NON A EDVIGE

Message par Crockette » 31 Août 2008, 10:42

Communiqu・de presse
Paris le 29 ao皦 2008


700 organisations et 90 000 personnes ・ce jour d駭oncent EDVIGE, un fichier liberticide
et annoncent une conf駻ence de presse le 9 septembre

12 associations et organisations syndicales (AIDES, la CFDT; la CGT; le Collectif contre l'Homophobie et pour l'馮alit馘es droits, la F馘駻ation nationale de l'Autre Cercle , la FSU; l'Inter-LGBT, IRIS, la Ligue des Droits de l'Homme, le Syndicat des Avocats de France, le Syndicat de la Magistrature, l'Union Syndicale Solidaires) d駱osent ce jour un recours au Conseil d'Etat contre le décret du 27 juin 2008 portant création d'un traitement automatisé de données à caractère personnel dénommé « EDVIGE ».
Elles entendent ainsi dénoncer un fichier qui, loin de n'être que la réactualisation du décret du 14 octobre 1991 relatif aux fichiers gérés par les services des renseignements généraux, aggrave considérablement l'atteintes aux libertés en permettant le fichage des individus dès 13 ans, la mise en fiche de données dites sensibles comme les origines « raciales » ou ethniques ou qui sont relatives à la santé ou à la vie sexuelle des personnes. De manière plus générale, le fichier EDVIGE confond les missions des renseignements généraux et celles des services de police en amalgamant des finalités fort différentes.
Réunies en Collectif « Non à EDVIGE », près de 700 organisations et associations et près de 90 000 personnes ont signé la pétition en ligne « Pour obtenir l'abandon d'EDVIGE » http://www.nonaedvige.ras.eu.org et, pour certaines d'entre-elles, se sont engagées dans des actions de signatures de la pétition par les citoyens sur la voie publique.
Après la réunion du Collectif le 28 août, il a été décidé d'organiser une conférence de presse publique le 9 septembre prochain à 11 heures à la Bourse du travail salle Croizat. Y sera développé le point de vue des associations de défense des droits humains et des libertés, des associations LGBT, des organisations de défense des droits des mineurs, des associations de défense des malades, des organisations syndicales et des citoyens mobilisés contre un tel projet.
Les diff駻entes actions envisag馥s contre ce fichier liberticide seront d騅oil馥s ・cette occasion.

Contact presse : contact@nonaedvige.ras.eu.org
Crockette
 

Message par Crockette » 04 Sep 2008, 09:30

Réunion du Collectif Non à EDVIGE 28 08 08

Organisations présentes : David et Jonathan ; CEDETIM; AIDES ; ENSAE Solidaires; UNEF ; UNL ; Collectoif HOMOBOULOT ; SE UNSA ; Les « oubliés » de la mémoire ; Fondation COPERNIC ; Inter-LGBT ; FSU ; CFDT Confédération ; LDH ; Collectif contre l'homophobie ; NEWROPEANS ; Coordination nationale des collectifs unitaires ; CGT Banque de France ; RAS ; Fédération Interco CFDT ; SNPES-PJJ-FSU ; SNEPAP-FSU ; APGL ; UNSA ; Les Alternatifs ; Globenet ; Alternative libertaire ; Union Syndicale Solidaires ; UFICT-CGT ; Préparation Collectif dans le 95 ; CREIS ; JE 2000 ; Fédération des services publics CGT ; Panthères roses ; DLAJ-CGT ; CGT Confédération ; IRIS ; Syndicat de la Magistrature ; RAIDH ; HES ; Tjembé Rèd ; Fédération française des Centres LGBT ; SNJ ; Syndicat national des agents des douanes CGT ; Fédération des finances CGT

Beaucoup d'organisations ont annoncé et excusé leur absence, il n'en a pas été tenu de liste.

1. Point sur les signatures

Un très large éventail d'organisations, un investissement militant fort de la part de nombreux signataires individuels

2. Présentation des actions militantes : une commission Actions militantes est mise en place, sa première réunion aura lieu le 9 septembre après la conférence de presse.

- Une conférence de presse ouverte au public le 9 septembre, salle Croizat à la Bourse du traval, pour présenter le décret et le recours Pas 12 interventions à la suite : une représentation syndicale, une représentation LGBT, une représentation du point de vue Droits humains et atteintes aux libertés, une représentation état de santé, une représentation Droits des mineurs, une représentation du Collectif, dans sa dimension diverse et généraliste.

