L'insécurité sociale, nouveau terrain de campagne

Message par faupatronim » 03 Oct 2003, 15:28

CITATION (Le Monde @ 3 octobre 2003)
L'"insécurité sociale", nouveau terrain de campagne du FN


Gêné par l'omniprésence de M. Sarkozy, le parti de M. Le Pen veut se présenter comme une "bouée de sauvetage" pour les salariés menacés par le chômage. Ses slogans pour les élections régionales sont à l'étude : ils devraient associer "le malheur des ouvriers au fléau de l'immigration".


La "révolution économique" du Front national est en marche. A moins de six mois des élections régionales, le parti d'extrême droite a adopté sa stratégie. Elle sera validée le 7 décembre lors d'un bureau politique élargi. En attendant, les cadres affinent la nouvelle donne que la direction du FN décrit comme le deuxième étage d'une fusée allumée le 21 avril 2002.  Après avoir nourri la campagne de la présidentielle de son thème traditionnel - l'insécurité -, le mouvement de Jean-Marie Le Pen entend réinvestir le terrain social.

Le FN s'y était déjà aventuré en 1992 quand Bruno Mégret avait théorisé la "préférence nationale". "On a eu raison trop tôt mais, aujourd'hui, les gens ouvrent les yeux", déclare Eric Iorio, secrétaire national aux élections. Le FN y voit également l'occasion de contourner "l'effet Sarkozy" qui séduit une partie de son électorat. "Le ministre de l'intérieur donne aux Français un sentiment de sécurité", admet M. Iorio.

"L'année 2002 s'est jouée sur l'insécurité, 2004 se jouera sur le bilan économique du gouvernement Raffarin, assure le secrétaire général du FN, Carl Lang. Voilà pourquoi nous allons mettre en avant un projet alternatif de rupture avec la gestion des trente dernières années qui a conduit à une désintégration de notre tissu industriel." En tant que président du groupe FN du conseil régional du Nord - Pas-de-Calais, M. Lang a pu mesurer l'impact de cette thématique de l'insécurité sociale auprès d'une population déboussolée par les fermetures d'entreprises. Lors d'une élection cantonale, le 6 avril, à Anzin (Nord), le candidat d'extrême droite a conservé son audience (plus de 11 %) alors qu'en moyenne le FN enregistre une déperdition de 50 % lors des partielles par rapport au scrutin de référence.

"Même si le Nord - Pas-de-Calais est fortement touché par la crise économique, aucune région n'échappe à la litanie des plans sociaux", estime M. Lang. De fait, Marine Le Pen, tête de liste en Ile-de-France, portera également le débat sur "l'emploi et le social", confirme son directeur de campagne, Louis Aliot. Avant même le lancement officiel de sa campagne, Samuel Maréchal, chef de file dans les Pays de la Loire, a consacré son déplacement à Saint-Nazaire (Loire-Atlantique), le 27 septembre, à l'avenir d'Alstom et des Chantiers de l'Atlantique. Même Jean-Marie Le Pen s'est découvert une fibre sociale en déplorant le nombre "alarmant" d'allocataires du RMI en Provence-Alpes-Côte d'Azur, lors de sa très médiatique croisière en baie de Nice, le 18 septembre.

Concrètement, le FN va, notamment, insister sur la restauration de la préférence nationale en matière d'emploi et la protection de l'économie contre "le mondialisme qui place nos entreprises devant une seule alternative : la faillite ou la délocalisation", selon Carl Lang qui qualifie, lui-même, ce programme de "populisme national".

Sur ce volet économique, qui ne lui est pas familier et sur lequel les Français ne lui accordent pour l'heure qu'un crédit limité, le FN juge le moment venu de marquer les esprits. "Dans le monde du travail, nous avons une énorme marge de progression, affirme M. Lang. Nous sommes considérés comme une bouée de sauvetage."Le FN fonde ses certitudes sur "le désarroi" de la gauche. "Le Parti communiste a été abandonné par les masses ouvrières, nous l'avons déjà pratiquement vidé de sa substance et nous allons achever l'opération", prédit M. Le Pen.

