Problèmes politiciens de la gauche

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Le retrait du ministre de l'intérieur ne facilite pas l'union à gauche
LE MONDE | 20.09.03 | 13h52   •  MIS A JOUR LE 20.09.03 | 19h44
Jean-Paul Huchon, président (PS) sortant de la région Ile-de-France, doit faire face aux velléités d'autonomie de ses partenaires.
La défection de Nicolas Sarkozy comme chef de file de l'UMP en Ile-de-France rebat-elle les cartes à gauche ? Ce retrait, Jean-Paul Huchon s'y attendait un peu. "Sarkozy est habité par une vision nationale de son sort", répétait le président socialiste sortant du conseil régional d'Ile-de-France, candidat à sa propre succession. Le soulagement de ne pas avoir à se mesurer au ministre de l'intérieur prévaut sans doute. Mais, en même temps, cet adversaire-là, figure emblématique du gouvernement Raffarin, présentait l'avantage de faciliter le rassemblement de la gauche... Son retrait aurait plutôt un effet centripète.

"ALLIANCES SANS CONTENU"

Le Parti socialiste, qui souhaite réanimer l'alliance de l'ex-gauche plurielle dès le premier tour de l'élection, est loin d'avoir gagné. Après sa visite à la Fête de L'Humanité, où il a animé une table ronde sur les transports, M. Huchon n'a "pas le sentiment que c'est sans espoir" avec les communistes. Avec les Verts d'Ile-de-France, qui prendront leur décision lors d'une assemblée générale d'adhérents le 29 novembre, il se dit, aussi, "raisonnablement optimiste".

Chez les Verts, la nouvelle donne à droite pourrait renforcer le camp des partisans de l'autonomie au premier tour - la ligne défendue par la majorité du parti. Actuellement, les deux options semblent faire part égale chez les écologistes franciliens. "L'épouvantail Sarkozy face à Huchon qui n'est pas une bête de campagne risquait de faire basculer les indécis en faveur de l'union dès le premier tour", estime Jean-Vincent Placé, délégué aux élections des Verts en Ile-de-France, qui table sur un score de 7 % à 8 % des voix pour des Verts autonomes au premier tour. Une analyse contredite par Jean-Félix Bernard, vice-président du conseil régional. "On ne voit pas sur quoi nous pourrions nous démarquer de manière nette avec le PS sur le projet local, dit-il, et si nous y allons en autonomes, nous ne sommes pas sûrs de dépasser le seuil des 5 %". Aux élections législatives de 2002, les Verts n'avaient récolté que 3,3 % des suffrages dans la région.

Côté PCF, où la tentation d'autonomie au premier tour existe aussi, la pression est mise sur le PS : tout dépendra de la "confrontation" du projet communiste pour l'Ile-de-France avec ceux des autres partis de gauche, a indiqué Marie-George Buffet, le 18 septembre, en précisant qu'elle n'excluait pas d'être elle-même candidate si les militants optaient pour l'autonomie. "Parmi les reproches qui nous sont faits, revient souvent celui d'avoir passé des alliances sans contenu", explique Michel Laurent, président de la fédération communiste de Seine-Saint-Denis.

Les socialistes devront aussi compter avec les deux formations d'extrême gauche, LO et la LCR, qui travaillent à un accord et dont les têtes d'affiche sont justement franciliennes. Olivier Besancenot, Arlette Laguiller ou Alain Krivine pourraient briguer la tête de liste.

Jean-Paul Huchon, qui est aujourd'hui à la tête d'une majorité relative, tire argument du mandat écoulé. La gauche a "un bilan commun" à défendre, estime-t-il, et une logique à partager : "faire de l'Ile-de-France un contre- pouvoir au gouvernement". Ce à quoi Francis Parny, vice-président PCF du conseil régional, objecte : "Le bilan de la majorité est bien sûr positif, mais je ne suis pas certain que les Franciliens estiment vivre mieux qu'il y a six ans." Pour combler son déficit de notoriété, M. Huchon compte, malgré leur rivalité, sur l'appui du maire de Paris, Bertrand Delanoë. Les deux hommes ont entrepris, ces derniers temps, de vanter leur projet du tramway des Maréchaux. A cela les communistes opposent la gratuité des transports comme thème privilégié de leur campagne.

Christine Garin, Isabelle Mandraud et Caroline Monnot

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