J'espère que ce genre d'article n'est pas écrit pour dédouaner les vrais responsables.
CITATION
AFRIQUE DE L’EST
Quand la culture favorise le sida
Le Kenya et l’Ouganda procèdent actuellement aux essais d’un nouveau vaccin antisida. Les volontaires sont en nombre suffisant, mais, malheureusement, les femmes manquent au rendez-vous à cause des barrières culturelles.
Des tests pour la mise au point d’un nouveau traitement antisida adapté à la souche du virus la plus courante en Afrique de l’Est sont en cours de réalisation au Kenya et en Ouganda, rapporte “The East African”. De manière générale, le recrutement de volontaires pour ces essais ne pose pas de problème. En Ouganda, 70 % des personnes nécessaires pour valider ces tests sont déjà recrutées. Mais sur ce total, on compte seulement 10 % de femmes. La première s’est présentée au mois de février et il a fallu attendre jusqu’à la mi-juillet pour voir arriver une quatrième femme volontaire. “Pour la pertinence des essais, le pays aurait besoin d’une cinquantaine de femmes”, note l’hebdomadaire panafricain.
Même constatation au Kenya, où le recrutement a commencé voici deux mois. Trente-deux volontaires ont été choisis. Parmi eux on dénombre huit femmes. “Une participation féminine insuffisante pour aboutir à des conclusions significatives et évaluer la portée du vaccin. Les résultats les plus déterminants ne concerneraient que les hommes. Cela se traduira par un retard dans la recherche d’un traitement pour les femmes, alors qu’elles sont les premières victimes de cette maladie”, commente Fred Nakwagala, un médecin qui participe à la conduite des tests. Selon lui, “le nombre idéal de femmes participant aux essais devrait être de l’ordre du tiers du total”, et on est bien loin du compte !
Néanmoins, les chercheurs affirment que la faible participation des femmes n’aboutira pas à un “vaccin destiné seulement aux hommes, les systèmes immunitaires des hommes et des femmes étant les mêmes.” La participation des femmes est souhaitable pour “d’autres caractéristiques les concernant, comme la grossesse”.
La polygamie, obstacle à la prévention
Nakwagala a également constaté que, lors “des séminaires de sensibilisation, l’affluence était la même pour les deux sexes. C’est par la suite que les femmes font défaut. Nous pensons que leurs maris les empêchent de revenir.” D’ailleurs, les quatre femmes qui se sont présentées en Ouganda sont des mères célibataires. Au Kenya, 60 % des candidates sélectionnées sont célibataires.
Pour prendre part aux tests, “les candidates doivent être en âge de procréer. Elles sont donc, en principe, sexuellement actives. Mais, durant la période des essais, elles ne doivent ni être enceintes ni allaiter”, explique le médecin responsable du laboratoire au Kenya. Dans une société où la polygamie est autorisée, être en âge de porter des enfants et avoir recours à la contraception est difficilement acceptable pour des femmes mariées, qui “craignent de fournir à leur mari une excuse pour aller voir d’autres femmes et avoir des enfants avec elles. De plus, la grossesse est un gage de fidélité pour le mari.” De même, pour les hommes, l’usage du préservatif est mal vu et “perçu comme un moyen facilitant l’infidélité et les relations extraconjugales”.
Finalement, dans une société où les femmes dépendent étroitement des décisions de leurs époux en ce qui concerne leur vie sexuelle et leur emploi du temps, elles ont du mal à s’organiser et à prendre une initiative pour participer à ces tests. Compte tenu des charges ménagères, “elles ne disposent souvent pas du temps nécessaire pour se déplacer et prendre part aux essais un volontaire est supposé venir sur le site des tests au moins dix-huit fois durant sept mois.” Une autre barrière culturelle est soulignée par “The East African” : “La participation à ces tests tourne autour de la vie sexuelle du couple. Il est difficile pour une femme de culture africaine de s’y impliquer.”
HSY
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