(com_71 @ dimanche 5 juillet 2009 à 18:35 a écrit :
C'est un peu le pendant "ouvrier" ou plutôt syndical de "ça te passera avec l'âge" de A.Krivine.
Le livre d’André Fichaut datant de 2003 et celui de Krivine de 2006, je dirais plutôt que celui de K. est la version étudiante de celui de F. ! Plus sérieusement, c’est effectivement le témoignage tout à fait intéressant d’un militant ouvrier et internationaliste dont je salue la mémoire.
a écrit :Entrisme au PCF préconisé par Pablo-Frank. Trop connu il reste sur le seuil des années, ne peut entrer qu'en 1956, à la veille de l'insurrection hongroise, qu'il ne peut critiquer dans sa cellule, se contentant de repérer les mécontents. Il raconte les réticences du PCI à préconiser la sortie du PCF après 1968, et les réticences des militants qui rechignent à se retrouver "isolés".
Si on met de côté la naissance de la JCR à partir de l’UEC, ce qui n’est évidemment pas rien, il manque un bilan aussi bien politique que numérique de l’expérience entriste version sui generis dans le PCF stricto sensu (on en perd son latin). Combien entrent ? Combien sortent ? Quel effet sur le PC ? Quel effet sur les capacités d’organisation politique indépendante du prolétariat ? Quel effet sur la diffusion des positions trotskystes ? Quel effet sur le PCI-Frank ?
Les trois dernières questions sont abordées superficiellement en quelques remarques sur l’afflux de jeunes (fusion PCI-JCR qui donne naissance à la LC en 1969) à, je cite, «
culture livresque » et passablement bavards (ce à quoi je n’objecte pas ). F. ne distingue pas ce qui pourrait résulter d’un travail entriste avec les présupposés de la tactique de Pablo de 1952, de ce qui résulte de la période de bouillonnement qu’ont été les années autour de 1968. Bien d’autres groupes d’extrême-gauche se sont développés après 1968 (on pourrait dire tous, allez donc discriminer la meilleure tactique, même si certains durent plus que d’autres !!) sans être passés par la case entriste.
Une autre expérience entriste est racontée par Georges Dobbeleer, trotskyste belge dans «
Sur les traces de la révolution. Itinéraire d’un trotskyste belge ». En Belgique il s’agissait du PS et notamment de son organisation de jeunesse. On y trouve des éléments contradictoires de bilan politique.
Dans les deux cas, Fichaut et Dobeleer reconnaissent que certains militants entristes n’ont soit pas voulu « ressortir », soit abandonné carrément le militantisme.
Une autre constante est le regard pour le moins distancié qu’ils jettent tous deux sur les enthousiasmes hâtifs de la Quatrième Internationale à l’égard des divers groupes nationalistes qui ont mené les guerres de libération nationale de l’après-guerre, notamment en ce qui concerne leur capacité à « transcroître »…
Autre livre qu’on peut lire sur ces sujets. C’est une biographie récente de Mandel, camarade célèbre des trois précédents, par Jan Willem Stutje. Le titre est « Ernest Mandel. A rebel’s dream deferred », reservé aux camarades qui ont pris la résolution de faire des progrès en anglais cet été, ou plus tard…
C’est un ouvrage sérieux, les notes et références occupent un tiers du livre. Loin de toute hagiographie, très riche tant sur la vie, y compris privée, de Mandel que sur le courant dont il a été longtemps un représentant international. Je n’adhère toutefois pas au point de vue très « théories de la régulation » qu’adopte Stutje pour rendre compte du « Traité d’économie marxiste » de Mandel. Ce livre mériterait une recension plus longue mais je n’ai plus le temps.