; 300 € d’augmentation pour rattraper les baisses des salaires depuis 20 ans.