Discours de Marie-George Buffet

Message par Andreas » 16 Sep 2003, 09:02

CITATION 14 septembre 2003
 


Meeting de la Fête de l'Humanité 2003

discours de Marie-George Buffet, Secrétaire nationale du PCF.


Chers amis,
Chers camarades,

Nous venons d'entendre ce chant de résistance et d'espoir qui nous parle du Chili. Résistance et espoir aussi pour la Palestine !
Nous venons d'entendre ces paroles de luttes, elles nous parlent d'espoir et de liberté. Elles sonnent comme un appel urgent à un autre monde, à une autre politique.

Car voyez les conditions de vie de notre peuple et des peuples du monde, qui s'aggravent de jour en jour. Voyez le capitalisme qui régit les relations entre les individus et entre les peuples. Voyez le libéralisme qui met en danger nos vies. Voyez ces tristes sires qui imposent leur loi de sacrifice et leur mépris.
Alors que le plus grand nombre se trouve exploité ou mis à l'écart, quelques nantis vivent dans l'opulence.
Alors qu'il existe dans notre monde de quoi vivre pour tous, l'activité humaine est soumise au bon vouloir de la Bourse, de l'OMC, d'actionnaires rapaces, de patrons voyous qui filent avec la caisse et les outils.
Alors que nous voulons être libres et égaux, des femmes sont lapidées, des femmes sont asservies.
Alors que nous pourrions vivre ensemble, le capitalisme nous met en concurrence pour mieux nous dominer. Il y a vraiment besoin de révolutions.

La planète est sous pression.
Au Proche-Orient, on ne sait plus où finira l'escalade de la violence. La communauté internationale doit réagir. Non, tout n'a pas été tenté. Oui, la paix doit reprendre l'initiative.
La France doit se faire entendre ! L'Europe doit mettre tout son poids dans la balance. On ne l'entend pas, on ne la voit pas.
Il faut que cesse cette guerre. En finir avec l'occupation ! Détruire le mur ! Yasser Arafat doit rester libre. Un jour viendra, où à côté de l'Etat d'Israël vivra un Etat palestinien dans la paix et la liberté.

La planète est sous pression. L'intervention américaine en Irak débouche sur le chaos. C'est l'ONU, seule, qui peut rendre le pouvoir au peuple irakien. Oui, démocratie en Irak !
La planète est sous pression. La guerre d'Irak a coûté plus d'argent que l'aide mondiale au développement. Nous ne voulons pas un monde de concurrence mais un monde solidaire. Ce n'est pas le cas des puissants réunis par l'OMC à Cancùn. Il y en a assez de leurs sommations capitalistes ! Non aux atteintes aux services publics, non aux projets funestes dans le domaine agricole, non à la tragédie qui frappe l'Afrique, non à la marchandisation du monde !

Si la planète est sous pression, la France est en dépression.
Le gouvernement n'en finit pas d'hypothéquer l'avenir de notre peuple. Il provoque la colère.
On nous dit : « Soyez modernes, adaptez-vous, il y a la concurrence ! »
Mais la modernité, est-ce trois millions de chômeurs ? La modernité, est-ce ces milliers de morts cet été ? Toutes ces souffrances, tout ce gâchis, c'est insupportable !
Au nom de la modernité, ce sont les exigences capitalistes qu'on veut nous imposer.
Pourtant, la droite en redemande. Après les fermetures de lits à l'hôpital, le gel des crédits pour les maisons de retraite, elle veut s'attaquer à la Sécurité sociale.
Les 35 heures lui sont insupportables, et maintenant même les jours fériés. Après le coup des retraites, ce gouvernement saisit toutes les occasions pour s'en prendre aux salariés qu'il veut, dit-il, « remettre au travail ».
Il y avait Robin des bois, voici son négatif : Raffarin qui prend aux pauvres pour donner aux riches ! Encore des baisses d'impôt pour les privilégiés. Peu lui importe que l'Etat ne puisse plus assumer ses missions essentielles, tout est à vendre, liquidation totale des droits, de la solidarité, des services publics !
Après l'école, avec le Medef, il s'attaque à la culture.
Il organise lui-même les plans de licenciements –aides-éducateurs, intermittents. Je demande ici, avec vous, le retrait immédiat du protocole qui les frappe. Pour moi, l'emploi est le problème numéro un de cette rentrée. Les annonces de fermetures d'entreprises n'ont pas cessé. Je pense en particulier aux dernières victimes connues, les hommes et les femmes de Flodor, d'Alstom, du Giat, de la Comilog, de Tati et d'autres encore... En notre nom à tous, si vous me le permettez, je voudrais leur témoigner notre solidarité. Je voudrais leur dire : « Nous sommes dans l'action, à vos côtés ! »