Les intervenant-e-s se retrouveront le 9 septembre à 10h pour préparer la conférence de presse et les modalités et l'ordre d'intervention.

Les organisations participantes sont invitées à prévoir le service d'ordre

L'ensemble des signataires sont invités à participer à cette première initiative publique.Le nombre de présents sera un premier signe fort de notre mobilisation.

Un dossier de presse fournira un comparatif des 2 décrets et un argumentaire explicatif du refus de ce fichier, ainsi qu'une synthèse du recours (échange par mail entre des personnes et organisations volontairespour leur rédaction).

- La fiche individuelle de renseignement rédigée et proposée par le Syndicat de la Magistrature sera rendue publique et largement diffusée lors de la conférence de presse du 9 septembre, son but est de mettre avec humour le doigt sur l'absurdité du système. Les citoyens seront invités à remplir et à remettre eux-même leur fiche afin de faciliter le travail des RG.



- Dépôt de la fiche EDVIGE au ministère del'intérieur et auprès des préfectures le 16 octobre (sainte EDVIGE), sous l'oeil des caméras. :Inviter les responsables des organisations signataires à remplir et à venir déposer leur fiche individuelle. Occasion de mettre en oeuvre des actions partout en France le même jour.

- les organisations, associations et citoyens signataires de l'Appel seront invités, via le site, à faire connaître les initiatives qu'ils organisent localement, autour du thème « le 16 octobre, Fêtons la Sainte EDVIGE ». Encouragement fort à former des groupes locaux en régions, comme il s'en est déjà créé en Lorraine ou en Rhône-Alpes.

- une réunion publique pouvant aussi associer les autres initiatives de recours (après le dépôt des fiches place Beauveau), avec invitation de personnalités reconnues pour leur autorité morale ? Des personnes du show-bizz ? Un concert pour le respect des libertés publiques ? La commission actions militantes évoquera ces points lors de sa première réunionle 9 septembre
Crockette
 

Message par Crockette » 09 Sep 2008, 17:32

Original Message -----
From: "Intersyndicale du social 54"

To: "Intersyndicale du social 54"

Sent: Wednesday, September 03, 2008 7:15 AM
Subject: Le fichier Edvige ou "fais attention à tes oreilles, elles ont des
murs"




lu sur :http://www.ldh-toulon.net/spip.php?article2842]



le fichier Edvige ou "fais attention à tes oreilles, elles ont des murs"*

Cristina, Edvige, que ce soit les ouragans ou les fichiers, décidément les
catastrophes portent souvent des prénoms féminins !

Edvige est le nom du dernier né des fichiers policiers, et signifie
"Exploitation documentaire et valorisation de l'information générale". Son
acte de naissance, un décret du 27 juin 2008, est paru au journal officiel
du premier juillet 2008, en même temps qu'un nouveau service policier, la
DCRI (Direction Centrale du renseignement Intérieur), fusionnant les deux
grandes oreilles de la République, les Renseignements Généraux et la DST
(Direction de la Surveillance du Territoire).

Une analyse par Evelyne Sire-Marin, magistrat.


/

*Un FBI à la Française*

Bien que la création de ce FBI à la française soit passée totalement
inaperçue, il faut se demander si le fichier Edvige n'est pas instauré afin
de donner un puissant outil de surveillance à la DCRI, concentrant deux
polices politiques jusqu'ici concurrentes. La fonction de la DCRI est en
effet le "décèlement précoce" des dangers menaçant l'ordre intérieur par une
activité de renseignement , visant à identifier les "terroristes" qui
mettent en danger la sécurité de l'état (ancienne mission de la DST), mais
aussi à tout savoir sur le fonctionnement des partis politiques, des
associations et des syndicats (ancienne mission des RG), et sur la vie
privée de certaines personnalités (avec des critères tels que
l'homosexualité, les relations adultères, la situation fiscale et
patrimoniale). 4000 policiers répartis sur tout le territoire s'y
emploieront.
Il n'est évidemment pas neutre de rassembler dans un même service de police
les informations concernant le terrorisme et celles qui intéressent la vie
politique et démocratique de la nation.
Justement, le fichier Edvige, opère le même glissement en mélangeant les
dangers graves menaçant la paix publique et l'activité politique et
démocratique ordinaire.
Ainsi, Edvige recensera ceux qui, dès 13 ans, sont "susceptibles porter
atteinte à l'ordre public", mais aussi toute personne "ayant sollicité,
ou exercé un mandat politique, syndical ou économique ou qui joue un rôle
institutionnel, économique, social ou religieux significatif ». En clair,
tous les citoyens s'étant un jour investis dans la vie publique, ce qui
représente environ 1 million de personnes.

