des études bien chères

Message par pelon » 08 Jan 2004, 14:55

a écrit :
Tony Blair défend une réforme très contestée de l'Université
LE MONDE | 08.01.04 | 13h35
Le projet d'augmentation des droits d'inscription dans les établissements d'enseignement supérieur mécontente les étudiants et se heurte à l'opposition des conservateurs et d'une partie de la majorité travailliste aux Communes.
Londres de notre correspondant

Le gouvernement de Tony Blair devait présenter, jeudi 8 janvier, le Higher Education Bill, réforme très controversée du financement des universités britanniques, qui suscite une levée de boucliers au sein du Parti travailliste. Pour tenter de désamorcer la fronde, le ministre de l'éducation, Charles Clarke, devait introduire une série de mesures en faveur des étudiants les plus démunis.

Fondé en 1869, le Girton College - l'un des 31 collèges de l'université de Cambridge - fait partie des établissements au sommet de l'enseignement supérieur britannique. Mais à l'instar de toutes les universités du Royaume-Uni, cette oasis de paix - entrée sur concours, pension élevée, tuteurs qui prolongent l'action des professeurs - est à court d'argent. "La réforme du financement des universités est une bonne chose. Les étudiants les plus pauvres seront encouragés à s'inscrire. Les universités pourront payer mieux le personnel enseignant et attirer les meilleurs éléments" : la directrice du collège, Marilyn Strathern, approuve le projet de loi du gouvernement travailliste d'augmenter les droits d'inscription universitaires. A écouter ce professeur d'anthropologie sociale, l'augmentation du nombre d'étudiants, qui constituent actuellement 40 % de la population scolarisable entre 18 et 30 ans, n'a pas été suivie par celle des ressources. A l'heure actuelle, les droits d'inscription des quelque 700 étudiants produisent seulement un tiers des revenus du Girton College, le reste provenant, à parts égales, des investissements financiers et de l'organisation de séminaires d'affaires.

A première vue, le plan de Charles Clarke n'a rien de révolutionnaire. A partir de 2006, les universités seront autorisées à fixer en toute autonomie les frais de scolarité actuellement plafonnés à 1 100 livres (1650 euros). Les tarifs ne devraient toutefois pas excéder 3 000 livres par an. Quant aux étudiants, ils ne devront pas rembourser leur prêt à l'Etat avant la fin de leurs études et l'obtention d'un emploi rapportant un salaire minimum annuel qui devrait être fixé à 15 000 livres. Aujourd'hui, pour acquitter les frais d'inscription, la majorité d'entre eux sont contraints de s'endetter auprès des banques.

PRIVATISATION RAMPANTE

Critiquée par le syndicat national des étudiants, qui craint la remise en cause du principe d'universalité des études, la réforme se heurte, au Parlement, à l'opposition conjuguée de la droite et de la frange la plus traditionnelle du Labour. Une pétition signée par 156 élus travaillistes - sur les 411 que compte le groupe parlementaire - souligne les risques d'une explosion de la majorité lors du vote crucial à la Chambre des communes, à la fin du mois. Les rebelles soulignent que, dans son manifeste électoral de 2001, le New Labour s'était engagé à ne pas augmenter les droits d'inscription universitaires. Ils reprochent à la réforme d'ouvrir la voie à une Université à deux vitesses et à une privatisation rampante contraires aux principes socialistes. "L'étudiant aura tendance à suivre les cours qu'il pourra se payer et non ceux qui lui sont profitables", a estimé un député d'une circonscription ouvrière du nord de l'Angleterre. Pour leur part, les tories (conservateurs) espèrent, par leur opposition, regagner les faveurs de la petite classe moyenne attachée au statu quo.

"Inutile de le nier, c'est une réforme porte-drapeau extrêmement importante pour le gouvernement" : pour Tony Blair, qui entend moderniser les services publics les plus déficients, comme la santé, l'éducation et les transports, l'enjeu est de taille. En décembre, le premier ministre britannique a indiqué qu'il pourrait être amené à démissionner si son projet était refusé par la Chambre des communes. Le quotidien de centre droit Times n'hésite pas à faire le rapprochement entre cette conjonction des oppositions et la sinistre "poll tax", l'impôt foncier introduit par Margaret Thatcher, à la fin des années 1980, qui avait provoqué sa chute.

Pour tenter de tourner la page de la controverse sur les armes de destruction massive irakiennes, le chef du gouvernement a recentré son action sur la politique intérieure. Mais son dessein de partenariat privé-public pour sortir la fonction publique de l'ornière se heurte aux critiques des syndicats. Pour sa part, la City s'inquiète du déficit croissant des finances publiques, conséquence de la hausse considérable des investissements publics.

Marc Roche

• ARTICLE PARU DANS L'EDITION DU 09.01.04
pelon
 
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