Malgré l'augmentation régulière du chômage, le gouvernement poursuit encore sa politique de baisse des charges, de baisse des salaires, d'augmentation du temps de travail, de réduction des effectifs de la fonction publique et des services publics. Face à cela, le Parti communiste français vous appelle à participer nombreux à une manifestation européenne pour l'emploi, le 4 octobre prochain.

En réalité, au nom de l'ordre mondial, le gouvernement a décidé de rompre avec tous les acquis de la Libération et d'imposer à notre peuple une régression jamais connue.

Mais cette politique soulève des résistances.
Comment accepter que ces grandes conquêtes du mouvement ouvrier - la retraite, la Sécurité sociale-, ces grandes avancées humaines soient effacées des tables de la loi ? Comment accepter ces débordements sécuritaires ? Comment accepter que des syndicalistes soient condamnés en nombre ? Nous demandons pour eux une loi d'amnistie.
Oui, nous avons le choix, entre cette société d'élitisme et d'injustice que fabrique la droite, et une société de solidarité et de liberté.
Je voudrais dire à tous ceux et celles qui en doutent que l'espoir est permis. N'est-ce pas d'ailleurs ce que disent celles et ceux qui luttent au quotidien ? N'est-ce pas aussi ce que l'on entendra lors du prochain Forum social européen ?
Le mouvement qui s'est levé, pour la démocratie et contre Le Pen, contre la guerre, pour la défense des retraites et de l'Education Nationale, pour la culture, pour une autre mondialisation, ouvre de nouveaux horizons.
Que dit-il ? Non à la régression sociale, au recul de civilisation, oui au progrès pour tous. Il interpelle, comme je l'ai entendu dans les assemblées générales et les manifestations : quels sont les moyens de faire gagner le mouvement, comment battre la droite ? Qu'est-ce que vous proposez ?
Ces questions, il faut y répondre ensemble ! Il serait fou de penser qu'il y aurait, d'un côté, le mouvement social posant ses exigences et de l'autre des politiques seuls habilités à y répondre. Cette conception nous a conduits à bien des échecs. Quel avenir pour des forces de gauche qui se couperaient du mouvement social ? Quel avenir pour un mouvement social qui déclarerait la mort du politique ? Ne pourrions-nous pas sortir de tous ces anciens schémas et décider ensemble qu'il faut bâtir ensemble les choix politiques et les rassemblements à la hauteur des attentes populaires ?
Si nous ne voulons pas connaître de nouvelles déceptions, si nous ne voulons pas donner des ailes à la droite et à l'extrême droite, il faut changer la conception même de la politique, il faut la mettre entre toutes les mains. Quand je vois tous ces rassemblements populaires porteurs d'intérêt général, alors je suis convaincue qu'il est possible d'ouvrir une perspective politique en se rassemblant sur des objectifs anti-libéraux.