On est vraiment dans le film "la vie des autres" puisqu'il s'agit bien de
centraliser dans un fichier policier les opinions politiques ou syndicales
de tout un chacun, pour peu qu'il soit secrétaire de section syndicale,
conseiller municipal, ou membre d'un comité d'entreprise. Le
décret sur le fichier Edvige permet de ficher, pour ces personnes (art 2 du
décret du 27 juin 1978) "des signes physiques particuliers,
photographies et comportement", et des "données relatives à l'environnement
de la personne, notamment à celles entretenant ou ayant entretenu des
relations directes et non fortuites avec elle".

Ainsi, le "comportement sexuel" au sens large, peut être compris dans la
catégorie du comportement personnel, qu'il s'agisse d'homosexualité ou
d'autres comportements, /dans la stricte mesure où ces informations sont
nécessaires à l'information du gouvernement et de ses représentants/.
Ainsi les pratiques religieuses, et sans doute plutôt celle des musulmans,
peuvent être aussi intégrées dans le fichier Edvige.

Pour résumer, il ne s'agit pas de ficher tous les musulmans ou tous les
homosexuels, mais de ficher les comportements sexuels ou les pratiques
religieuses dans la stricte mesure où ces informations sont nécessaires à
l'information du gouvernement et de ses représentants, pour les deux
catégories de personnes concernées (à savoir celles qui ont un mandat
syndical, politique ou qui sont mineurs pouvant porter atteinte à l'ordre
public), et toute personne "entretenant des relations directes avec elles".
/Si ce n'est toi qui est fiché, c'est donc ton frère/.

Les données recueillies pour une enquête administrative ( l'inscription à un
concours de la fonction publique, un agrément d'agent de sécurité....)seront
gardées 5 ans, mais la grande majorité des informations seront conservées
sans aucune limitation de durée dans le fichier Edvige.
Tous les policiers et gendarmes auront accès à ce fichier "dans la limite du
besoin d'en connaître", ce qui est très vaste, puisqu'on ne voit pas
pourquoi un policier consulterait un fichier sans avoir besoin de le faire !
Rappelons que le STIC (système de traitement des infractions constatées),
autre fichier policier, est consulté 30 000 fois par jour, c'est la raison
pour laquelle la CNIL (Commission nationale de l'informatique et des
libertés ) a elle-même émis des réserves sur le très large accès de la
police à ce fichier.
Edvige est une sorte de cauchemar d'été des défenseurs des libertés,
ressuscitant Océania, la puissance totalitaire de 1984 de Georges Orwell,et
sa police de la pensée : il contiendra des photographies et des données sur
les "signes particuliers, le comportement, les fréquentations, les
déplacements, les impôts , les véhicules" de toute personne dont les
policiers estiment qu'elle joue un rôle institutionnel, ou qu'elle menace
l'ordre public.
Le prétexte de ce fichage massif est l'affrontement de deux bandes rivales
dans le 19ème arrondissement de Paris, le 21 juin, laissant un blessé grave
sur le trottoir, victime en outre d'insultes antisémites.
Rachida Dati avait immédiatement annoncé qu'elle allait créer un fichier des
"bandes". Et elle en profite pour l'étendre aux bandes ...de
militants politiques ou syndicaux et à certains mineurs.

Petit dernier des 36 fichiers policiers existant à ce jour dans notre pays,
en quoi Edvige est-il différent des autres ?

*Edvige, le 36ème fichier de police ?*

Trois nouveaux fichiers se sont ajoutés aux 33 recensés par Alain BAUER,
Président de l'Observatoire National de la Délinquance dans un rapport
parlementaire de 2006 [1], qui cite le fichier de la batellerie, celui des
gens du voyage, le fichier des personnes recherchées, des véhicules volés,
le STIC , qui contient 7,5 millions de fiches de "mis en cause"conservées
pendant 20 ans, et le FNAEG (Fichier National Automatisé des Empreintes
Génétiques), qui recèle pendant 25 ans l'ADN des personnes soupçonnées de
petits délits (vols, recels, dégradations et violences volontaires, outrages
et rébellion)...

