La gauche gouvernementale sans la LCR

Message par pelon » 09 Sep 2003, 07:31

CITATION
La gauche face a la chaise vide de la lcr
Les Verts espéraient faire dialoguer la Ligue et le PS.

Par Alain AUFFRAY et Paul QUINIO
mardi 09 septembre 2003


Une absence omniprésente. A l'extrême gauche, une chaise a pris de la place. Hier soir, les Verts avaient invité à leur siège national l'ensemble des formations de gauche, de la Ligue communiste révolutionnaire au Parti socialiste, en passant par le PCF et les chevènementistes, à une première réunion pour lancer un «large débat public sur le possible contenu d'un programme d'alternative à la droite». Toutes ont «poliment» répondu présent. Sauf la LCR. «Cette réunion est à l'initiative de gens qui, aujourd'hui encore, n'émettent pas de critiques sur la politique du gouvernement Jospin. Cette invitation ressemble plus à une tentative de rabibochage de la gauche plurielle», explique Christian Picquet, membre du bureau politique de la Ligue.

Porte fermée. Ce week-end, le comité central de l'organisation trotskiste a fermé la porte à toute discussion avec la gauche réformiste en se prononçant pour la constitution de listes communes avec Lutte ouvrière aux élections régionales et européennes de 2004. Si Gilles Lemaire, le secrétaire national des Verts, a pris acte avec regret de cette fin de non-recevoir, ce n'est pas le cas du PS. «La LCR nous a rendu un fieffé service, note un de ses membres. Après un mois de polémique avec la Ligue, c'est elle qui refuse de venir.» «Cette absence confirme la coloration très hostile au PS de l'alliance entre la LCR et LO», interprète, de son côté, Jean-Christophe Cambadélis, membre de la délégation socialiste hier.

Dans le droit fil de l'université d'été de La Rochelle, Bruno Le Roux, secrétaire national du PS chargé des élections, reconnaît que son souci principal, dans cette période de rencontres tous azimuts qui s'ouvre à gauche (lire ci-contre), c'est de «donner envie à tous ces militants des mouvements sociaux de discuter avec nous. Mais nous n'avons pas besoin de passer par Olivier Besancenot ou Arlette Laguiller pour les voir». Le PS s'emploie, depuis La Rochelle, à distinguer les formations de «l'ultragauche» des militants altermondialistes, présents par exemple sur le plateau du Larzac autour de José Bové. C'est pourquoi, plutôt que de se satisfaire des rendez-vous nationaux imaginés par Lemaire, il privilégie l'organisation de forums décentralisés, ouverts au mouvement social et à cette frange militante dont Jean-Christophe Cambadélis reconnaît qu'elle est très «dubitative» à l'égard des socialistes.

Main tendue. Malgré l'absence, hier soir, des trotskistes, Gilles Lemaire ne se décourage pas : à gauche de la gauche, il veut tendre la main à tous ceux qui se réclament du combat contre le libéralisme. Après s'être rendu à l'université d'été de la Ligue, il s'était invité à celle du PS. Son message aux socialistes : «Il ne faut pas laisser s'installer de coupure à gauche. Le PS doit arrêter de dire que l'extrême gauche n'a jamais rien fait. L'extrême gauche doit arrêter de dire que le PS a toujours trahi.» En juin déjà, il fut l'un des principaux artisans de la Coordination permanente pour une alternative politique à gauche, une initiative soutenue par plus d'un millier de militants, de la gauche du PS jusqu'aux syndicats et associations altermondialistes. Mais là encore, après avoir participé à quelques réunions préparatoires, la LCR a refusé de signer l'appel fondateur de cette coordination.

Pour Gilles Lemaire, la gauche aurait pourtant tort de suivre Hollande, Fabius ou DSK dans la dénonciation d'un gauchisme sectaire et irresponsable : «Le PS parviendra peut-être à réduire de quelques points l'audience des trotskistes. Mais au final, il y restera toujours de 5 à 8 % d'électeurs pour LO et la LCR. Et si la rupture est consommée il ne faut plus espérer que ces voix se reportent sur les socialistes.»

Rejet du politique. L'actuelle direction des Verts tient également beaucoup au dialogue avec le mouvement social et la gauche mouvementiste. Ce dialogue vise, selon Lemaire, à «éviter la dérive du mouvement altermondialiste vers l'anarcho-syndicalisme». Familier du Larzac et vieux compagnon de route de José Bové, il voit progresser chez ses amis le rejet du politique : «Ce qu'on retient du discours de Bové, c'est que la politique est quelque chose de sale, qu'il faut rester en dehors et discuter avec le pouvoir en place, quel qu'il soit.» Paradoxalement, le même rejet est selon lui à l'oeuvre à la LCR : «Beaucoup de jeunes militants sont sur les positions de Besancenot. Pour eux, un parti ça ne sert qu'à organiser les luttes.» De ce constat, François Hollande a tiré la conviction que «le parti de la grève» incarne aussi «la grève des partis». Gilles Lemaire, lui, ne désespère pas de convaincre ses camarades trotskistes qu'un parti peut encore servir à faire de la politique.




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