Mais que veut-on à gauche ? Cherche-t-on vraiment le rassemblement ? Cherche-t-on vraiment le changement ? Beaucoup d'hommes et de femmes doutent, se méfient. Ont-ils vraiment tort ? Ils ont le sentiment qu'à gauche, on ne tire pas toutes les leçons des échecs, qu'on leur propose les mêmes impasses : soit attendre les élections de 2007 sans bouger, soit en appeler éternellement à de miraculeux troisièmes tours sociaux. Cela ne marche pas, on en a fait l'expérience.
Il faut débloquer la situation, il faut débloquer la gauche, c'est ce que nous voulons faire.
Pas dans la recherche de compromis à l'eau tiède, pas plus en s'enfermant dans un splendide isolement.
Si on veut construire une perspective durable, il n'y a de réponse que dans un rassemblement sur un projet qui change la vie. Ceux qui proposent l'un sans l'autre sont des marchands d'illusions. J'entends bien que l'on essaye de nous faire rentrer dans des cases qui ne nous correspondent pas : « choisissez entre le Parti socialiste et l'extrême gauche ». Que cela plaise ou non, nous sommes communistes et nous voulons porter notre projet, notre démarche : un projet de changement, une démarche de rassemblement.

Entamons le débat sur le contenu. Nous, communistes, nous voulons une société de la dignité humaine. La dignité humaine, c'est la liberté, c'est l'égalité, c'est la fraternité. Ces idéaux, que le peuple français s'est fixé lui-même, Alors que le capitalisme les bafoue, nous voulons les faire avancer dans la vie.

Nous voulons une société de liberté.
Mais est-on libre quand on se retrouve du jour au lendemain sans emploi, sans argent ? Alors finissons-en avec la précarité et le chômage : créons pour l'emploi et la formation une sécurité aussi audacieuse que le fut après guerre la Sécurité sociale.
Est-on libre quand on manque de l'essentiel ? Alors garantissons les droits vitaux par des services publics efficaces, démocratisés, étendus, mondialisés. Enfin, est-on libre quand on n'a pas son mot à dire ?
Alors bâtissons une sixième République fondée sur le développement d'une véritable démocratie participative dans la cité comme à l'entreprise. Refusons cette Constitution Européenne qui établit une fois pour toutes le règne du marché ! Exigeons un référendum et une autre Europe !

Nous voulons une société d'égalité. Une société qui offre à chacun les mêmes chances et les mêmes droits.
Mais où est l'égalité si l'école n'est pas celle de la réussite pour tous ? Alors faisons de l'éducation une priorité nationale. Assurons la gratuité réelle de l'enseignement depuis la maternelle jusqu'à l'université. Donnons à l'école les moyens d'assumer sa mission pour former des individus libres et responsables !
Où est l'égalité, quand les riches sont toujours plus riches et les pauvres toujours plus pauvres ? Alors recherchons un autre partage des revenus par une refonte de l'impôt, par l'augmentation décisive des salaires et du SMIC ! Mobilisons tous les leviers de l'Etat, mobilisons l'Europe pour que l'écart se résorbe, pour que l'on fasse le pari des salaires pour la croissance et non des profits pour la spéculation !

Nous voulons une société de fraternité.
Mais peut-on parler de fraternité lorsque la solidarité est brisée ? Alors engageons une véritable politique de santé publique, investissons dans la prévention, développons l'accès aux soins, étendons les droits couverts par l'assurance maladie, restaurons le droit à une retraite à 60 ans! Depuis trente ans, le capital a retiré ses billes du pot commun, il a profité du développement économique et du travail des salariés. Alors aujourd'hui, mettons les profits à contribution !
Peut-on parler de fraternité lorsque l'on lègue à nos enfants une planète délabrée ? Créons une organisation mondiale de l'environnement, un service public mondial de l'eau, refusons l'aménagement sauvage du territoire guidé par la rentabilité à tout prix !
Peut-on parler de fraternité lorsque la majorité du monde se voit imposer la misère ? Mettons la France et l'Europe à l'offensive pour un nouvel ordre mondial basé sur la coopération ! Assignons à l'ONU et à toutes les institutions internationales pour unique objectif la paix et le progrès partagé !

Oui, nous proposons une société de liberté, d'égalité et de fraternité. Mais pour cela, la société doit être façonnée pour les hommes et les femmes et non le contraire. L'économie doit être au service des êtres humains. Ce sont donc eux qui doivent pouvoir décider de ses objectifs et de ses choix. Et cela depuis l'entreprise jusqu'à la Banque centrale européenne et au Fonds monétaire international. La démocratie doit jouer à plein pour que chacun prenne toute sa place. Il y a des Bastilles à prendre.
Je veux le dire à tous ceux et celles qui doutent, à ceux qui cherchent, à ceux qui désespèrent de la politique et de l'avenir. Oui, une autre politique est possible !