La différence entre Edvige et ces fichiers est que ces derniers sont
alimentés à l'occasion d'une garde à vue dans un commissariat, c'est à
dire lorsqu'il "existe des raisons plausibles de soupçonner" qu'une personne
a commis ou va commettre une infraction", selon l'article 77 du
code de procédure pénale. Le fichage s'opère alors dans les locaux de garde
à vue, en recueillant les empreintes digitales (fichier
dactyloscopique) ou l'ADN de l'intéressé, qui dispose d'un recours, certes
très théorique, pour être effacé du fichier.
Mais il n'est nul besoin d'infraction ou de garde à vue pour être fiché dans
Edvige.
Il suffit que la police pense, sente, hume, soupçonne, que vous êtes
"susceptible porter atteinte à l'ordre public" . On appréciera la
conjonction de la notion vague de "susceptible" et du concept flou "d'ordre
public".
Le fichage s'opérera donc à l'insu de la personne, qui devra consulter
régulièrement la CNIL pour savoir si elle figure dans EDVIGE, mais qui
n'aura pas, de toute façon, le droit de s'y opposer !

En revanche, le point commun de tous ces fichiers de police est de contenir
des fiches de mineurs et de personnes simplement soupçonnées
par la police, dont beaucoup n'ont jamais été condamnées.
En témoignent les 3 derniers fichiers créés : le fichier ELOI [2], dont la
finalité est de faciliter l'éloignement des étrangers, et le logiciel
ARDOISE visant à cerner la victime ou l'auteur présumé d'infractions, le
policier étant invité à cliquer sur des qualificatifs tels que "mineur en
fugue", "sans domicile fixe", "personne âgée", "permanent syndical", "membre
d'une secte", "transsexuel" ou "homosexuel". ARDOISE a été suspendu en avril
2008, en raison des vives polémiques qu'il suscitait. Enfin le fichier
CRISTINA [3], fichier de la DST a été créé le 27 juin 2008, comme EDVIGE,
mais il n'est même pas publié au journal officiel, car il est classé
secret-défense. Il contient des informations personnelles sur les
personnes fichées et leur entourage et échappe au contrôle de la CNIL. Cette
taxinomie frénétique atteste qu'une sorte de logique prédictive
est à l'oeuvre depuis quelques années, visant non plus à réprimer les actes
réels de délinquance, mais à identifier les futurs auteurs
d'infractions.

*Une logique prédictive et ségrégative*

La loi "Prévention de la Délinquance" de mars 2007 avait été critiquée pour
cette raison, la crainte étant que le croisement des fichiers de
l'éducation nationale ,"base-élèves" notamment [4], avec celui des
prestations familiales, et avec celui des conseils pour les droits
et devoirs des familles, n'entraîne, sous la houlette des maires, une
ségrégation sociale des familles les plus défavorisées.

On assiste ainsi à une extension à toute la vie sociale de mesures de
surveillance policière et pénale, qui s'étirent dans le temps et dans
l'espace : Dans l'espace, la vidéo-surveillance se développe dans les
communes, la cyber surveillance veille sur les ordinateurs et les téléphones

portables, et la biométrie s'affiche sur les passeports, les cartes
d'identité, les cartes de cantine des enfants, transformant chacun d'entre
nous en une personne recherchée...
Dans le temps, la rétention de sûreté (c'est à dire la prison après la fin
de la peine), le bracelet électronique, le fichage pénal s'ajoutant
au casier judiciaire (20 ans pour le fichier des délinquants sexuels)
abolissent les différences entre les détenus et ceux qui, bien qu'ayant
effectué leur peine, sont "sous main de justice" pendant un temps infini ...
Ce qu'on appelait le contrôle social, c'est dire la nécessité de surveiller
les "populations dangereuses" est véritablement en passe de devenir un
contrôle pénal massif, sans contre-pouvoirs, puisque ni l'institution
judiciaire, ni la CNIL, ni le citoyen, ne connaissent, ab initio, les
données entrées dans les fichiers par la police, ou celles conservées par
les opérateurs de télécommunications ou les caméras de surveillance.
Démarche inquiétante et chimère policière, cette logique du soupçon touche
des populations cibles, les étrangers, les mineurs des quartiers,
les gens du voyage, et vise à cerner, non seulement la personne "susceptible
de menacer l'ordre public", mais aussi ses proches, à l'instar du fichier
ELOI qui contient les sans-papiers sous le coup d'un arrêté de reconduite à
la frontière, mais aussi ceux qui les hébergent et ceux qui leur rendent
visite en centre de rétention.
Il s'agit en l'espèce de décourager les manifestations de solidarité à
l'égard des sans-papiers comme celles du Réseau Education sans Frontière, ou
à l'égard des militants anti-OGM , pour les faucheurs volontaires dont on
prélève l'ADN pour FNAEG.

