a écrit :Londres-Paris en 12h en Eurostar: un record et une "catastrophe" pour la SNCF
AFP
PARIS (AFP) - Quelque 640 passagers d'un train Eurostar ont mis douze heures, dans la nuit de vendredi à samedi, pour rallier Londres à Paris, à la suite d'une succession d'incidents techniques, ce qui constitue un record et une "catastrophe" pour les chemins de fer français (SNCF).
Partis de Londres vendredi à 20H00 (19H00 GMT), ils devaient arriver à Paris à 23H26 (21H26 GMT). Ils n'ont finalement gagné la capitale française qu'à 09H13 (07H13), au terme d'une nuit de "galère", comme l'a reconnue la directrice Voyages France-Europe de la SNCF, Mireille Faugère.
Douze heures pour un Londres/Paris, alors que la SNCF se targue d'un temps de parcours en Eurostar de 2 heures 15 entre les deux capitales, constitue un record, selon les données de l'AFP.
Le retard le plus conséquent enregistré depuis 2006 remonte au 7 avril dernier où, à la suite d'une combinaison d'incidents (panne de caténaire et alerte au colis suspect), un Paris/Londres avait mis neuf heures pour arriver à destination.
"C'est une catastrophe pour nous", a concédé samedi matin, gare du Nord, point d'arrivée de l'Eurostar, Mme Faugère. "C'est une situation tout à fait inacceptable. Les voyageurs ont vécu une véritable galère", a-t-elle ajouté, expliquant qu'il y avait eu "de la malchance et une série de cafouillages techniques".
Une "enquête technique", dont les résultats seront connus lundi, a été lancée.
L'enchaînement des événements ne permet pas d'expliquer totalement ce retard, au regard des éléments fournis par la SNCF et des témoignages des passagers.
Au départ, l'Eurostar franchit sans problème le tunnel sous la Manche. Mais pendant ce temps-là, dans un autre Eurostar qui effectue la liaison Paris/Londres, un voyant rouge s'allume, interdisant à ce train d'emprunter le tunnel.
La SNCF décide alors de faire un échange de trains à Lille (nord de la France). Les passagers du Londres/Paris montent à bord du train défectueux qui repart sur la capitale française, tandis que ceux du Paris/Londres embarquent dans le premier Eurostar.
Pour les 640 passagers du Londres/Paris, les ennuis commencent: leur train tombe en panne en rase campagne, à 01H00, à 120 km de Paris.
"Dès qu'on est monté dedans, on s'est douté qu'on allait avoir des problèmes, le train roulait très lentement, les lumières vacillaient et d'un coup, on a été plongé dans le noir", raconte l'une des passagères, Michèle Mathieu.
La SNCF envoie alors une autre rame depuis Paris - qui n'arrivera qu'à 04H00 sur place- pour récupérer les voyageurs et remorquer ce train. Mais, nouveau problème: les attaches des deux rames sont défectueuses et imposent au convoi une vitesse réduite, moins de 60 km/heure.
Plusieurs questions restent en suspens: pourquoi avoir choisi de transférer ces voyageurs dans un train présentant des défaillances électriques? Pourquoi la rame envoyée de Paris n'est-elle arrivée que trois heures après la panne?
Arrivés exténués gare du Nord, les 640 compagnons d'infortune étaient partagés entre colère et humour. Agathe Bergeot, étudiante, devait passer un concours à Paris pour entrer dans une école de commerce. "On vient de me confirmer qu'aucun candidat n'est accepté après 08H00, c'est peut-être une année d'étude de foutue en l'air", s'indignait son père, Yves.
John Lafleur, Canadien qui fait souvent le trajet, tentait de garder le sourire. "Une solidarité s'est établie entre les passagers, on a multiplié les plaisanteries du genre 'A nous de vous dégoûter du train' ", raconte-t-il, en référence au slogan de la SNCF "A nous de vous faire préférer le train".
En guise de dédommagement, ces passagers se verront offrir deux aller-retour Londres/Paris.