
Répression antisyndicale
Criminalisation
Le pouvoir politique et les patrons se vengent du mouvement social du printemps en réprimant sauvagement.
Coup sur coup, une avalanche répressive s'abat sur des animateurs et animatrices de luttes récentes. Commençons par le fameux procès "des clarines et du mégaphone", dont est victime Marie-Ange Debard, à Montbéliard (Doubs). Le 30 juin, Claude Haigneré, ministre de la Recherche, arrive à Montbéliard. C'est l'époque des rassemblements pour la libération de José Bové. Avec la Confédération paysanne, des militants de la CGT, de la FSU, d'Attac, dont Marie-Ange Debard (CGT), se retrouvent à la porte de l'université où se trouve la ministre. Avec un... simple mégaphone et des clarines. En face, un déploiement impressionnant de policiers, dont certains agressifs : ils essaient de saisir le mégaphone. Les slogans "Libérez José !", "Non aux OGM" retentissent pendant une heure, suivis du carillon des clarines. Or, dix policiers portent plainte pour... nausées, vertiges et problèmes auditifs, certificats médicaux à l'appui. La porteuse du mégaphone, Marie-Ange, est accusée de "blessures volontaires aggravées, avec arme, sur personnes dépositaires de l'autorité publique lors d'une réunion", ce qui peut entraîner sept ans de prison. Les médias ridiculisent l'affaire. Le procureur tente de l'étouffer en proposant à l'accusée un... travail d'intérêt général. Il omet d'expliquer que reconnaître une culpabilité crée un précédent. La camarade refuse. Elle passera en correctionnelle. Un large comité de soutien s'est constitué, avec la CGT, la FSU, Attac, la Confédération paysanne, SUD-Auto, AC!, le Regroupement antilibéral (RAL, issu du mouvement de mai), le théâtre L'Unité et diverses personnalités (contact : union locale CGT, ).
Dans le commerce, la syndicalisation est la hantise des patrons. Cédric Ostrowski, employé à l'entrepôt McDonald (qui approvisionne Virgin aux Champs-Elysées), représentant CGT, est en procédure de licenciement pour... harcèlement moral à l'égard de son supérieur hiérarchique ! Depuis l'adoption de la loi sur le harcèlement moral, en 2002, c'est la première fois qu'une telle accusation est portée, surtout à l'égard d'un syndicaliste. Il est aussi accusé de menaces, provocations et propos injurieux à l'égard de collègues et de la direction. L'Inspection du travail refuse son licenciement. Mais la directrice des ressources humaines dépose un recours hiérarchique au ministère. Si cette nouvelle tentative aboutissait, elle créerait un très dangereux précédent, dont tous les syndicalistes pourraient être victimes demain.
Dans le Var, c'est Roger Gimenez, militant de la CGT de Draguignan, qui est menacé de correctionnelle à la suite d'une manifestation du printemps. Les grévistes ont organisé un sit-in pacifique le 15 juillet, entre Pourrières et Saint-Maximin, lors du passage du Tour de France. Le but était d'attirer l'attention sur les retraites, la décentralisation, les intermittents du spectacle et la libération de José Bové. Les manifestants ont été brutalement "déménagés" par des gardes mobiles, dont l'un a eu la joue écorchée accidentellement, comme lui et sa hiérarchie le reconnaissent spontanément. Mais, contre toute logique, on apprend que Roger fait l'objet d'une plainte pour coups et blessures volontaires sur un militaire et rébellion. Ce qui peut mener jusqu'à une condamnation à cinq ans de prison. Son procès a lieu le 17 décembre. Un collectif très large d'organisations appelle à manifester.
A Perpignan, Philippe Galano, militant de la CGT des Autoroutes du Sud de la France (ASF) reçoit sa lettre de licenciement fin novembre, sur décision de François Fillon. Les faits remontent à une manifestation de mai, à l'appel de la CGT, de la FSU, de l'Unsa. L'autoroute A9 est bloquée. Quatre syndicalistes des ASF, dont Philippe, sont victimes d'une procédure de licenciement ou de mutation. L'inspecteur du travail refuse cela, mais la direction engage un recours au ministère, qui autorise la répression contre Philippe. Une première manifestation très unitaire a eu lieu le 28 novembre, devant la préfecture.
Ce ne sont là que quelques parties visibles de l'iceberg.
