
Le Parti des travailleurs minimise son influence dans FO
LE MONDE | 17.01.04 | 13h16 • MIS A JOUR LE 17.01.04 | 16h20
"On nous attribue un rôle extrêmement surdimensionné", estime son secrétaire national.
Le Monde avait demandé un entretien à Pierre Lambert, fondateur du Parti des travailleurs (PT), et accepté - à sa demande - la présence de Daniel Gluckstein, secrétaire national du PT. L'entretien a débuté par la déclaration liminaire suivante de M. Lambert : "La question essentielle, ce n'est pas que nous soyons hostiles aux médias, mais il se trouve que, dans les circonstances dans lesquelles nous sommes au Parti des travailleurs, le secrétaire national du Parti des travailleurs, mon ami et camarade Daniel Gluckstein, est vraiment plus à même que moi de répondre (...). Il peut parfaitement vous expliquer. Je pourrais vous répondre, mais je n'y tiens pas, car la personnalisation me dégoûte. Je ne vous répondrai pas, mais je veux bien vous écouter. Et je veux bien écouter mon camarade." M. Lambert a alors passé la parole à M. Gluckstein, qui a relu et amendé cet entretien.-
Jean-Claude Mailly, resté seul en lice pour la succession de Marc Blondel à la tête de FO, est réputé avoir été proche du parti des travailleurs (PT). Le confirmez-vous ?
Chaque citoyen est libre de ses opinions. C'est notre conception, au Parti des travailleurs. Seul l'intéressé pourrait répondre, s'il le souhaite, à la question que vous me posez. Et sa réponse correspondra alors à la réalité.
Le rôle du PT semble déterminant dans les congrès de FO...
Je m'étonne que rituellement on cherche la main cachée des trotskistes. J'y vois deux explications. D'abord, il faut un exutoire, un responsable. Ensuite, le choix de ce responsable se porte souvent sur un groupe qui a des positions cohérentes. Le rôle qu'on nous attribue est extrêmement surdimensionné.
Pourtant, Pierre Lambert a signé un article dans le journal du PT,Informations ouvrières, du 23 septembre 2003, appelant les militants à débattre de problèmes internes à FO.
Nos principes sont ceux de l'indépendance réciproque des partis et des syndicats. En tant que parti politique, nous estimons que nous avons le droit de porter jugement sur les problèmes auxquels le mouvement syndical est confronté. Mais, s'agissant de la vie interne des syndicats, nous avons toujours récusé la thèse véhiculée par certains médias - y compris par Le Monde - selon laquelle nos militants politiques dans les syndicats représenteraient leur parti. Ce n'est pas notre conception.
Pourquoi alors cet appel de M. Lambert ?
Quand une organisation syndicale est confrontée - c'est le moins qu'on puisse dire - à des convulsions, à des à-coups, à des initiatives de son secrétaire général, et qu'il arrive que des militants de notre courant aient une attitude diverse, nous étudions pourquoi il y a ce désaccord. S'agissant des problèmes de succession, la question de fond était relativement simple : est-il préférable que les syndiqués se prononcent en fonction d'orientations ou y a-t-il lieu de transformer cela en questions personnelles ?
Comment ceux-ci auraient-ils pu choisir entre M. Mailly et Jean-Claude Mallet, qui était encore candidat à la succession de Marc Blondel, s'il n'y avait pas de désaccord d'orientation ?
Vous répondez vous-même. Il est logique, s'il n'y a pas de désaccords d'orientation, que ces questions se résolvent d'une certaine manière et qu'au final il n'y ait qu'un seul candidat.
M. Lambert connaît bien M. Blondel...
Oui, et alors ?
Vous aviez critiqué sa réticence à appeler à la grève générale lors du mouvement sur les retraites. Quel bilan tirez-vous de l'action de M. Blondel ?