Mais comment faire ? Car un beau projet politique, c'est indispensable. Mais, s'il reste dans les cartons, il ne sert à rien. Il a besoin d'être porté au pouvoir par des hommes et des femmes suffisamment nombreux pour lui donner force politique. Il a besoin d'élus qui l'incarnent, comme le font les élus communistes.
Hommes et femmes de ce pays : nous vous proposons d'inventer ensemble l'avenir.
Ecartons les divisions, partons des besoins concrets, des exigences, des aspirations. Que les organisations progressistes, syndicats, associations versent leur contribution dans ce débat. Que les partis politiques disent ce qu'ils proposent. Nous le faisons. Et qu'ils aient le courage de la confrontation publique. Echangeons, débattons. Que chacun et chacune fasse son propre jugement. Initions ensemble une dynamique sociale et citoyenne capable de changer la donne.

Si je lance cet appel, c'est parce que je suis convaincue qu'il faut faire autrement qu'hier. Il faut sortir des sentiers battus. Il faut prendre la mesure de notre tâche, être à la hauteur de notre visée. Non, l'heure n'est pas à des bricolages ou à des rafistolages. L'heure est à l'audace de vraies révolutions en politique.
Et si aucune force politique ne prend le pari de rendre toute leur place aux citoyens et citoyennes, notre démocratie se meurt et tout espoir de changement se fragilise encore. Les communistes relèvent ce pari ! Rien ne peut se faire sans notre peuple. Rien ne doit se faire sans notre peuple.
Depuis déjà un an, nous avons engagé des forum citoyens. Nous voulons mettre toute notre énergie pour que chacune, chacune, puisse y participer. Nous voulons des forum partout ! Et nous irons partout où le débat est ouvert !
Cette démarche, je propose de la déployer tout de suite pour se rassembler face à la droite. Travaillons aussi dans ces forum à des projets pour nos régions et pour l'Europe ; voyons comment les défendre ensemble. Et pour inscrire ces milliers de rencontres dans le calendrier politique, je propose deux rendez-vous, sous forme d'Assises ouvertes, en novembre dans chaque région et en décembre pour l'Europe.

Oui, pour répondre aux attentes et aux aspirations de notre peuple, il est impératif de battre la droite. Nous n'entendons pas y parvenir seuls. Mais prenons garde aux raccourcis qui nous ramèneraient au passé, à l'échec. La voie de l'union est exigeante. Elle implique un immense débat sur les choix à faire, sur une politique qui ait le courage de s'opposer aux logiques libérales avec la ferme intention de donner raison aux salariés de Métaleurop, de Moulinex, et à tous les autres !
Menons ce débat avec les citoyennes et les citoyens dans les semaines et les mois qui viennent, et si besoin est jusque devant les électrices et les électeurs. Poursuivons-le dans la durée sans relâche jusqu'à bâtir une alternative politique forte de l'engagement de notre peuple.
Cette démarche va bousculer les choses. J'en suis persuadée.


Chers amis,
Chers camarades,

Oui, la planète est sous pression, oui, la France est en dépression, mais il y a des raisons de se révolter et d'espérer. Il y a des raisons de faire de la politique. Je crois que les communistes ont une place à tenir dans cette tempête, et j'appelle tous ceux qui veulent nous rejoindre à franchir le pas. Notre peuple a besoin d'hommes et de femmes engagés pour le bien commun. Cette Fête de l'Humanité, elle entr'ouvre le voile qui pèse sur l'horizon, comme l'Huma s'essaye à le faire tous les matins. Cette Fête de l'Humanité, cette Fête de notre peuple, elle nous donne à voir une autre politique possible. La liberté, l'égalité, la fraternité, c'est cela qui nous fait hommes et femmes, c'est cela qui nous fait ensemble humanité. Oui, ce projet mérite de l'audace., ensemble, allons de l'avant !