Correspondants de Montbéliard, Perpignan, Draguignan et Paris
Rouge 2044 18/12/2003
Criminalisation
Le pouvoir politique et les patrons se vengent du mouvement social du printemps en réprimant sauvagement.
Coup sur coup, une avalanche répressive s'abat sur des animateurs et animatrices de luttes récentes. Commençons par le fameux procès "des clarines et du mégaphone", dont est victime Marie-Ange Debard, à Montbéliard (Doubs). Le 30 juin, Claude Haigneré, ministre de la Recherche, arrive à Montbéliard. C'est l'époque des rassemblements pour la libération de José Bové. Avec la Confédération paysanne, des militants de la CGT, de la FSU, d'Attac, dont Marie-Ange Debard (CGT), se retrouvent à la porte de l'université où se trouve la ministre. Avec un... simple mégaphone et des clarines. En face, un déploiement impressionnant de policiers, dont certains agressifs : ils essaient de saisir le mégaphone. Les slogans "Libérez José !", "Non aux OGM" retentissent pendant une heure, suivis du carillon des clarines. Or, dix policiers portent plainte pour... nausées, vertiges et problèmes auditifs, certificats médicaux à l'appui. La porteuse du mégaphone, Marie-Ange, est accusée de "blessures volontaires aggravées, avec arme, sur personnes dépositaires de l'autorité publique lors d'une réunion", ce qui peut entraîner sept ans de prison. Les médias ridiculisent l'affaire. Le procureur tente de l'étouffer en proposant à l'accusée un... travail d'intérêt général. Il omet d'expliquer que reconnaître une culpabilité crée un précédent. La camarade refuse. Elle passera en correctionnelle. Un large comité de soutien s'est constitué, avec la CGT, la FSU, Attac, la Confédération paysanne, SUD-Auto, AC!, le Regroupement antilibéral (RAL, issu du mouvement de mai), le théâtre L'Unité et diverses personnalités (contact : union locale CGT, ).
Dans le commerce, la syndicalisation est la hantise des patrons. Cédric Ostrowski, employé à l'entrepôt McDonald (qui approvisionne Virgin aux Champs-Elysées), représentant CGT, est en procédure de licenciement pour... harcèlement moral à l'égard de son supérieur hiérarchique ! Depuis l'adoption de la loi sur le harcèlement moral, en 2002, c'est la première fois qu'une telle accusation est portée, surtout à l'égard d'un syndicaliste. Il est aussi accusé de menaces, provocations et propos injurieux à l'égard de collègues et de la direction. L'Inspection du travail refuse son licenciement. Mais la directrice des ressources humaines dépose un recours hiérarchique au ministère. Si cette nouvelle tentative aboutissait, elle créerait un très dangereux précédent, dont tous les syndicalistes pourraient être victimes demain.
Dans le Var, c'est Roger Gimenez, militant de la CGT de Draguignan, qui est menacé de correctionnelle à la suite d'une manifestation du printemps. Les grévistes ont organisé un sit-in pacifique le 15 juillet, entre Pourrières et Saint-Maximin, lors du passage du Tour de France. Le but était d'attirer l'attention sur les retraites, la décentralisation, les intermittents du spectacle et la libération de José Bové. Les manifestants ont été brutalement "déménagés" par des gardes mobiles, dont l'un a eu la joue écorchée accidentellement, comme lui et sa hiérarchie le reconnaissent spontanément. Mais, contre toute logique, on apprend que Roger fait l'objet d'une plainte pour coups et blessures volontaires sur un militaire et rébellion. Ce qui peut mener jusqu'à une condamnation à cinq ans de prison. Son procès a lieu le 17 décembre. Un collectif très large d'organisations appelle à manifester.
A Perpignan, Philippe Galano, militant de la CGT des Autoroutes du Sud de la France (ASF) reçoit sa lettre de licenciement fin novembre, sur décision de François Fillon. Les faits remontent à une manifestation de mai, à l'appel de la CGT, de la FSU, de l'Unsa. L'autoroute A9 est bloquée. Quatre syndicalistes des ASF, dont Philippe, sont victimes d'une procédure de licenciement ou de mutation. L'inspecteur du travail refuse cela, mais la direction engage un recours au ministère, qui autorise la répression contre Philippe. Une première manifestation très unitaire a eu lieu le 28 novembre, devant la préfecture.
Ce ne sont là que quelques parties visibles de l'iceberg.
Correspondants de Montbéliard, Perpignan, Draguignan et Paris
Rouge 2044 18/12/2003