Si le mouvement sur les retraites n'a pas abouti, c'est objectivement pour la raison suivante : dans les assemblées générales, les travailleurs en grève se sont adressés à Thibault et à Blondel en disant : "Vous avez la responsabilité d'appeler à la grève générale interprofessionnelle." Force est de constater qu'il n'a pas été répondu à cette attente. Maintenant, on ne peut réduire les choses au bilan d'un tel ou d'un tel. Il y a un contexte d'ensemble. On assiste dans ce pays à une volonté de promouvoir un syndicalisme officiel. Dans tous les domaines se mettent en place des mécanismes qui ont pour origine l'Union européenne et qui visent à ce que les syndicats prennent en charge la mise en œuvre de décisions qui viennent de Bruxelles. Il est évident que les organisations syndicales sont soumises à une offensive concertée qui met en cause leur raison d'être. Il faudrait qu'elles ne soient plus là pour défendre les intérêts des salariés, mais pour être "co-législatrices", comme le dit l'Union européenne, de lois qui détruisent les conquêtes ouvrières. C'est dans ce contexte que se déroulent les débats aujourd'hui dans FO, mais aussi dans la CGT. Le "syndicalisme rassemblé" tel que le conçoit la direction de la CGT, c'est avant tout le syndicalisme rassemblé avec la CFDT, le syndicalisme de la Confédération européenne des syndicats (CES). Plus nous avançons, plus l'Europe apparaît comme un carcan qui étouffe la démocratie. Et plus la CES apparaît comme un carcan qui vise à étouffer les syndicats indépendants.
Donnerez-vous une consigne de vote aux élections régionales ?
On va en discuter à notre congrès -du 16 au 18 janvier-, mais ce qui se dessine, c'est que l'on va appeler à ne pas voter aux régionales. On voit bien qu'il s'agit d'organiser la dislocation de la République et de l'ensemble des droits ouvriers.
Les listes communes LO-LCR vous portent-elles ombrage ?
LO et la LCR sont candidats, de manière très institutionnelle, pour être partie prenante des exécutifs régionaux. Dans leur plate-forme commune, il n'y a pas un mot de critique sur la régionalisation. Ils sont candidats au Parlement européen pour être partie prenante de l'élaboration des mesures européennes. Nous, nous présentons des candidats aux cantonales dans une bataille pour la rupture avec l'Union européenne, pour défaire la régionalisation. Nous nous en expliquerons lors d'un meeting le 24 janvier, au Palais des sports, à Paris.
Propos recueillis par Rémi Barroux et Caroline Monnot[QUOTE]
LE MONDE | 17.01.04 | 13h16 • MIS A JOUR LE 17.01.04 | 16h20
"On nous attribue un rôle extrêmement surdimensionné", estime son secrétaire national.
Le Monde avait demandé un entretien à Pierre Lambert, fondateur du Parti des travailleurs (PT), et accepté - à sa demande - la présence de Daniel Gluckstein, secrétaire national du PT. L'entretien a débuté par la déclaration liminaire suivante de M. Lambert : "La question essentielle, ce n'est pas que nous soyons hostiles aux médias, mais il se trouve que, dans les circonstances dans lesquelles nous sommes au Parti des travailleurs, le secrétaire national du Parti des travailleurs, mon ami et camarade Daniel Gluckstein, est vraiment plus à même que moi de répondre (...). Il peut parfaitement vous expliquer. Je pourrais vous répondre, mais je n'y tiens pas, car la personnalisation me dégoûte. Je ne vous répondrai pas, mais je veux bien vous écouter. Et je veux bien écouter mon camarade." M. Lambert a alors passé la parole à M. Gluckstein, qui a relu et amendé cet entretien.-
Jean-Claude Mailly, resté seul en lice pour la succession de Marc Blondel à la tête de FO, est réputé avoir été proche du parti des travailleurs (PT). Le confirmez-vous ?
Chaque citoyen est libre de ses opinions. C'est notre conception, au Parti des travailleurs. Seul l'intéressé pourrait répondre, s'il le souhaite, à la question que vous me posez. Et sa réponse correspondra alors à la réalité.
Le rôle du PT semble déterminant dans les congrès de FO...
Je m'étonne que rituellement on cherche la main cachée des trotskistes. J'y vois deux explications. D'abord, il faut un exutoire, un responsable. Ensuite, le choix de ce responsable se porte souvent sur un groupe qui a des positions cohérentes. Le rôle qu'on nous attribue est extrêmement surdimensionné.
Pourtant, Pierre Lambert a signé un article dans le journal du PT,Informations ouvrières, du 23 septembre 2003, appelant les militants à débattre de problèmes internes à FO.
