a écrit :Afrique infos - 31 oct. 2009
BIENTOT LE RETOUR DES EMEUTES DE LA FAIM ?
Parce que les mêmes causes produisent les mêmes effets, de nouvelles émeutes de la faim pourraient se produire dans un an, affirme Lionel Zinsou, le patron -- originaire du Bénin, insiste-t-il -- d'un fonds d'investissement français, PAI Partners.
Son raisonnement est simple. La croissance économique de 2005-2006, qui a provoqué la hausse des cours des denrées alimentaires et provoqué des troubles dans des régions aussi diverses que l'Afrique, l'Asie du sud, l'Amérique du sud et les Caraïbes, est de retour. Ajoutée à la baisse des stocks, elle rend inévitable une nouvelle tension sur les cours.
Le banquier d'affaires s'exprimait au premier jour de laWorld Policy Conference, organisée à Marrakech par l'Institut Français des Relations Internationales (IFRI).
"Le capitalisme financier est en bon état de marche, poursuit Zinsou. Quand il est saisi de spasmes, on le traite. Ce n'est pas vrai du capitalisme des denrées. Avoir triplé le budget du Fonds Monétaire International (FMI) est une excellente idée. Mais l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), elle, reste dénuée de ressources. Des centaines de milliards de dollars ont été dépensés pour régler la crise financière. Mais rien n'a été fait pour juguler une crise alimentaire, qui affecte pourtant la vie de plusieurs millions de gens."
Le point de vue de Lionel Zinsou rejoint le point de vue de beaucoup d'observateurs économiques parmi ceux qui voient plus loin que le bout de leurs chaussures. "On est arrivé à sauver les pays industrialisés de la catastrophe financière (ouf on a eu chaud !), mais arrivera-t-on à éteindre à temps la mèche qui menace d'embraser les pays du Sud ?" Tel est le sujet d'inquiétude qui semble actuellement parcourir les couloirs des organismes internationaux.
Pour en revenir à l'actualité, les prix du riz, du sucre, de l'huile et d'autres denrées essentielles ont fortement augmenté ces dernières semaines et commencent à toucher les économies les plus faibles d'Afrique et d'Asie du Sud. Facteur aggravant: pour maintenir l'économie à niveau, on a puisé dans les stocks... Encore une chance que le dollar (la valeur d'echange internationale) soit au plus bas !
Pour citer un exemple, et sans aller le chercher très loin, prenons celui de la Côte d'Ivoire, où les tensions politiques se font de plus en plus sentir dans la perspective des prochaines élections.
Deux mille coopératives de cacao sont en grêve depuis une quinzaine de jours à l'appel d'un syndicat qui tente de bloquer les livraisons dans les ports. Les prix déjà élevés en raison des mauvaises récoltes pourraient se mettre à flamber si les problèmes d'approvisionnement persistaient. Qu'un morceau de la chaine de distribution se grippe, et les répercussions se reportent sur l'ensemble des marchés.