
Près de 50 % des profits sont reversés aux actionnaires
LE MONDE | 18.03.04 | 13h20
Les vieilles recettes sont de retour. Ne pouvant pas compter sur la hausse de leur cours pour satisfaire leurs actionnaires, les grands groupes redécouvrent les mérites des dividendes. Cette année, selon une étude de la Société générale, les entreprises du CAC 40 s'apprêtent à verser 17 milliards d'euros aux détenteurs de leurs actions, contre 14,5 milliards l'année précédente.
Ce soudain accès de générosité est rendu possible par l'augmentation des bénéfices dans les groupes. Un grand nombre d'entre eux, à l'instar des banques ou du pétrolier Total, sont parvenus à améliorer leurs performances en dépit d'une conjoncture médiocre. Ils tiennent à y associer leurs actionnaires. Les groupes qui se redressent ne sont pas mécontents non plus de le signifier à leurs propriétaires. Après avoir perdu 20 milliards en 2002, France Télécom a prévu de verser 0,25 euro de dividende par action pour saluer son retour aux bénéfices.
Mais les efforts des entreprises vont au-delà. Est-ce la crainte d'attaques hostiles et une tentative de fidélisation des actionnaires par précaution ? La volonté d'attirer des investisseurs étrangers, qui comparent sans cesse les placements et les rendements d'un marché à l'autre, d'un secteur à l'autre ? Beaucoup de groupes ont décidé d'augmenter la part de bénéfices redistribués à leurs actionnaires. En moyenne, les dividendes représentaient 40 % des profits des entreprises l'an dernier, d'après la Société générale. Cette année, ils atteignent 46,5 %.
La pression semble si forte que même les groupes en perte se sentent obligés d'en verser. Ainsi, Suez et Veolia, qui ont enregistré les deux plus fortes pertes en 2003, ont, malgré tout, décidé de payer un dividende à leurs actionnaires. Le surcoût de ce choix, pourtant, est réel. Les fonds versés sont prélevés sur les réserves des entreprises, ce qui réduit leurs fonds propres. Mais le fisc impose en plus une taxe - le précompte - pour ce prélèvement, qui représente environ un tiers des dividendes versés. Et l'addition devient très lourde.
CONCURRENCER LES OBLIGATIONS
Seuls Vivendi Universal, Alcatel et Rhodia, tous les trois en perte, ont choisi de ne pas verser de dividende cette année. Mais le premier a d'ores et déjà annoncé qu'il paierait à nouveau un dividende pour l'exercice 2004, celui-ci devant marquer son retour aux profits.
Cette politique de forte distribution amène une hausse des rendements (calculés sur la base du dividende annuel rapporté au cours moyen de l'action) des titres du CAC 40. Ceux-ci s'échelonnent entre 1,1 %, pour L'Oréal, et 4 %, pour Suez. La majorité se situe autour de 2,5 %. Avec de tels rendements, les groupes espèrent pouvoir concurrencer les obligations et les emprunts d'Etat. Malgré leurs efforts, ils risquent, cependant, de ne pas pouvoir totalement inverser la tendance du moment. Très inquiets, les investisseurs délaissent beaucoup les actions pour des placements sûrs, en ces temps incertains.
Martine Orange
• ARTICLE PARU DANS L'EDITION DU 19.03.04
LE MONDE | 18.03.04 | 13h20
Les vieilles recettes sont de retour. Ne pouvant pas compter sur la hausse de leur cours pour satisfaire leurs actionnaires, les grands groupes redécouvrent les mérites des dividendes. Cette année, selon une étude de la Société générale, les entreprises du CAC 40 s'apprêtent à verser 17 milliards d'euros aux détenteurs de leurs actions, contre 14,5 milliards l'année précédente.
Ce soudain accès de générosité est rendu possible par l'augmentation des bénéfices dans les groupes. Un grand nombre d'entre eux, à l'instar des banques ou du pétrolier Total, sont parvenus à améliorer leurs performances en dépit d'une conjoncture médiocre. Ils tiennent à y associer leurs actionnaires. Les groupes qui se redressent ne sont pas mécontents non plus de le signifier à leurs propriétaires. Après avoir perdu 20 milliards en 2002, France Télécom a prévu de verser 0,25 euro de dividende par action pour saluer son retour aux bénéfices.
Mais les efforts des entreprises vont au-delà. Est-ce la crainte d'attaques hostiles et une tentative de fidélisation des actionnaires par précaution ? La volonté d'attirer des investisseurs étrangers, qui comparent sans cesse les placements et les rendements d'un marché à l'autre, d'un secteur à l'autre ? Beaucoup de groupes ont décidé d'augmenter la part de bénéfices redistribués à leurs actionnaires. En moyenne, les dividendes représentaient 40 % des profits des entreprises l'an dernier, d'après la Société générale. Cette année, ils atteignent 46,5 %.
La pression semble si forte que même les groupes en perte se sentent obligés d'en verser. Ainsi, Suez et Veolia, qui ont enregistré les deux plus fortes pertes en 2003, ont, malgré tout, décidé de payer un dividende à leurs actionnaires. Le surcoût de ce choix, pourtant, est réel. Les fonds versés sont prélevés sur les réserves des entreprises, ce qui réduit leurs fonds propres. Mais le fisc impose en plus une taxe - le précompte - pour ce prélèvement, qui représente environ un tiers des dividendes versés. Et l'addition devient très lourde.
CONCURRENCER LES OBLIGATIONS
Seuls Vivendi Universal, Alcatel et Rhodia, tous les trois en perte, ont choisi de ne pas verser de dividende cette année. Mais le premier a d'ores et déjà annoncé qu'il paierait à nouveau un dividende pour l'exercice 2004, celui-ci devant marquer son retour aux profits.
Cette politique de forte distribution amène une hausse des rendements (calculés sur la base du dividende annuel rapporté au cours moyen de l'action) des titres du CAC 40. Ceux-ci s'échelonnent entre 1,1 %, pour L'Oréal, et 4 %, pour Suez. La majorité se situe autour de 2,5 %. Avec de tels rendements, les groupes espèrent pouvoir concurrencer les obligations et les emprunts d'Etat. Malgré leurs efforts, ils risquent, cependant, de ne pas pouvoir totalement inverser la tendance du moment. Très inquiets, les investisseurs délaissent beaucoup les actions pour des placements sûrs, en ces temps incertains.
Martine Orange
• ARTICLE PARU DANS L'EDITION DU 19.03.04