Nos principes sont ceux de l'indépendance réciproque des partis et des syndicats. En tant que parti politique, nous estimons que nous avons le droit de porter jugement sur les problèmes auxquels le mouvement syndical est confronté. Mais, s'agissant de la vie interne des syndicats, nous avons toujours récusé la thèse véhiculée par certains médias - y compris par Le Monde - selon laquelle nos militants politiques dans les syndicats représenteraient leur parti. Ce n'est pas notre conception.
Pourquoi alors cet appel de M. Lambert ?
Quand une organisation syndicale est confrontée - c'est le moins qu'on puisse dire - à des convulsions, à des à-coups, à des initiatives de son secrétaire général, et qu'il arrive que des militants de notre courant aient une attitude diverse, nous étudions pourquoi il y a ce désaccord. S'agissant des problèmes de succession, la question de fond était relativement simple : est-il préférable que les syndiqués se prononcent en fonction d'orientations ou y a-t-il lieu de transformer cela en questions personnelles ?
Comment ceux-ci auraient-ils pu choisir entre M. Mailly et Jean-Claude Mallet, qui était encore candidat à la succession de Marc Blondel, s'il n'y avait pas de désaccord d'orientation ?
Vous répondez vous-même. Il est logique, s'il n'y a pas de désaccords d'orientation, que ces questions se résolvent d'une certaine manière et qu'au final il n'y ait qu'un seul candidat.
M. Lambert connaît bien M. Blondel...
Oui, et alors ?
Vous aviez critiqué sa réticence à appeler à la grève générale lors du mouvement sur les retraites. Quel bilan tirez-vous de l'action de M. Blondel ?
Si le mouvement sur les retraites n'a pas abouti, c'est objectivement pour la raison suivante : dans les assemblées générales, les travailleurs en grève se sont adressés à Thibault et à Blondel en disant : "Vous avez la responsabilité d'appeler à la grève générale interprofessionnelle." Force est de constater qu'il n'a pas été répondu à cette attente. Maintenant, on ne peut réduire les choses au bilan d'un tel ou d'un tel. Il y a un contexte d'ensemble. On assiste dans ce pays à une volonté de promouvoir un syndicalisme officiel. Dans tous les domaines se mettent en place des mécanismes qui ont pour origine l'Union européenne et qui visent à ce que les syndicats prennent en charge la mise en œuvre de décisions qui viennent de Bruxelles. Il est évident que les organisations syndicales sont soumises à une offensive concertée qui met en cause leur raison d'être. Il faudrait qu'elles ne soient plus là pour défendre les intérêts des salariés, mais pour être "co-législatrices", comme le dit l'Union européenne, de lois qui détruisent les conquêtes ouvrières. C'est dans ce contexte que se déroulent les débats aujourd'hui dans FO, mais aussi dans la CGT. Le "syndicalisme rassemblé" tel que le conçoit la direction de la CGT, c'est avant tout le syndicalisme rassemblé avec la CFDT, le syndicalisme de la Confédération européenne des syndicats (CES). Plus nous avançons, plus l'Europe apparaît comme un carcan qui étouffe la démocratie. Et plus la CES apparaît comme un carcan qui vise à étouffer les syndicats indépendants.
Donnerez-vous une consigne de vote aux élections régionales ?
On va en discuter à notre congrès -du 16 au 18 janvier-, mais ce qui se dessine, c'est que l'on va appeler à ne pas voter aux régionales. On voit bien qu'il s'agit d'organiser la dislocation de la République et de l'ensemble des droits ouvriers.
Les listes communes LO-LCR vous portent-elles ombrage ?
LO et la LCR sont candidats, de manière très institutionnelle, pour être partie prenante des exécutifs régionaux. Dans leur plate-forme commune, il n'y a pas un mot de critique sur la régionalisation. Ils sont candidats au Parlement européen pour être partie prenante de l'élaboration des mesures européennes. Nous, nous présentons des candidats aux cantonales dans une bataille pour la rupture avec l'Union européenne, pour défaire la régionalisation. Nous nous en expliquerons lors d'un meeting le 24 janvier, au Palais des sports, à Paris.
Propos recueillis par Rémi Barroux et Caroline Monnot[QUOTE]