La LCR ne veut pas

[ianovka]

La LCR ne veut pas s'allier "avec tout le monde"
LE MONDE | 29.08.03 | 13h11
Gourette (pyrénées-alantiques) de notre envoyée spéciale

Le débat consacré à l'alternative politique jeudi 28 août, à Gourette, où se déroule jusqu'à dimanche l'université d'été de la LCR, a fait le plein. Trois heures durant, Alain Krivine, pour la LCR, Gilles Lemaire, pour les Verts, Jean-François Gau, pour le PCF, et François Delapierre, jeune dirigeant du courant Nouveau Monde du Parti socialiste, se sont affrontés courtoisement, mais fermement.

Jean-François Gau refuse la césure à gauche entre "ceux qui auraient vocation à gouverner et ne changeraient rien" et "ceux qui veulent changer les choses et n'auraient pas les moyens de le faire". Gilles Lemaire a estimé qu'"il n'y a pas d'alternance possible sans le PS et, en même temps, il est très difficile d'imaginer une véritable alternative politique avec le PS". "Je ne crois pas que le PS soit condamné au social-libéralisme", a pour sa part indiqué François Delapierre, avant d'interpeller la LCR : "Vous déclarez que vous n'êtes pas opposés par principe à aller au gouvernement, mais que la question est celle du programme. Alors vous devez vous poser la question de la majorité. Et, sans le PS, je ne vois pas comment on y arrive."

Réponse d'Alain Krivine : "La gauche est de plus en plus coupée du mouvement social. On est prêts à débattre avec tout le monde ; contre la politique de Raffarin, on est prêts à faire l'unité d'action. En revanche, pour les élections, comme pour la construction d'une nouvelle force politique pour une vraie alternative, là, c'est autre chose : on n'est pas prêts à le faire avec tout le monde." Et d'ajouter : "Une université d'été des Verts dominée par la venue de Waechter et Fabius, ça fait bizarre." "Tu lis trop la presse bourgeoise", lui a rétorqué Gilles Lemaire.

Dans la salle, chez les militants de la LCR, l'affaire était également entendue. "A gauche, il faut être une force aussi dure dans l'anticapitalisme que le Front national l'a été dans le nationalisme", a lancé François Sabado, l'un des dirigeants de la formation d'extrême gauche.

A l'issue du débat, Gilles Lemaire se disait déçu."Je ne suis pas rassuré : je ne pensais pas qu'il y avait une crispation si importante sur le fond", déclarait le secrétaire national des Verts. Chez Nouveau Monde, le son de cloche était un peu différent. "Des négociations à gauche qui iraient de la LCR au PS ne tomberaient pas sur un centre de gravité social-libéral", expliquait François Delapierre avant de recevoir l'accolade bourrue d'Alain Krivine. "Toi, t'étais le mec le plus franc du collier ; au moins, t'as pas tourné autour du pot", a lancé le porte-parole de la LCR au militant socialiste.

Caroline Monnot

[magdalene]

CITATION "A gauche, il faut être une force aussi dure dans l'anticapitalisme que le Front national l'a été dans le nationalisme", a lancé François Sabado,[/quote]

j'en reste sans voix... quelle référence !! ça c'est une sacrée perspective politique.
à l'instar de ce que l'on peur lire la presse de ces derniers jours (la presse, principale raison des "universités d'été") : je suis marquée par le fait que la LCR ne marque jamais aucune référence à la lutte des classes : leur discours ne tourne systématiquement qu'autour d'un jeu électoraliste (opportunités à se distinguer des verts ou du PS) ou bien de l'importance de l'altermondialisation. finalement leur camp n'est plus que celui de "la gauche de la gauche", c'est-à-dire celui qui se situe par rapport à l'échiquier des politiciens bourgeois.