Michel Foucault disait que le fichage, c'est l'arrêt de la pensée, ce qui
est confirmé par quelques techniques contemporaines qui, sous couvert de
l'efficacité policière et du scientisme sans conscience, inquiètent au moins
autant que le fichier Edvige.

*Ficher, c'est arrêter de penser *

Le succès de nombreuses séries télévisées atteste d'une fascination des
média et de l'opinion publique pour les techniques de police scientifique,
quels qu'en soient les présupposés moraux. Les experts, RIS police
scientifique, New-York Police Judiciaire, la Crim', sont entièrement
consacrées à la recherche d'un violeur, d'un assassin, d'un terroriste,
souvent à peau foncée, par l'ADN, par l'analyse de traces biologiques, ou
par les écoutes téléphoniques. Dans ces séries, la présomption d'innocence,
les droits de la défense, le nécessaire contrôle de la police par la
justice, et quelques autres principes fondamentaux, ne sont que des
obstacles au service du mal et de la délinquance, l'alliance de la science
et de la police ne pouvant être qu'au service du bien et de la vérité.

Peu importe les moyens utilisés, la fin les justifie.
Il en est parfois de même dans la réalité : cette année en France, des juges
d'instruction ont ordonné des expertises ethniques, afin de savoir
si tel ADN retrouvé sur le lieu d'une infraction appartenait à un africain,
un européen ou un caucasien. La justice, au nom de la recherche de la
vérité, pratique alors un classement racial [5].

En 2006, les Renseignements Généraux avaient également été accusés par SOS
racisme, à la suite des émeutes de fin 2005 dans les banlieues, de
pratiquer un fichage ethnique des "meneurs" (maghrébins, africains, français
non immigrés), et la commission Mazeaud sur la modification du
droit des étrangers vient de condamner les quotas ethniques en matière
d'immigration proposés par le gouvernement.
On voit bien que la fascination de la technique entraîne facilement les
activités policières sur des pentes dangereuses, celle du classement
ethnique ou racial, s'ils ne sont pas arrêtés par des considérations
éthiques que doit imposer le législateur.
Ainsi la France créa la Carte Nationale d'Identité au 19ème siècle, mais
elle fut rendue obligatoire par un décret pétainiste du 27 octobre 1940,
afin d'y apposer la mention "juif", dès 1942. On voit que les techniques de
fichage policier, en l'espèce le fichier d'anthropométrie judiciaire
de Bertillon, développé dans les années 1880, ne peuvent pas être dissociées
de l'usage politique qu'on en fait.

Au 21ème siècle, la France n'est pas la seule à vouloir combiner le fichage
et le contrôle des populations circulant sur son territoire. Des
pays réputés pour leur libéralisme politique, comme la Hollande ou la Suède
font de même, comme si l'ensemble des sociétés occidentales
devenaient des sociétés de surveillance et de contrôle selon l'expression de
Gilles Deleuze.
La Hollande, toujours champion des innovations techniques et adepte de la
fuite en avant technologique, a la première eu recours aux ondes
"mosquito" destinées à chasser les moins de dix-sept ans des zones où ils
sont indésirables.
La Suède, a adopté le 19 juin 2008 un vaste programme de surveillance
électronique qui permet aux services de sécurité de surveiller le trafic
internet ainsi que tous les mails, appels téléphoniques et SMS. Ce pays si
policé était déjà à l'origine de la création d'un vaste fichier de
police contenant par exemple des informations très personnelles sur les
personnes participant à une manifestation. La Cour Européenne des Droits
de l'Homme a jugé , dans un arrêt du 6 juin 2006, que ces informations
n'étaient pas utiles à la sûreté publique et que ce fichier était
contraire à l'article 8 de la Déclaration Européenne Des Droits de l'Homme,
protégeant la vie privée. [6]

C'est sur cet article que se fondent les recours déposés devant le Conseil
d'Etat par La Ligue des Droits de l'Homme et d'autres
organisations, par Corinne Lepage, Vice-Présidente du MoDem, et Etienne
Tête, Conseiller Régional Vert, aux fins d'annulation du décret de
création du fichier Edvige. En cas d'échec de ce recours, un autre recours
sera possible devant la Cour Européenne des Droits de l'Homme
qui risque bien de condamner la France,comme elle a condamné la Suède.

