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Message Publié : 03 Jan 2004, 17:06
par pelon
Apparemment, Lemaire n'est pas suffisamment proche du PS pour plaire au Monde. Ah! Voynet.

a écrit :
Gilles Lemaire ne s'est pas imposé à la tête des Verts
LE MONDE
Sa stratégie d'autonomie pour les régionales a été rejetée par les militants dans 11 régions
"mon principal handicap n'est pas d'être inconnu à l'extérieur, mais à l'intérieur du mouvement." C'est ainsi qu'il y a un an, Gilles Lemaire, fraîchement élu secrétaire national des Verts, analysait, dans un curieux paradoxe, sa nouvelle position. C'était en janvier 2003. Comme pour purger définitivement cinq années de "gauche plurielle", les écologistes venaient de désigner à la tête de leur mouvement un personnage aux antipodes de celle qui les avait dirigés jusqu'alors, Dominique Voynet.

M. Lemaire apparaissait presque comme un militant de base, quand la ministre de l'environnement de Lionel Jospin avait assis la crédibilité des Verts sur sa trajectoire personnelle. Adhérent écologiste depuis 1999 seulement, il a suivi un parcours classique dans la génération de Mai 1968 : le Parti socialiste unifié (PSU) puis la Gauche ouvrière et paysanne (GOP), groupuscule maoïste, la lutte du Larzac et, pour finir, un court passage au PS avant d'atterrir chez les Verts – de sept ans sa cadette, Mme Voynet n'a, elle, milité qu'au sein du mouvement écologiste. M. Lemaire, enfin, est vierge de tout mandat électif, alors que l'ancienne députée du Jura était déjà candidate, en 1983, aux élections municipales à Besançon.

BATAILLE D'EGO

M. Lemaire a hérité d'un parti en plein désarroi. Le séisme politique du 21 avril 2002 a escamoté la bonne performance du candidat écologiste à l'élection présidentielle, Noël Mamère (5,25 %), et les Verts se sont repliés sur leurs méchantes habitudes : querelles d'ego et de courants.

Le congrès des 14 et 15 décembre 2002 fut une piètre rampe de lancement pour le nouveau leader des Verts. Les écologistes s'étaient dotés, certes, d'une nouvelle majorité, fruit de l'alliance incongrue des partisans d'Antoine Waechter, ancien leader du parti, avec ceux d'Alain Lipietz, proches de l'extrême gauche et du "mouvement social" ; mais cette majorité, trop étroite, n'avait pas pu réunir les 60 % de voix nécessaires à l'élection d'une nouvelle direction et d'un nouveau secrétaire national. A l'issue du congrès, le parti écologiste avait réussi le tour de force de reconduire Mme Voynet, pour un intérim d'un mois...

Finalement désigné après cet intermède par des militants soucieux d'en finir, M. Lemaire, humilié, ne s'est jamais tout à fait relevé de cet épisode calamiteux. Aujourd'hui, sa majorité est toujours aussi fragile et il ne s'est pas vraiment imposé. Piètre orateur, fuyant les médias, il apparaît plus souvent au bas de pétitions qu'à la télévision – ce que commence à lui reprocher une partie de son mouvement. Son absence revendiquée laisse le champ libre à l'expression et aux initiatives individuelles des figures "historiques" du parti : Noël Mamère, Dominique Voynet ou Alain Lipietz.

A mi-mandat, le secrétaire national des Verts donne l'impression de n'avoir plus prise sur un mouvement de plus en plus enclin à favoriser des logiques politiques locales. On l'a vu, au cours des derniers mois, avec le débat sur la stratégie des Verts pour les élections régionales de mars 2004. Proche de l'extrême gauche – quoiqu'il n'assume pas totalement cette filiation –, M. Lemaire s'est escrimé, pendant un an, à donner un contenu à la notion d'"autonomie contractuelle" sur laquelle la nouvelle majorité des Verts s'est laborieusement fait élire.

Mais ses atermoiements sur la ligne politique du parti et ses alliances, tout comme ses flirts appuyés tantôt avec M. Waechter, tantôt avec la gauche radicale, n'ont fait qu'affaiblir davantage la direction du parti et accroître l'incompréhension des militants. Résultat : alors qu'au mois de juin, le conseil national interrégional (CNIR) des Verts avait approuvé, à 66 % des suffrages, la stratégie d'autonomie au premier tour des élections régionales défendue par M. Lemaire et ses amis, les adhérents ont refusé cette orientation dans 11 des 22 régions, au terme de leurs assemblées régionales.

Mis en minorité dans sa propre région – l'Ile-de-France –, où les exigences d'autonomie de ses partisans ont été balayées par le marché avantageux proposé par le PS, M. Lemaire, leader malgré lui d'un parti qui se méfie des chefs, n'aborde pas d'un très bon pied une année 2004 à haut risque électoral.

