Rome en proie aux altermondialistes

[Louis]

Par James Crawford



ROME (Reuters) - A l'occasion du sommet européen qui a lancé la Conférence intergouvernementale (CIG) dans la capitale italienne, des dizaines de milliers de militants altermondialistes ont défilé samedi à Rome, où des affrontements sporadiques ont éclaté entre policiers et groupuscules.


Tandis que 28 dirigeants de l'UE engageaient les débats sur la future Constitution européenne, des manifestants incendiaient une agence d'intérim, endommageaient voitures et vitrines et proféraient des insultes devant des locaux officiels dans le quartier d'Eur (sud de Rome), où avait lieu le sommet.


Selon les organisateurs, la marche regroupait au moins 100.000 personnes - des altermondialistes et des écologistes aux groupes anarchistes, pro-kurdes et palestiniens, en passant par des étudiants coiffés à la rasta et frappant sur des tambours.


A un moment, des dizaines de membres de la police anti-émeute italienne ont fait usage de matraques et de gaz lacrymogènes pour refouler plusieurs centaines de manifestants qui les avaient attaqués à coups de bouteilles et de pierres, ont rapporté des journalistes de Reuters.


Plusieurs manifestants et deux policiers ont été blessés. Un homme âgé, touché à la tête, a par ailleurs été hospitalisé. Les forces de l'ordre ont indiqué que 13 personnes avaient été arrêtées.


"Comme nous nous y attendions, environ 400 voyous déchaînés ont tout fait pour chercher la bagarre et faire dégénérer la manifestation", explique le ministre italien de l'Intérieur, Giuseppe Pisanu, dans un communiqué.


"Grâce aux manifestants non-violents et à la maîtrise et au professionnalisme de nos forces de l'ordre, la violence et les dégâts se sont limités au minimum", ajoute-t-il.


CONSTITUTION MISE EN CAUSE


Les manifestants font valoir que les citoyens d'Europe ont trop peu d'influence sur l'élaboration d'une constitution qui, à leurs yeux, privilégie l'économie de marché au détriment de la paix et de l'entente entre les peuples.


Avant le début de la marche, une cinquantaine de manifestants aux visages masqués ont détruit les devantures de plusieurs établissements d'un quartier proche du centre où se tenait la conférence, avant de lancer un cocktail Molotov dans une agence d'intérim, ont rapporté des témoins.


Après avoir bloqué la rue avec des poubelles et des pneus, ils ont attaqué l'agence au moyen de bâtons et de barres de fer puis ont jeté l'engin explosif à l'intérieur des locaux, a dit à Reuters un habitant du quartier, Gianni Sugaroni, 36 ans.


La police a dit avoir interpellé 32 personnes qui s'enfuyaient de la zone des troubles. Des pompiers sont ensuite arrivés sur place pour éteindre le feu qui ravageait l'agence. Des voitures appartenant à Adecco, l'une des principales agences d'emploi intérimaire italiennes, ont aussi été détruites.


Un peu plus tôt, dans le centre de Rome, un demi-millier d'altermondialistes s'étaient rassemblés devant les locaux du gouvernement de Silvio Berlusconi, lançant des rouleaux de papier hygiénique sur le bâtiment en criant des propos injurieux.


Vendredi, un petit groupe de manifestants avait déposé des seaux de fumier devant la résidence personnelle de Berlusconi dans le centre de la capitale.


En juillet 2001, en marge d'un sommet du Groupe des Huit dans le port italien de Gênes, un militant avait été tué par balle et des dizaines d'autres personnes avaient été blessés au cours d'affrontements entre manifestants et policiers.