Mais surtout, prenant conscience de la menace que constituerait un tel
fichier, près de 700 organisations et plus de 90 000 personnes ont signé
l'appel en ligne pour dire « non » au fichier EDVIGE [7].

Cette mobilisation n'est pas vaine puisque d'autres fichiers,comme Ardoise,
base élèves et Eloi ont été retirés ou considérablement
amodiés, sous la pression de l'opinion citoyenne.

*Evelyne Sire-Marin*


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[*] Evelyne Sire-Marin est membre de la LDH et de la Fondation Copernic.

"Fais attention à tes oreilles, elles ont des murs" est un slogan de mai 68

[1] http://www.ladocumentationfrancaise...
ml>


[2] ELOI a été crée par arrêté du 30 juillet 2006 et publié au JO du 18 août
2006. Annulé en 2007 par le Conseil d'Etat, il a été réinstauré par un
décret du 26 décembre 2007 qui met en place une nouvelle version de ce
fichier, identique à la première. Ce décret fait l'objet d'un nouveau
recours en annulation formé par le GISTI, la LDH, la CIMADE ...

[3] Cristina (Centralisation du renseignement intérieur pour la sécurité du
territoire et les intérêts nationaux) fusionne les fichiers actuels de la
DST et des renseignements Généraux.

[4] "base élèves"


[5] Médiapart, 28 mai 2008, « des juges contournent la loi pour utiliser des
tests ADN ethniques ».

[6] L'arrêt du 6 juin 2006 : http://cmiskp.echr.coe.int/tkp197/v...
c-pr-fr&action=html&table=F69A27FD8FB86142BF01C1166DEA398649&key=56823>.


[7] Pour le signer en ligne : http://nonaedvige.ras.eu.org/.




Crockette
 

Message par Crockette » 09 Oct 2008, 08:00

Devant la mobilisation citoyenne pour le retrait du décret Edvige (fichage généralisé
de la population), le gouvernement fait semblant de reculer en retirant les
informations sur l’orientation sexuelle et l’état de santé ainsi que le fichage des
militants politiques, syndicaux et associatifs.
Chassée par la porte, EDVIGE revient par la fenêtre !
En réalité, le texte instaurant EDVIRSP (EDVIGE 2) va bien au-delà du dispositif
antérieur (décret de 1991). Autrefois, on fichait « les personnes qui pouvaient porter
atteinte à la sûreté de l’Etat et à la sécurité publique par le recours ou le soutien actif
apporté à la violence ». Aujourd’hui, on veut ficher les « individus (dès l’âge de 13
ans) dont l’activité individuelle ou collective indique qu’elles peuvent porter atteinte
à la sécurité publique ». La référence à l’action violente disparaît. On passe du
fichage des personnes ayant recours à l’action violente au fichage de toute
personne impliquée dans la vie politique, associative, syndicale, religieuse…
En outre, le nouveau projet de décret ne prévoit aucun progrès sur des points
fondamentaux : délimitation des fonctionnaires de police y ayant accès, droit des
citoyens à la rectification des informations erronées…
Le gouvernement prétend avoir abandonné le fichage sur l’orientation sexuelle et la
santé. Cette reculade n’est qu’une mascarade puisque EDVIGE 2 prévoit de ficher
les origines « raciales », le comportement (donc l’orientation sexuelle), les
déplacements et même l’environnement (c'est-à-dire les amants, les amis comme la
famille)…
Il ne reste que trois semaines avant que la Commission Nationale Informatique et
Libertés (CNIL) rende son avis et le projet ne devienne réalité.
MJS 54, Equinoxe, Trans Aide, Aides,Sud Lycées, MRAP, Bien Nées- LCR, Jeunes Modem54, AFPS54, LDH Nancy,
MAN, NPA, PC, PS, Attac54, FSU54, Syndicat des Avocats de France, Syndicat de la Magistrature, DAL54, Licra,
Amnesty International, UNEF, Alter Egaux, Gauche Altenrative54, Les Francas54, RESF54, CGT54, Les Verts
NON À EDVIGE 2 !
NE PAS JETER SUR LA VOIE PUBLIQUE
Venez nombreux défendre vos libertés !
jeudi 16 octobre à 18h30 Place Stanislas !
signer l’appel pour l’abandon du fichier EDVIGE
sur le site Internet national http://nonaedvige.ras.eu.org
Crockette
 


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