[/quote]
Andreas
 
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Message par pelon » 19 Sep 2003, 08:08

Elle s'adresse aux "femmes et aux hommes de ce pays", jamais aux travailleurs :cry:
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Message par Barikad » 19 Sep 2003, 09:56

CITATION (vilenne @ vendredi 19 septembre 2003, 10:25)Pour le coup, je trouve que MGBuffet est au poil lorsqu'elle dit que la régression sociale doit être combattue par toutes et tous.[/quote]
Vers des listes communes Anars / Stals ?
:laugh: :laugh: :laugh: :laugh: :laugh: :laugh: :laugh: :laugh:
Barikad
 
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Message par reval71 » 19 Sep 2003, 11:22

CITATION Vers des listes communes Anars / Stals ?[/quote]

ça leur rappelerait l'espagne . :hinhin:
reval71
 
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Message par Stanislas » 19 Sep 2003, 11:26

Le discours de Buffet est 'accomodant'. Un buffet c'est commode. Soit. Mais je ne le trouve pas faux-cul. Et Vilenne a raison selon mon point de vue. Les 'hommes et femmes de ce pays' sont à 95% des 'travailleurs' et lorsqu'ils n'en sont pas il s'agit aussi des jeunes ou des précaires. (au fait, rendez-vous compte, elle n'a jamais prononcé le mot 'prolétaire' :D ). Ce qui me gène beaucoup plus est : 'hommes et femmes de ce pays'. Bon.

Si voulez du faux-cul consensuel-bouillie Pécéfien, en voici :
CITATION Vouloir construire une " perspective nouvelle à gauche, jusqu'aux alliances et accords électoraux " recouvre des exigences pour notre Parti.

À quelles questions devons nous répondre avec les prochaines échéances ?

Comment utiliser les consultations électorales pour favoriser l'émergence d'un mouvement populaire à partir du mouvement social actuel, l'inscrire dans la résistance au capitalisme, arracher toutes les avancées possibles sur lesquelles s'appuyer pour construire collectivement une alternative jusqu'à changer le monde ?

Comment parvenir à l'élaboration de réponses progressistes aux questions qui relèvent du champ de compétence des régions ?

Il n'y a pas un temps pour la riposte à la droite, un autre pour l'élaboration du projet et un autre pour la discussion sur la stratégie électorale permettant d'envisager une majorité politique.

Disant cela nous avons en tête qu'on ne peut renvoyer tout changement à 2007, comme l'indique François Hollande, ni cultiver l'illusion que le mouvement social peut, à lui seul, imposer des reculs durables à l'ultralibéralisme qui règne sur la planète. Donner de la force aux luttes passe par cette conjugaison, en donnant toute l'importance à chaque élection et à leur possibilité pour le mouvement de se donner des élus dans cet esprit.

C'est donc sans attendre qu'il faut débattre, confronter sur le contenu d'une alternative politique : avec les salariés, chômeurs, retraités, syndicats mais aussi partis politiques. Organiser des forums n'exclut pas, pour le parti politique que nous sommes, d'avoir des propositions.

Je pense aux questions de l'emploi et notre proposition d'un grand service public de l'emploi et de la formation, au service public en terme non seulement de défense mais en ce qu'il représente de potentiel pour le développement humain, remis en cause en tant que tel comme on a pu le voir avec le drame consécutif à la canicule. Je pense aux 7 % de personnes vivant avec le RMI en Languedoc-Roussillon, mais aussi aux milliers de demandes de logement social insatisfaites à cause du dépeçage de la loi SRU, sur fond de spéculation immobilière.

Afficher l'ambition de tout faire pour écarter la droite du maximum de pouvoirs et faire reculer l'extrême droite, au moment où précisément, la conscience grandit que le gouvernement n'est pas invincible est aussi une exigence.

Un tel objectif soulève des questions essentielles, pour ne pas recommencer ce qui a échoué.

