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Le budget présenté par le gouverneur Schwarzenegger comporte des "sacrifices douloureux"
LE MONDE | 10.01.04 | 13h40
Les coupes dans des programmes sociaux et de santé risquent d'affecter la protection des personnes âgées et des populations les plus défavorisées en Californie.
Los angeles de notre correspondante
En annonçant son premier budget, vendredi 9 janvier à Sacramento, le gouverneur de Californie, Arnold Schwarzenegger, a du mal à prononcer les mots de "sacrifices douloureux", mais quand il y parvient finalement, il laisse le pénible énoncé des détails à son directeur des finances, la jeune et blonde Donna Arduin. Il a embauché cette républicaine de l'équipe de Jeb Bush - gouverneur de Floride et frère de l'actuel président -, pour inspecter les comptes et trouver des remèdes financiers radicaux à la crise du budget californien. En fonction depuis le 17 novembre 2003, M. Schwarzenegger a pris soin de rappeler qu'il avait hérité d'un déficit de 22 milliards de dollars imputable "aux politiciens qui dépensent sans compter".
Le nouveau gouverneur boucle son budget d'une petite centaine de milliards de dollars en tenant sa promesse électorale de ne pas augmenter les impôts, "parce que je suis convaincu qu'une imposition plus forte nuirait à notre économie, qu'il faut au contraire stimuler".
Mais il propose de sévères coupes budgétaires dans des programmes d'assurances médicales et d'aides sociales, qui risquent d'affecter la protection et la santé des personnes âgées et des populations les plus défavorisées, y compris les jeunes enfants et les minorités. Il est prévu, par exemple, d'effectuer 900 millions de dollars d'économies dans le programme public d'assurance médicale Medi-Cal, et de limiter les inscriptions nouvelles à des systèmes d'assurances gratuites qui protègent les bas revenus et certains seniors.
Pour soulager son budget, l'Etat californien entend aussi récupérer, dans les caisses des communautés locales, 1,3 milliard de dollars de revenus en taxes foncières. Voilà qui ne va pas arranger les relations du gouverneur avec les municipalités et les comtés, houleuses depuis le début de son mandat. En annulant l'augmentation de la vignette automobile décidée par son prédécesseur Gray Davis, M. Schwarzenegger avait soudain privé ces collectivités de 4 milliards de dollars déjà affectés aux dépenses de la police, des pompiers, des parcs et bibliothèques municipales, et à certains services sociaux.
A la mi-décembre 2003, les principaux comtés et villes ont même attaqué l'Etat californien en justice pour... défaut de paiement ! Mais le 19 décembre, le gouverneur apparaît à une conférence de presse flanqué de maires, dont le démocrate Jerry Brown - actuel maire d'Oakland et ancien gouverneur de Californie -, et il affirme avoir trouvé le financement.
Le secteur de l'éducation devrait subir les répercussions des nouvelles réductions budgétaires. Et Schwarzenegger le républicain aura en tout cas prouvé son habileté tactique et bipartisane dans ses négociations avec les syndicats d'enseignants plutôt démocrates, à qui il a fait accepter une coupe de 2 milliards de dollars dans le budget de l'éducation, et une suspension provisoire d'une initiative qui finance les écoles. Sacramento prévoit aussi une augmentation substantielle des frais d'inscription dans les collèges et universités gérés par l'Etat de Californie, une nouvelle qui fait déjà réagir les campus. "C'est comme si M. Schwarzenegger voulait que nos écoles soient aussi médiocres que ses films", proteste cet étudiant en droit.
Mais en une cinquantaine de jours à son poste, l'ancien acteur n'a commis qu'un seul faux pas, quand il a envisagé de supprimer certaines aides aux handicapés, qui ont immédiatement manifesté en chaises roulantes à Sacramento. Celui que sa belle-mère démocrate Eunice Shriver a tenté de sensibiliser à la question des handicapés, a ensuite déclaré que ces suppressions "ne seraient pas conformes à ma défense des handicapés".
La prochaine échéance électorale d'Arnold Schwarzenegger interviendra le 2 mars, date de la primaire des élections présidentielles de la Californie. Sur le même bulletin de vote, les électeurs du Golden State doivent autoriser ou non leur gouvernement à lancer un emprunt de 15 milliards de dollars, nécessaires à combler le déficit. Les détracteurs de la politique économique du gouverneur dénoncent un subterfuge qui, selon eux, fait vivre la Californie à crédit.
"Votez oui", a supplié Arnold Schwarzenegger, vendredi 9 janvier, pour tenter de convaincre ses électeurs. Leur réponse sera la première indication précise de la cote de popularité de l'acteur devenu gouverneur.
Claudine Mulard
• ARTICLE PARU DANS L'EDITION DU 11.01.04
Publié : 10 Jan 2004, 23:56