Succession de Blondel

Message par pelon » 15 Nov 2003, 09:09

Pour info mais à prendre avec des pincettes :

CITATION
Manoeuvres trotskystes à FO  
L'Expansion 29/10/2003

Pour lui succéder à la tête du syndicat, Marc Blondel soutient un apparatchik radical lié à une organisation trotskyste.



Marc Blondel le répète depuis des mois : entre les deux candidats à sa succession à la tête de Force ouvrière, il n'a pas de favori : « Ils sont comme mes frères. » Mais en fait le coeur du secrétaire général n'a jamais balancé. Entre les deux, sa préférence va à celui qui fut son assistant personnel pendant près de vingt ans, témoin de son mariage en 1996, et surtout allié des trotskystes lambertistes : Jean-Claude Mailly, 50 ans, le secrétaire confédéral chargé de la communication (depuis 2000). Il le lui a promis à la veille de l'annonce de sa candidature : « Laisse-moi faire et je te ferai élire. » Un véritable coup de poignard dans le dos pour l'autre candidat : Jean-Claude Mallet, 56 ans, l'ami de toutes les batailles et l'actuel secrétaire confédéral chargé de la protection sociale.

Mis à part leur soutien indéfectible à Marc Blondel et leur appartenance à la franc-maçonnerie, les deux « JCM » ne se ressemblent pas du tout. Jean-Claude Mallet se définit comme un « rural pragmatique tout en rondeur ». Agent des PTT, l'ex-président de la Caisse nationale d'assurance-maladie (entre 1991 et 1996) est un homme de terrain. Il a adhéré à FO en 1969 et a dirigé pendant quinze ans l'union départementale de la Mayenne, avant d'entrer au bureau confédéral en 1989. « J'ai plus de trente-quatre ans d'expérience militante, et presque autant de pratique de la négociation, confie ce fumeur de pipe. Je suis le contraire d'un idéologue, et on ne m'apporte pas le secrétariat général sur un plateau. »

Une pierre dans le jardin de son adversaire, Jean-Claude Mailly, un homme au profil d'apparatchik : fils et arrière-petit-fils de militants FO, agent de la Sécurité sociale dont l'adhésion remonte à 1978. A part cinq années passées au Conseil économique et social et son rôle à la tête du journal maison, FO Hebdo, le principal fait d'armes de cet accro aux Philip Morris est d'avoir été, de 1981 à 2000, l'assistant personnel de Blondel. « C'est un homme d'appareil, intelligent mais sans charisme, qui ne s'est jamais présenté à une élection et qui a pour légitimité celle que Marc Blondel lui a donnée », ironise un opposant.

Quel que soit le vainqueur, FO ne changera pas

Question programme, les différences entre les deux Jean-Claude sont inexistantes. Tous deux ont soutenu les combats menés par Marc Blondel depuis 1989 (contre les réformes des retraites de Balladur et Fillon, contre le plan Juppé sur la Sécurité sociale, contre la libéralisation des services publics ou l'ouverture du capital des entreprises publiques, contre les trente-cinq heures, contre les réformes de l'Unedic, etc.), faisant de FO une organisation arc-boutée sur les acquis sociaux et qui dit toujours non. « Je n'ai jamais eu de problème d'orientation et je me suis toujours senti bien à FO », confirme Mallet. « J'assume pleinement les orientations passées de l'organisation », assure Mailly.

Tous deux se proclament néanmoins « réformistes » et affirment vouloir poursuivre l'oeuvre du chef, fondée sur « l'indépendance syndicale, la défense des droits des salariés, la laïcité, les valeurs de la République et... la pratique contractuelle ». Blondel, Mailly, Mallet, même combat ! « Même s'il est plus réformiste et moins antieuropéen que Mailly, Mallet ne défend pas une ligne alternative parce qu'il n'en a pas et parce qu'il ne serait pas suivi par les militants », décrypte un ancien de la maison.

Et pour cause ! Cela fait près de quinze ans que FO a ancré son action dans la contestation et le rejet du « syndicalisme d'accompagnement » pratiqué par la CFDT. Les « modernistes » - qui plaidaient pour un syndicalisme plus ouvert aux réalités du monde moderne - ont quitté FO ou sont rentrés dans le rang. Et tous les nouveaux adhérents soutiennent la ligne très « radicale » de l'actuel secrétaire général. Difficile, voire suicidaire, pour un candidat, de proposer aujourd'hui une orientation différente.

