CODE
Conseil régional d’Ile-de-France : transport des handicapés: un marché très juteux
Le Conseil régional d’Ile-de-France s’apprête à voter le financement sur trois ans d’un lot de 127 véhicules adaptés au transport des handicapés. Sur ces 127 véhicules, 115 ne
concernent que Paris et seront munis d’un système de radiolocalisation informatique. Ils seront reliés à un centre de gestion destiné à planifier la demande des usagers.
Cette subvention représente un total de 3 051 900 euros, chaque véhicule étant subventionné à 50% par la région, soit 22 310 euros par véhicule.
Tout cela viserait à satisfaire les besoins des handicapés, dont les associations revendiquent depuis des années les moyens nécessaires pour «favoriser l’adaptation des transports
collectifs pour leur permettre d’accueillir le maximum d’usagers handicapés».
Seulement voilà, derrière les vrais problèmes et les vrais besoins, il y a surtout la possibilité de faire bénéficier le groupe privé Kéolis de la part du lion de la subvention. Car c’est lui
qui emporte la commande de 115 véhicules sur les 127, ainsi que de tout l’équipement informatique. Or Kéolis est un des géants du transport implanté aussi bien en France, où il
bénéficie d’une multitude de contrats avec les collectivités locales, qu’en Europe et même au Canada. Kéolis a dégagé en 2002, 21,2 millions d’euros de résultat net sur un chiffre
d’affaires de 1,58 milliard. Outre une participation de la SNCF qui lui fournit quelques hauts cadres dirigeants, on retrouve au sein de son conseil d’administration Paribas et Vivendi.
Tout un programme! Et le Conseil régional se retranche derrière une procédure d’appel d’offres pour justifier son choix, sans toutefois révéler si la RATP ou la SNCF étaient
seulement candidates.
Au sein de la commission des transports du Conseil régional, après avoir exprimé son accord pour l’aide apportée à différentes associations d’handicapés pour s’équiper en
transports adéquats, notre camarade Daniel Lioubowny s’est retrouvé seul à voter contre la subvention à Kéolis. Le représentant du PS, qui la défendait, soutenu en cela par l’UMP,
n’a su que répondre quand il lui a été demandé pourquoi la Région ne mettait pas en place sa propre structure de transports, en collaboration avec les services publics et les
associations d’handicapés, plutôt que de sous-traiter à une entreprise dont la vocation est de réaliser le plus grand profit.
Lutte Ouvrière n°1835 du 3 octobre 2003