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Message Publié : 17 Jan 2004, 12:08
par Quartz
Les associations d'aide sociale constatent une explosion de leur fréquentation.
La pauvreté de plus en plus partagée


Par Ludovic BLECHER
samedi 17 janvier 2004


'il fallait une preuve que la situation sociale s'est aggravée en France, la voici : pour la première fois depuis plusieurs années, les Restos du coeur viennent de s'alarmer d'une hausse de plus de 10 % de la demande d'aide alimentaire dans leurs centres. Situation d'autant plus inquiétante que la campagne d'hiver n'en est qu'à mi-course.

«A la rue». «Tout ce qui touche à l'urgence est débordé. Les camions, les points chauds, tout explose, indique Patricia Henry, membre du bureau national des Restos. Ce sont les plus pauvres, souvent à la rue, dont le nombre est en nette augmentation. Jusqu'à présent, nous restions à un niveau à peu près stable de 560 000 bénéficiaires par an pour 60 millions de repas distribués.» La hausse actuelle signifie 3 millions de repas supplémentaires à fournir.

Cette dégradation de la situation des plus démunis est générale. Avec des pointes criantes à Paris, où la hausse des demandes d'aide aux Restos est de plus de 30 %. Dans le Sud-Est, l'augmentation dépasse 40 %, conséquence notamment des inondations. Selon l'association, les populations concernées sont des jeunes, des femmes seules avec enfants, des chômeurs en fin de droits et surtout des «personnes déplacées» (lire ci-contre). Autre signe de l'aggravation des situations d'exclusion : l'augmentation du nombre de personnes auxquelles les Restos attribuent douze repas par semaine au lieu de six, en raison de la faiblesse de leurs revenus.

Et il n'y a pas que les Restos du coeur. De nombreuses autres associations émettent, elles aussi, des signaux de détresse. A la Chorba, où des colis alimentaires sont distribués chaque vendredi, c'est l'inflation. «L'année dernière, on faisait 200 à 250 colis alimentaires. Cette année, c'est 300 à 350 tous les vendredis, note son secrétaire général, Houssine Elabd. Les services sociaux nous envoient des gens chaque jour. On a l'impression que toutes les ficelles ont été serrées.» La fondation Armée du Salut, qui ajuste de façon hebdomadaire ses rations en fonction des chiffres de la semaine précédente, dit manquer «chaque soir de 20 ou 30 repas».

«Baromètre». De son côté, le Samu social de Paris a accueilli, en urgence, 2 384 personnes en famille qui avaient appelé le «115» en décembre 2003, contre 1 191 en décembre 2002. Même constat alarmant au Secours populaire, qui dispose d'un baromètre annuel : son marché de Noël solidaire, où des familles viennent en libre service des denrées pour "faire de vraies fêtes de fin d' année" : " l' an dernier, 850 à 900 familles sont venues, note son secrétaire national Christophe Auxerr. En 2003, nous avons aidé plus de 1200 familles " Et de lâcher : " Cette poussée n' est pas liée au froid. c' est une aggravation de la précarité."