Faut-il comme préalable, comme le prétend François Hollande, " un projet commun en dehors duquel tous les dangers d'échec seraient possible ? " Faut-il pour qu'une majorité dure que tous ses partenaires soient d'accords, alignés dès le départ en refusant d'envisager un rôle nouveau pour le mouvement populaire ? Autrement dit, faudrait-il se résigner à un seul réformisme de gauche d'un côté et une opposition radicale prônée par la LCR de l'autre, qui renonce a priori à toute majorité avec les partis de la gauche gouvernementale ?

Il n'est bien sûr pas à l'ordre du jour d'élaborer un projet commun avec le PS. Cependant, si notre ambition va bien au-delà de " peser " à gauche, prenons garde à ne pas réhabiliter l'idée d'une possible troisième voie entre la droite et un pôle " révolutionnaire ", si nous traduisions notre volonté de ne pas refaire les erreurs passées en " plus jamais avec le PS ". " L'union est un combat ", disait Étienne Fajon.

La question en débat, pour les élections régionales notamment, est de savoir si " nous allons partir au premier tour ou non avec le PS, parti social-démocrate de son état ". Cela n'est tout de même pas un scoop pour les communistes français. Or, de deux choses l'une : ou cet acte d'accusation est rédhibitoire et l'union, qu'elle qu'en soit la conception, est impossible ; ou nous nourrissons l'illusion que le PS peut se transformer en parti révolutionnaire. Le " vote utile ", qui nous a tant fait de mal, ne prend-t-il pas sa source dans cette grisante illusion ? De même, la dénonciation du voisin " social traître " suffit-elle à mobiliser un électorat perdu ? La même question se pose pour tous nos partenaires potentiels. Faut-il qu'ils pensent comme nous pour que les conditions de l'union soient créées ? Dans ce cas, nous ne participerions à aucune majorité dans les régions, départements et communes.

La culture du bras de fer n'a pas d'avenir. La compétition consiste-t-elle à neutraliser un électorat potentiellement acquis au vote PS et donc à jouer sur les " vases communicants " ? En rester aux seules mises en garde sur les positions des autres ne fait pas une politique et conduit tout droit, précisément, au vote PS parce que nous n'apparaissons pas porteurs d'une politique attractive.

Pour les élections régionales, la réforme du scrutin à deux tours a pour but la bipolarisation de la vie politique. La tentation de l'alliance des " petits " contre les " grands " sur cette seule base ne peut convenir. Je ne crois pas non plus crédible pour des millions d'électeurs qu'une fusion au deuxième tour se fasse au grand jour, entre le dimanche soir et le mardi, date du dépôt des listes. À quel moment le contenu d'un accord serait mis en débat entre les communistes, les électeurs, les partis, quand la seule question est de savoir comment modifier la composition de la liste pour rassembler le plus de forces ? Nous pratiquons ainsi depuis des décennies.

Pour passer vraiment à une autre époque de la politique, des choix s'imposent au grand jour, dans le débat et la confrontation, pour favoriser une véritable mobilisation citoyenne bien avant le premier tour.

La seule ambition de battre la droite en soi est insuffisante pour mobiliser les millions de salariés, les retraités, chômeurs en lutte ou non et surtout tous les exclus du champ électoral.

Cependant, ne laissons planer le moindre doute, sans quoi notre avenir en pâtirait durablement. En Languedoc-Roussillon, Jacques Blanc, allié à l'extrême droite, anticipe la politique de Raffarin. Nos conseillers régionaux, très bien inspirés, n'ont de cesse de combattre une décentralisation dégageant l'État de ses responsabilités. Ils ont voté à juste titre contre le contrat de plan État-région 2000-2006, adopté par le PS. Mais s'en tenir à la seule contestation de cette politique serait bien insuffisant. Nous ne pourrons nous en tenir, comme par le passé, à cette formule sibylline : " Le rassemblement est nécessaire mais les conditions ne sont pas réunies pour y parvenir. " Nous avons décidé au congrès qu'il reviendrait aux communistes d'en juger, en ayant à l'esprit que cette question fondamentale ne peut se traduire en un ralliement de deuxième tour, au seul prétexte du barrage à la droite et à son extrême.

