Page 1 sur 1

Message Publié : 23 Déc 2003, 09:41
par pelon
a écrit :
La pétition de treize membres d'une unité d'élite provoque un choc en Israël.
Le «non» de soldats israéliens à l'occupation



Par Jacques KEREM
mardi 23 décembre 2003

Jérusalem intérim



Coup de tonnerre. Trois mois après la pétition dans laquelle 27 pilotes de l'armée de l'air israélienne ­ l'aristocratie de Tsahal ­ refusaient d'obéir à des ordres «illégaux et immoraux» en prenant part aux raids ciblés de l'armée contre des activistes palestiniens, des membres de la Sayeret Matkal, le prestigieux commando d'élite de l'armée, à leur tour, disent «non» ! Ils refusent de servir dans les territoires palestiniens pour ne plus tremper dans les crimes d'une armée «d'occupation».

Spécialisée dans les opérations de commando derrière les lignes ennemies, la Sayeret Matkal s'est couverte de gloire, notamment dans le raid d'Entebbe, en Ouganda, pour libérer les passagers israéliens d'un vol d'Air France détourné en juin 1976. Treize anciens membres de cette unité, dont neuf réservistes, ont décidé de sortir de l'ombre, pour dire non. L'affaire a fait lundi la «une» de la presse israélienne. Le tollé est énorme.

«Notre profonde inquiétude quant à l'avenir de l'Etat d'Israël, en tant qu'Etat démocratique, sioniste et juif, et notre souci de son image morale et de ses valeurs, ne nous permettent plus de garder le silence. Nous vous disons aujourd'hui : nous ne prendrons plus part au régime d'oppression qui fait fi des droits de millions de Palestiniens. Nous ne servirons plus de rempart à la colonisation. Nous ne laisserons pas détruire ce qui est humain en nous par les opérations d'une armée d'occupation», écrivent les signataires de la pétition.

La lettre a été adressée au commandant de l'unité et des copies au chef d'état-major, le général Moshe Yaalon, au ministre de la Défense, Shaul Mofaz, et au Premier ministre Ariel Sharon. Le plus haut gradé des signataires est commandant. Le plus vieux est âgé d'une cinquantaine d'années, le plus jeune a 23 ans. Ces treize hommes épousent donc l'histoire de leur prestigieuse unité créée dans les années cinquante.

«Il est très grave que des réservistes se réclament de leur passé militaire et du nom de l'unité dans laquelle ils ont servi pour mettre en avant leurs idées politiques», a déclaré l'armée israélienne dans un communiqué laconique de son porte-parole. «Il s'agit là d'un acte de délinquance idéologique», a affirmé, pour sa part, Youval Steniz, le président de l'importante commission parlementaire des affaires étrangères et de la défense de la Knesset (Parlement).

«Il s'agit déjà d'un incendie. Nous ne pouvons plus continuer à nous mentir. Il ne s'agit pas d'un feu d'herbes folles. C'est un brasier qui dévore la cime des cèdres», écrivait hier Alex Fishman, le correspondant militaire du Yediot Aharonot dans un éditorial publié en «une». «Il s'agit d'un phénomène dont on risque de perdre le contrôle et nous nous devons de nous demander avec honnêteté : pourquoi ? (...) avant qu'il ne soit trop tard», conclut-il.



© Libération