Les femmes rendues responsables du séisme

[Koceila]

Ici aussi mon intervention a été effacée....

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LE MATIN
Les femmes rendues responsables du séisme
« Et pourquoi on n’inverserait pas les choses ? Pourquoi ne serait-ce pas à cause de vous que Dieu nous a maudits ? » s’indigne une jeune fille qui ne doit pas avoir plus de 17 ans.
Sous le soleil chaud de ce dernier samedi du mois de mai, elle et son amie, lycéennes probablement, arpentaient la rue Didouche-Mourad lorsqu’elles sont apostrophées au niveau de la ruelle menant au marché Meissonier par de jeunes gens. Un groupe de garçons, bien fringués et du même âge certainement. Tout prêtait à croire que les jeunes gens, à l’instar de tous leurs pairs de la planète, se courtisaient. Pourtant il n’en est rien. Le ton monte entre eux et la friction est bien évidente.
« Vous n’avez pas retenu la leçon ? Mais quelle genre de catastrophe voulez-vous pour vous repentir ? Vous n’avez pas honte de porter des vêtements aussi indécents ? C’est par votre faute que Dieu nous a si sévèrement punis », lance un des quatre garçons aux deux jeunes filles. Indécentes ? Elles ne l’étaient point. Elles portaient tout simplement des pulls sans manches sur des jeans. En somme habillées comme à l’accoutumée. Au moment où l’on pensait que leur réplique allait être du niveau de l’accusation, les deux jeunes filles décident de faire volte-face et continuent leur chemin, pourchassées par les insultes des jeunes gens et dans l’indifférence la plus totale des passants.
Cette scène n’est pas insolite. Elle est même très répétitive ces derniers jours dans la capitale algérienne. Il ne se passe pas un jour sans que des femmes, jeunes et moins jeunes, ne se fassent agresser verbalement ou physiquement dans les rues. La tension est bien là, et l’agressivité de certains hommes à leur encontre est de plus en plus croissante. Mais comment en est-on arrivé là ? Pourquoi, subitement, les femmes sont-elles ciblées, à tort ou à raison, par la gent masculine ?
« Les choses peuvent être expliquées autrement que par la religion », argue Yacine, un jeune médecin rencontré dans un salon de thé à la place Maurice-Audin. « Traditionnellement, les Algériens cherchent à responsabiliser toujours quelqu’un de leurs malheurs. Or, cette fois-ci, les conséquences de la catastrophe sont gigantesques, démesurées, et en l’absence d’une culture scientifique chez le petit peuple, on a voulu jouer sur le registre de la fatalité pour lui faire accepter le malheur. Dieu nous a punis. » En l’absence de toute rationalité et dans une société à majorité analphabète, on se complaît fatalement dans des explications métaphysiques. Il fallait désigner un responsable de la colère du Ciel. La femme. Les Algériennes, une fois de plus, devront affronter la bêtise de certains de leurs compatriotes. « C’est la colère divine. Je veux bien l’admettre, mais pourquoi cette colère ne peut-elle être motivée que par les femmes ? Pourquoi les hommes ne susciteraient-ils pas la colère de Dieu ? » s’interroge sa compagne désabusée par l’explication que donne Yacine.
Même s’ils sont d’accord sur le fond, les deux ne voient pas l’évolution de la situation sous le même angle. Si par dépit Yacine tolère ce raisonnement, il n’en est pas de même pour sa compagne. Au fait, il est clair que les deux sexes ne perçoivent pas de la même manière cette tendance à chercher l’origine du malheur en culpabilisant les femmes. « Nous avons toujours payé les lourds tributs des dysfonctionnements sociaux. Nous avons subi l’intégrisme islamiste pour ne citer que ces dix dernières années, et voilà que ça recommence », affirme Amel, enseignante au lycée les Frères Barberousse d’Alger. En fait, tout a commencé quand religieux comme autorités du pays ont voulu donner un caractère de fatalité religieuse à des dégâts occasionnés par un phénomène naturel accentué par une incompétence humaine flagrante. « Le résultat est que l’on a ressuscité le sentiment religieux inconsciemment enfoui en chacun de nous. Il reste que l’on ne réagit pas tous de la même manière. Certains versent dans l’extrémisme facilement d’où l’intolérance à laquelle on assiste », conclut-elle.
Ce qui semble surréaliste est que certaines femmes sont les premières à « revendiquer cette culpabilité ». C’est le cas de Leïla, assistante de direction dans un lycée sur les hauteurs d’Alger. Sous une apparence extrêmement moderniste, elle est profondément convaincue de « sa » culpabilité : « Il est clair que Dieu nous avertit. Nous les femmes spécialement. Je trouve que nous avons exagéré ces derniers temps. » De l’exagération qu’elle croit voir à travers la manière de s’habiller des femmes, dans leur façon d’être, de la manière dont elles gèrent leur vie et surtout « parce que nous ne portons pas le hidjab ». Alors qu’un de ses collègues acquiesce parfaitement, sa collègue de bureau s’insurge : « C’est comme si tout était parfait dans ce pays ! Il ne lui reste qu’à voiler les femmes pour gagner l’approbation de Dieu. » Elle se mettra à énumérer les horreurs par lesquelles l’Algérie est passée.
« Tout va de travers Comment pouvez-vous croire que Dieu puisse être content de ce que nous faisons ? De ce que nous sommes devenus ? Ce ne sont pas des Algériens qui ont tué des bébés à coups de hache ? Assassiné des familles entières ? N’est-ce pas ces mêmes Algériens qui ont violé des femmes ? N’est-ce pas ces mêmes Algériens qui détournent des fonds, qui volent jusqu’aux dons des sinistrés ? Pis, ils volent des cadavres, victimes de cette même hécatombe. Comment pouvez-vous alors gagner les grâces du seigneur ? », s’interroge-t-elle laissant perplexes ses deux collègues. Pourtant Leïla se remet rapidement pour répliquer : « Tout de même nous pouvons arranger les choses chacun à notre niveau. Pour ma part j’ai décidé de porter le hidjab. »
Une décision qui laisse sans voix ses deux collègues. Dans ce climat d’intolérance qui s’installe, certains tentent pourtant de raisonner, de faire appel au bon sens, de démontrer que si l’on est à compter des milliers de morts cela ne peut être que la faute des responsables successifs qui n’ont pas été à la hauteur des tâches qui leur incombaient. L’exemple du séisme du Japon en est la preuve.
Ces voix de la raison restent pourtant sans écho. C’est que dans une société qui demeure captive de mythes, coutumes et dogmes très enracinés dans son histoire, le rationnel peinera encore longtemps avant de trouver sa voie.
Ghada H., le Matin, 01-06-2003