La suivante est déjà en préparation. Le Front national rêve de mordre sur l'électorat populaire du Parti socialiste. "Comment voulez-vous que Laurent Fabius puisse dialoguer avec un chômeur : ils vivent dans deux mondes différents, ironise M. Lang. La gauche a abandonné la France d'en bas, elle n'est plus dans le match. Quant à l'extrême gauche, elle nous a rendu un grand service en se définissant comme "altermondialiste". Il ne reste plus que nous sur le versant de l'antimondialisme."

Pour le FN, ce discours présente un double avantage. D'une part, il lui permet d'associer les scrutins régionaux et européens sur le thème de la "Commission de Bruxelles qui ronge la souveraineté de la France". D'autre part, il ne se privera pas d'associer, comme l'annonce déjà M. Lang, "le malheur des ouvriers français au fléau de l'immigration sauvage". Une manière de revenir vers un classique de son fonds de commerce qui agit comme un fédérateur auprès de ses électeurs traditionnels.

"Nous sommes les seuls à avoir évalué le coût du boulet social de l'immigration, insiste M. Lang. Nous sommes les seuls à dire que les millions d'immigrés qui vont venir sur notre sol finiront par détruire la protection sociale dont bénéficient encore nos compatriotes." Pour faire passer le message, le FN a calibré ses slogans. Dans le Nord - Pas-de-Calais, ce sera : "Produisons français en France avec des Français." Des affiches thématiques sont en cours d'impression. L'une d'elles, consacrée à la Sécurité sociale, est barrée par ce titre en gros caractères : "Ce n'est pas aux malades français de payer la politique pro-immigrée de l'UMP."

Les "vérités" du FN s'adressent prioritairement aux abstentionnistes, auxquels sera consacré "un effort très important" en multipliant les distributions de tracts. Chaque militant sera encouragé à "porter la bonne parole dans son voisinage". "L'abstention constitue la première étape de la protestation, la seconde conduit à voter FN", veut croire M. Lang.

Elie Barth


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La "préférence nationale" pour programme


Le Front national a développé ses propositions économiques sous la direction de son délégué général, Bruno Gollnisch. Elles ont été transcrites sur des fiches distribuées dans les fédérations.

L'emploi et les prestations sociales. Le FN préconise l'instauration de la préférence nationale car "la première mesure de solidarité nationale, c'est de permettre à chaque citoyen français de trouver un emploi". Pour "dynamiser les secteurs créateurs d'emploi", le FN allégerait "les charges fiscales et sociales, notamment des PME", abrogerait la "loi Aubry sur les 35 heures" et encouragerait "des accords de branches ou d'entreprises définissant les temps de travail les mieux adaptés".

Dans un entretien au Monde du 19 avril, Jean-Marie Le Pen avait indiqué à ce sujet qu'au lieu d'adopter la loi des 35 heures, "il fallait faire celle des 42 heures". Enfin, dans le but de "favoriser l'économie nationale",le FN "restaurerait les contrôles aux frontières, des droits de douane sélectifs et mettrait en place une véritable politique antidumping".

Les allocations familiales et le RMI seraient exclusivement réservés aux familles françaises

Les retraites. Depuis le début de l'année, M. Le Pen a déclaré à plusieurs reprises que "les Français ne travaillent pas assez", et qu'ils partent "en retraite trop tôt". Dans son argumentaire, le FN propose une harmonisation "des différents régimes spéciaux des salariés du privé et du public en un régime national de base". Il milite en faveur d'un "développement des régimes de retraite complémentaire par capitalisation".

La fiscalité. Le FN propose une suppression sur cinq ans de l'impôt sur le revenu "en diminuant le poids de l'Etat". Le projet prévoit une "exonération complète des petits contribuables" et "l'écrêtement progressif des taux les plus élevés jusqu'à extinction du barème".

Le FN réclame l'inscription "dans la Constitution d'un taux maximal (35 % du PIB) de prélèvements obligatoires", la "suppression des droits de succession en ligne directe au sein de la famille" et la "réduction de l'impôt sur les bénéfices" avec un taux "ramené à 10 %".

La vie syndicale. "Le monopole exercé par les centrales syndicales reste un scandale et une escroquerie", affirme le FN dans son programme de gouvernement. "Des candidatures dites libres ne peuvent se porter au premier tour, ce qui constitue en soi une entrave à la vérité du scrutin", dénoncent les auteurs du livre.
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faupatronim
 
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