Christine Garin

• ARTICLE PARU DANS L'EDITION DU 04.01.04Gilles Lemaire ne s'est pas imposé à la tête des Verts
LE MONDE
Sa stratégie d'autonomie pour les régionales a été rejetée par les militants dans 11 régions
"mon principal handicap n'est pas d'être inconnu à l'extérieur, mais à l'intérieur du mouvement." C'est ainsi qu'il y a un an, Gilles Lemaire, fraîchement élu secrétaire national des Verts, analysait, dans un curieux paradoxe, sa nouvelle position. C'était en janvier 2003. Comme pour purger définitivement cinq années de "gauche plurielle", les écologistes venaient de désigner à la tête de leur mouvement un personnage aux antipodes de celle qui les avait dirigés jusqu'alors, Dominique Voynet.

M. Lemaire apparaissait presque comme un militant de base, quand la ministre de l'environnement de Lionel Jospin avait assis la crédibilité des Verts sur sa trajectoire personnelle. Adhérent écologiste depuis 1999 seulement, il a suivi un parcours classique dans la génération de Mai 1968 : le Parti socialiste unifié (PSU) puis la Gauche ouvrière et paysanne (GOP), groupuscule maoïste, la lutte du Larzac et, pour finir, un court passage au PS avant d'atterrir chez les Verts – de sept ans sa cadette, Mme Voynet n'a, elle, milité qu'au sein du mouvement écologiste. M. Lemaire, enfin, est vierge de tout mandat électif, alors que l'ancienne députée du Jura était déjà candidate, en 1983, aux élections municipales à Besançon.

BATAILLE D'EGO

M. Lemaire a hérité d'un parti en plein désarroi. Le séisme politique du 21 avril 2002 a escamoté la bonne performance du candidat écologiste à l'élection présidentielle, Noël Mamère (5,25 %), et les Verts se sont repliés sur leurs méchantes habitudes : querelles d'ego et de courants.

Le congrès des 14 et 15 décembre 2002 fut une piètre rampe de lancement pour le nouveau leader des Verts. Les écologistes s'étaient dotés, certes, d'une nouvelle majorité, fruit de l'alliance incongrue des partisans d'Antoine Waechter, ancien leader du parti, avec ceux d'Alain Lipietz, proches de l'extrême gauche et du "mouvement social" ; mais cette majorité, trop étroite, n'avait pas pu réunir les 60 % de voix nécessaires à l'élection d'une nouvelle direction et d'un nouveau secrétaire national. A l'issue du congrès, le parti écologiste avait réussi le tour de force de reconduire Mme Voynet, pour un intérim d'un mois...

Finalement désigné après cet intermède par des militants soucieux d'en finir, M. Lemaire, humilié, ne s'est jamais tout à fait relevé de cet épisode calamiteux. Aujourd'hui, sa majorité est toujours aussi fragile et il ne s'est pas vraiment imposé. Piètre orateur, fuyant les médias, il apparaît plus souvent au bas de pétitions qu'à la télévision – ce que commence à lui reprocher une partie de son mouvement. Son absence revendiquée laisse le champ libre à l'expression et aux initiatives individuelles des figures "historiques" du parti : Noël Mamère, Dominique Voynet ou Alain Lipietz.

A mi-mandat, le secrétaire national des Verts donne l'impression de n'avoir plus prise sur un mouvement de plus en plus enclin à favoriser des logiques politiques locales. On l'a vu, au cours des derniers mois, avec le débat sur la stratégie des Verts pour les élections régionales de mars 2004. Proche de l'extrême gauche – quoiqu'il n'assume pas totalement cette filiation –, M. Lemaire s'est escrimé, pendant un an, à donner un contenu à la notion d'"autonomie contractuelle" sur laquelle la nouvelle majorité des Verts s'est laborieusement fait élire.

Mais ses atermoiements sur la ligne politique du parti et ses alliances, tout comme ses flirts appuyés tantôt avec M. Waechter, tantôt avec la gauche radicale, n'ont fait qu'affaiblir davantage la direction du parti et accroître l'incompréhension des militants. Résultat : alors qu'au mois de juin, le conseil national interrégional (CNIR) des Verts avait approuvé, à 66 % des suffrages, la stratégie d'autonomie au premier tour des élections régionales défendue par M. Lemaire et ses amis, les adhérents ont refusé cette orientation dans 11 des 22 régions, au terme de leurs assemblées régionales.

Mis en minorité dans sa propre région – l'Ile-de-France –, où les exigences d'autonomie de ses partisans ont été balayées par le marché avantageux proposé par le PS, M. Lemaire, leader malgré lui d'un parti qui se méfie des chefs, n'aborde pas d'un très bon pied une année 2004 à haut risque électoral.

Christine Garin

• ARTICLE PARU DANS L'EDITION DU 04.01.04