Il faut donc, selon moi, envisager tout autrement la dynamique unitaire qui peut devenir très mobilisatrice dés lors qu'elle prend racine dans la construction collective du contenu qui permettra de battre la droite. Bien entendu, il ne s'agit pas de faire croire en un " socialisme 2004 régional ", mais d'inscrire cette élection dans une perspective qui passera également par 2007 et après. Peut-être avons nous une chance historique de renouer avec le mouvement syndical, associatif et avec de nombreux communistes en attente de signes nouveaux. Si notre Parti parvient à apparaître celui qui passe à l'acte dans une démarche de construction collective, alors il renouera avec ce qui avait fait sa force : " être du peuple ". Notre influence se juge aussi sur cela et non sur le seul score électoral. Les modes de scrutin sont différents selon les élections. Si cet élément ne peut être premier dans la décision à prendre, sachons cependant déjouer les pièges.

Sans qu'il nous appartienne, nous devons porter haut et sans aucun complexe, le drapeau de l'union. Toute l'expérience nous montre qu'un accord, une élection n'est pas la fusion entre forces politiques. Elles demeurent différentes. Il s'agit d'inventer les contours d'une autre conception de l'union excluant toute hégémonie de l'un sur l'autre. En quelque sorte une union conflictuelle, faisant place au mouvement populaire devenant un allié permanent avec qui on passe contrat à chaque moment. En fait, une véritable élaboration collective d'une alternative politique reste pour l'heure totalement étrangère à notre expérience. Cela exclut, à mon sens, tout repli vers la seule contestation, sur laquelle l'extrême gauche fonde sa politique. Nous avons une autre ambition qu'atteindre, grâce à des réflexes primaires, quelque pourcentage de plus, renvoyant tout changement aux calendes. Quand notre Parti a pris des initiatives d'ouverture, nous avons le plus progressé et conquis de nouvelles positions. Qui pourrait prétendre que cela n'a pas été utile à nos concitoyens ?

S'il n'est pas à l'ordre du jour de quitter les majorités dans lesquelles nous avons été élus, il paraît d'autant plus naturel d'ambitionner de participer à de nouvelles dans les meilleurs délais, non pas pour comptabiliser en soi des élus mais pour conquérir des positions permettant de faire progresser l'idée toujours neuve de construire un autre monde. Nos élus sont et seront très utiles à faire vivre cette ambition.

Jean-Paul Boré, membre du CN du PCF.[/quote]
Vous avez dit électoralisme ?

Quant à :
CITATION Vers des listes communes Anars / Stals ?[/quote]
Outre l'humour plutôt gras de cette provoc, il faudrait ce mettre d'accord (quand même) : Le PCF est-il 'ouvrier-bourgeois' ou 'stalinien' ? Car à en croire certains ici, l'URSS de Staline n'avait rien d'un capitalisme d'Etat... :blink:
Stanislas
 
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Message par Barikad » 19 Sep 2003, 14:52

CITATION (Stanislas @ vendredi 19 septembre 2003, 13:26)Quant à :
CITATION Vers des listes communes Anars / Stals ?[/quote]
Outre l'humour plutôt gras de cette provoc, il faudrait ce mettre d'accord (quand même) : Le PCF est-il 'ouvrier-bourgeois' ou 'stalinien' ? Car à en croire certains ici, l'URSS de Staline n'avait rien d'un capitalisme d'Etat... :cry:
Quant à la caractérisation du PCF, pourquoi pas: Ouvrier/Bourgeois bureaucratiquement déformée ?
Barikad
 
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Message par Stanislas » 20 Sep 2003, 13:21

CITATION (vilenne @ vendredi 19 septembre 2003, 16:05)Toutes mes amitiés à Barikad, et particulière au polonais.[/quote]
Y'a pas de quoi. Tous les polonais ont un supplément d'âme. D'où l'expression : 'soul' comme un polonais.
Stanislas
 
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