Jacques Mairé, actuellement secrétaire général adjoint de l'Union nationale des syndicats autonomes, en a fait l'amère expérience en 1997. Il avait alors proposé une orientation rompant avec les pratiques contestataires de FO, et il fut battu à plate couture par Marc Blondel. Il n'eut d'autre choix que de quitter l'organisation, un an plus tard.

Les durs du public roulent pour Mailly

Pour l'heure, chacun des deux candidats fait campagne pour rallier les indécis. Et, sur ce point, l'avantage va à Jean-Claude Mailly, qui dispose, outre le soutien implicite du grand chef, de l'appui des trotskistes lambertistes (du nom de leur principal dirigeant, Pierre Lambert). Ces derniers - qui pèsent 15 % des voix - restent de fervents partisans de la lutte des classes et militent au sein du Parti des travailleurs.

Très bien organisés et implantés sur tout le territoire, les lambertistes ont contribué à faire élire Marc Blondel en 1989. En échange, ils ont obtenu des postes clefs au sein de l'organisation. Ne voulant pas perdre leur dernière base importante dans le milieu syndical, ces trotskistes roulent aujourd'hui pour le dauphin de Marc Blondel.

« Et alors ? rétorque Jean-Claude Mailly, que certains taxent d'être lui-même un lambertiste. Tous les militants ont le droit de s'exprimer, et cela ne me dérange pas qu'ils me soutiennent. » Sauf que leur travail de sape commence à porter ses fruits. « Les lambertistes font pression sur certains secrétaires départementaux pour imposer le vote Mailly », confirme Jacques Lemercier, secrétaire général de la fédération des télécoms. « On leur fait comprendre qu'ils ont intérêt à bien voter s'ils ne veulent pas perdre leur poste après l'élection, avoue un ancien lambertiste. Avec Mailly, c'est donnant, donnant. Ils lui obtiennent les voix nécessaires à son élection, et lui leur assure le maintien de leurs positions au sein de l'appareil. » Des pratiques et une alliance que dément vivement Jean-Claude Mailly, mais qui font réagir le camp Mallet. « Je n'ai pas l'intention de me laisser faire, et chaque coup donné sera rendu », avertit ce dernier.

Autre avantage de poids de Jean-Claude Mailly : le soutien des fonctionnaires de FO - en premier lieu la fédération de l'enseignement - et de tous ceux qui appelaient à la grève générale lors des manifestations du printemps contre la réforme des retraites. « Ils ont une revanche à prendre et sont persuadés que c'est Mailly qui les y aidera », explique Michel Huc, l'incontrôlable secrétaire général de la fédération de la métallurgie. D'autant que Jean-Claude Mallet fédère au contraire tous ceux qui plaidaient pour un alignement de la durée de cotisation du public sur celle du privé (à quarante années).

« Blondel a empêché toute discussion »

Marc Blondel ne ménage pas non plus ses efforts en coulisse pour faire triompher son poulain. Il a tenté un coup de force inédit pour l'imposer, le 17 septembre, à Lens, lors de la dernière réunion du comité central national (CCN), l'organe directeur qui élira, le 7 février 2004, le prochain secrétaire général. Affirmant craindre une « lutte fratricide » dans laquelle FO laisserait des plumes, Blondel a exigé des membres du CCN qu'ils choisissent dès à présent celui qui postulerait à sa succession - le candidat officiel, en quelque sorte. Cinq mois avant l'heure, et sans qu'il y ait eu le moindre débat.

« Je ne reproche pas à Marc Blondel d'avoir voulu nous sonder, mais d'avoir empêché toute discussion », se plaint Bernard Sohet, le secrétaire général de l'union départementale du Nord, l'une des plus importantes de la galaxie FO. « Nous ne voulons pas revivre le combat très dur de 1989, lors de la succession d'André Bergeron. Il était donc logique que Marc Blondel tente de faire émerger un candidat », plaide au contraire Michel Monteil, le patron de la puissante fédération FO des finances, partisan de Mailly.

Le résultat ? Un tiers des membres ont refusé de prendre part au vote, et une moitié ont apporté leur soutien à Jean-Claude Mailly. « Sans débat, sans programme et sans avoir fait campagne, Mailly fait plus de 50 % des votes, décrypte un ancien de la maison. C'est plus qu'un bon début, et ça va influencer tous ceux qui hésitaient encore à lui apporter leur voix. »

De là à dire que Jean-Claude Mailly est d'ores et déjà élu secrétaire général de FO... « Je suis quelqu'un d'entêté et je crois à la justesse de ma candidature, prévient Jean-Claude Mallet. J'irai jusqu'au bout. » Il y croit encore, car il se rappelle qu'en 1989 Marc Blondel était donné perdant quelques mois avant le congrès...



Marc Landré

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