CITATION Sida : lutte molle des entreprises sud-africaines
La distribution des antirétroviraux ne se généralise pas.
Libération
vendredi 24 octobre 2003
Par Stéphanie SAVARIAUD
Johannesburg de notre correspondante
Le premier bilan de la campagne de distribution d'antirétroviraux aux salariés sud-africains malades du sida est décevant. Lancés il y a un an par les deux géants miniers Anglo-American et De Beers, ces programmes tardent à se généraliser dans les entrepri ses d'Afrique du Sud, où 30 % de la force de travail sera séropositive d'ici 2005 si rien n'est fait dans ce pays qui compte plus de 20 % de personnes contaminées. Selon un récent sondage, 73 % des entreprises interrogées n'offrent pas de couverture médicale à leurs employés séropositifs.
«C'est plus facile pour les gros ses entreprises, qui offrent déjà une couverture médicale à leurs employés, que pour les petites. Et les mentalités évoluent encore trop lentement», estime David Macaskill, directeur d'une société qui met en place les stratégies de lutte contre le sida pour les entreprises. «Il faut du temps pour expliquer aux entreprises qu'elles perdent de l'argent si elles n'ont pas de stratégie vis-à-vis du sida», expli que Themba Gamedze, d'une compagnie d'assurance-vie.
En Afri que du Sud, où le système médical public est limité, l'engagement du secteur privé dans la lutte contre le sida est important. L'hiver dernier, Anglo-American a commencé à fournir des médicaments à ses employés. De Beers ne s'y est mis qu'au mois de juil let 2003. «Nous ne pensions pas nous heurter à tant d'obstacles», confie Tracey Peterson, en charge du programme de lutte contre le sida chez le plus gros producteur de diamants au monde. Obstacles de financement. Mais pas seulement. Il y a aussi la stigmatisation des malades : chez De Beers, sur 800 employés séropositifs, seuls 50 sont enregistrés dans le programme. «Nous avons observé d'énor mes changements d'attitude envers le dépistage», explique Brian Brink, chargé de la santé au sein d'Anglo-American.
Aujourd'hui, les syndicats - qui font pression sur les pouvoirs publics - réclament aux entreprises des garanties en matière de traitement. Idem pour les investisseurs étrangers. La Bourse de Johannesburg prévoit de mettre en place un index pour calculer l'engagement dans la lutte contre le sida des sociétés cotées en bourse.[/quote]