[Koceila]

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Manipulation : Les vrais faux mensonges de Sud Ouest
Le quotidien régional Sud Ouest publie ce vendredi 31 mai, au lendemain du scrutin des législatives en Algérie, un article vilipandaire titré : « Les Kabyles veulent créer une République chrétienne ». La rédaction du journal contactée par Kabyle.com tient à souligner que les propos du titre sont entre guillemets justement pour bien montrer qu’il s’agit d’une citation...
Le papier de Francis David se fonde sur les propos récoltés auprès de badauds islamistes dans une rue d’Alger ! Cet article plus qu’il n’informe participe à la haine anti-kabyle et la désinformation.

Tout autant que le contenu, la mise en forme de l’article prête au ridicule. Sous l’article en ligne on peut ainsi lire en gros titre "Algérie : plus de 100 000 morts en 10 ans " dans un encadré contenant aussi la photo de Bouteflika avec un sourire radieux.

Au lendemain du scrutin il ne saurait être question de christianisation de la Kabylie comme l’indique l’inter-titre de l’article.

Il existe certes une communauté protestante chrétienne en Kabylie qui ne compte qu’une centaine de fidèles et qui ne fait aucun prosélytisme.
Ces chrétiens algériens vivent en harmonie avec le reste de la population composée en majorité de laïques (indépendants de toute confession religieuse) ou de musulmans.


Stéphane ARRAMI