Dans Politis
Quelle profondeur d'analyse !!! :headonwall: :headonwall: :headonwall: Sans commentaire....
CITATION Jean-Marie Vincent, sociologue, et Pierre Zarka, membre de la direction du PCF, sont animateurs de l’Observatoire des mouvements de la société. Signataires de l’appel « Pour une alternative à gauche », ils en expliquent la démarche et interpellent la LCR sur son refus d’y participer.
Nous sommes face à une politique de classe visant à remodeler brutalement les rapports sociaux et toutes les politiques publiques, face à une guerre sociale menée systématiquement, sournoisement, mais aussi avec brutalité.
Les lois Perben et Sarkozy font de plus en plus du droit français un droit d’exception : l’intervention policière se fait de plus en plus lourde, les droits de la défense sont de plus en plus bafoués pour les plus démunis. La pauvreté, le comportement « déviant » deviennent des présomptions de culpabilité. Les peines prononcées sont de plus en plus lourdes et les prisons entassent de plus en plus de condamnés et de prévenus comme du bétail, sans que cela puisse être rapporté à une augmentation de la criminalité ou de la délinquance. L’application du droit du travail est de moins en moins effective et le climat de plus en plus répressif dans les entreprises. Les syndicalistes et les militants sont poursuivis avec zèle sous l’impulsion des procureurs, c’est-à-dire de la chancellerie.
En même temps, on observe sans surprise que la mansuétude est de plus en plus pratiquée lorsqu’il est question de délits économiques.
Pour le bon peuple, il y a la culture médiatique qui fragmente la réalité et la rend inintelligible, en tant que relations interdépendantes constituant des ensembles structurés. La vie du commun des mortels est donnée pour ce qu’elle n’est pas. La classe dominante passe à l’offensive idéologique, se prévalant du « réalisme », des « contraintes économiques » ainsi que des innovations technologiques (dont elle gonfle les effets immédiats). Elle ringardise ainsi ceux qui la critiquent et montrent que les privatisations sont des spoliations, dont les conséquences sont catastrophiques aussi bien pour l’emploi que pour l’efficacité sociale ou la sécurité.
Les détenteurs des pouvoirs économiques et politiques agissent en fonction d’une stratégie de guerre sociale globale bien établie. Il peut y avoir des détours tactiques, des pauses limitées dans le combat qu’ils sont bien décidés à mener jusqu’à son terme : la marchandisation maximale des activités sociales, la soumission généralisée des activités publiques aux mécanismes du capital. Rien ne doit être épargné. Tout doit passer sous les fourches caudines de l’évaluation capitaliste. Les pratiques d’évaluation testées dans les entreprises privées doivent devenir un moyen privilégié de plier les autres secteurs à des modalités de calcul et de mesure qui augmentent la concurrence entre les individus et les éloignent des comportements solidaires. L’objectif visé est d’arriver à des rapports sociaux asociaux où les individus se font non seulement travailleurs flexibles mais aussi vendeurs d’eux-mêmes et des consommateurs acritiques et sans boussoles. Cet objectif est une utopie perverse. Il correspond au mode d’accumulation actuel (circulation mondialisée des capitaux, financiarisation, retour sur investissements élevés, rentabilité à court terme), au point de ne pas reculer devant des atteintes à la survie et à la reproduction de couches de la population (il n’est qu’à voir le séisme des urgences face à la canicule).
Le monde du travail et les opprimés vont devoir affronter des épreuves majeures. Les mobilisations du mois de mai, celles des intermittents du spectacle, le rassemblement du Larzac ont montré la remarquable combativité du mouvement social qui a relégué à l’arrière-plan la gauche la plus institutionnelle (le PS essentiellement) en la prenant à contre-pied. Cette combativité, toutefois, a besoin de se donner des objectifs politiques clairs pour obtenir des résultats et mettre en échec les plans de la classe dominante. L’appel « Pour une alternative à gauche » préconise, pour avancer dans cette voie, une méthode, l’organisation de débats généralisés avec tous les acteurs des derniers mouvements, avec les militants et tous ceux qui se sentent engagés. C’est la méthode à suivre pour éviter que les orientations viennent d’en haut. Elle permet de pallier le vieillissement et la sclérose des formes et pratiques politiques habituelles en mettant à la portée de tous la possibilité de participer à l’élaboration de solutions démocratiques et à la construction de perspectives politiques. Rien ne doit échapper au mouvement populaire, ni les questions sociales, ni les orientations économiques, ni les institutions, ni les constructions politiques.
Ce qui sortira de ces débats sera inacceptable pour les dominants. Il faut donc se préparer à de véritables batailles de ruptures. Cela conduit à envisager de bousculer des équilibres, à remettre en question le consensus qui lie les appareils politiques dominants. Dans ces batailles, on aura besoin de toutes les forces décidées. On ne peut donc que regretter la position rétractile prise par la direction de la LCR à de multiples reprises. Elle dit reprocher aux signataires de l’appel « Pour une alternative à gauche » de ne pas avoir de position critique à l’égard de la défunte gauche plurielle. C’est faire un mauvais procès à l’immense majorité de celles et ceux qui se sont reconnus dans cette initiative justement parce qu’ils entérinaient la faillite de celle-ci. Il reste à espérer que la LCR ne s’enferme pas dans une logique d’appareil qui la maintienne dans un splendide isolement. Son absence nuit au rassemblement.
Le pouvoir chiraquien n’est pas invincible mais il tente de s’appuyer sur l’absence d’alternative crédible et la mise en place d’une bipolarisation avec le PS. Or, des forces de plus en plus nombreuses se cherchent et veulent forger des armes nouvelles de lutte. Elles ont besoin d’avoir les moyens de se rencontrer et de trouver les instruments de réelles victoires dans de nouvelles pratiques politiques.
La rentrée des « Ramulaud »
Élaboré dans l’arrière-salle de chez Ramulaud, un restaurant parisien, l’appel « pour une alternative à gauche » a été rendu public le 30 juin. En une semaine, 1 200 personnes d’engagements, de sensibilités politiques et d’origines géographiques divers avaient déjà signé ce texte qui annonce la création d’« une coordination permanente pour une alternative politique à gauche, résolument antilibérale » (Politis n° 759). Pour donner une suite à cet engouement révélateur d’une attente, et malgré l’indifférence (PS, LCR) ou les réserves (PC, Verts) des directions politiques, les initiateurs organisent le dimanche 28 septembre, à Paris, une rencontre nationale ouverte à tous les signataires . Maison des métallos, 94, rue Jean-Pierre-Timbaud, Paris XIe, de 9 h à 16 h.
Jean-Marie Vincent et Pierre Zarka viennent de publier avec le sociologue Michel Vakaloulis Vers un nouvel anticapitalisme. Pour une politique d’émancipation (Le Félin, 190 p., 15 euros). [/quote]